Le rapport de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, qui vient d’être rendu public, déplore les nombreuses affaires concernant des journalistes et autres personnes des médias, traînées devant la Dic, qui ne connaissent pas de suites judiciaires.
«Les convocations intempestives à la Division des investigations criminelles (Dic) sans suites judiciaires restent trop souvent de mise à l’encontre des journalistes et autres personnes des médias, critiques à l’égard du pouvoir, notamment lorsqu’ils dénoncent les violations des droits de l’Homme.» C’est le constat fait dans le Rapport 2010 de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (Obs) au Sénégal. Le document est revenu sur la convocation de Mody Niang, auteur de plusieurs ouvrages critiques sur le Président et connu pour ses chroniques virulentes à l’encontre du pouvoir, suite à une plainte de l’homme d’affaires Cheikh Amar pour «diffamation et diffusion de fausses nouvelles». Au cours d’un point de presse, indique le Rapport, «Mody Niang avait fait état des faveurs de l’Etat dont l’homme d’affaires aurait bénéficié pour la construction de villas présidentielles». L’affaire a été finalement classée sans suite après que le plaignant a retiré sa plainte le 18 septembre 2009. Dans ce lot, figure également le saccage des locaux du groupe Walfadjri le 25 septembre 2009 par des disciples du chef spirituel Serigne Modou Kara Mbacké. Son jeune frère Mame Thierno Mbacké, accusé d’être le commanditaire de ces actes, a été entendu par la Dic. Depuis, note l’Observatoire, «il n’y a aucun progrès dans l’enquête».
Même si le rapport concède que le président de la République a relancé les consultations sur la dépénalisation des délits de presse et qu’un nouveau Code de la presse devrait être mis en place pour remplacer celui datant de 1996, il souligne que ces efforts «n’ont, cependant, pas empêché de nouvelles condamnations de journalistes et suspensions de journaux». En fin d’année, rappelle l’Observatoire, la chaîne de télévision Tfm s’est vue refuser l’attribution d’une fréquence par les autorités compétentes, alors que, indique-t-il, «toutes les conditions administratives avaient été remplies», démontrant, selon lui, «à quel point le gouvernement est hostile à la presse privée, notamment la presse indépendante du pouvoir».
Un autre point mentionné par le rapport concerne la récurrence de la torture, une pratique structurelle qui, selon lui, est notée dans les commissariats de police et brigades de gendarmerie pendant les phases de garde à vue. De même, l’Observatoire a relevé «l’impunité qui continue d’entourer les violations de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants»
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