Les journalistes, qui veulent mettre fin aux réunions d’urgence pour défendre un confrère, tournent résolument vers la synergie et l’unité de leurs actions pour se défendre correctement et faire face aux multiples attaques dont ils sont victimes ces derniers temps. En plus de la marche d’aujourd’hui et de l’édito commun, d’autres actes comme une journée sans presse sont prévus dans les jours à venir.
Après l’érosion du lien social et confraternel d’une corporation aujourd’hui à l’épreuve, la presse se montre désormais plus unie et souder pour faire face au réveil brutal du «Monstre». Elle a donc compris que «c’est dans l’unité» que la lutte, pour un libre exercice de leur profession, pourra prospérer et prétendre jouir pleinement de leur liberté et indépendance. Les lenteurs constatées dans les réactions et l’absence de coordination des différentes activités après les agressions de Kambel Dieng et Kara Thioune illustrent parfaitement cette vérité fâcheuse. N’est-ce pas Yaxam Mbaye ? «Je suis parfaitement d’accord avec vous. Le plus grand danger qui guette la presse est la désunion. Nous sommes restés cinq jours avant de réagir. Il nous faut impérativement s’unir pour faire face à toutes les formes d’agressions, parce qu’on ne peut pas tout le temps attendre qu’un journaliste soit embastillé pour réagir. C’est inadmissible», s’écœure le directeur de publication du journal Le Populaire.
C’est ainsi que, au-delà de la mise en pied du Comité de défense et de protection des journalistes, plusieurs actes seront posés par l’ensemble des acteurs de la presse pour pouvoir faire face aux attaques et aux tentatives de discrédit «inspirées et cautionnées par le chef de l’Etat». La marche d’aujourd’hui va constituer le premier jalon d’une lutte que les journalistes espèrent comme l’ultime ponctuation des multiples diabolisations et attaques non justifiées dont ils sont victimes ces derniers temps. La procession va donc s’ouvrir «à tous les citoyens épris de paix et soucieux de défendre et de préserver la liberté de presse menacée». Des pas sur l’asphalte dakarois pour surtout rappeler l’importance d’une presse libre et indépendante dans la consolidation de la démocratie sénégalaise présentement dans de sombres nuages.
Aujourd’hui, les lecteurs des différents journaux et les auditeurs de toutes les radios vont signer un même éditorial pour s’offusquer contre le réveil du «Monstre» longtemps replié dans son terrier. L’Association nationale de la presse sportive du Sénégal (Anps), famille naturelle de Kambel Dieng et de Kara Thioune, va arborer des brassards rouges dans les différents stades du pays à l’occasion du démarrage du Championnat national de football, ce week-end. Les reporters sportifs vont boycotter les réactions d’après match pour davantage afficher leur «indignation et compatir aux sorts de leurs confrères torturés par la Police».
Dans ce combat, les journalistes sont apparemment prêts allés très loin pour se «faire entendre et se respecter». L’ultime arme de protestation sera une Journée sans presse qui est en gestation et en discussions au sein du Comité pour la défense et la protection des journalistes. «C’est une solution envisagée. Les journaux ou les hebdomadaires ne vont pas sortir, les radios seront aphones et les télévisions ne vont pas émettre. Nous sommes en train de peaufiner tout ça et les discussions vont se poursuivre pour trouver la bonne formule et le bon jour pour surtout prendre en charge toutes les publications», informe Yaxam Mbaye le porte-parole du Comité.
L’affaire Kambel Dieng et Kara Thioune risque d’être un véritable déclic pour l’unité des professionnels de l’information et de la communication.
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