Djibril Ndiaye, l’ex-gérant du Groupe de presse Futurs médias, Momar War Seck et El hadji Rawane Fall ont fait face, hier, au juge du Tribunal de Grande correctionnelle de Dakar. Seuls, les deux anciens greffiers, Mamadou Diop, actuel gérant du Groupe Futurs médias, et Yabal Guèye Dieng ont manqué à l’appel. Le procès est fixé au 16 avril prochain. Les prévenus vont répondre des délits de corruption, tentative d’escroquerie et association de malfaiteurs.
On avait fini par oublier le dossier de la corruption dans la magistrature qui avait tant défrayé la chronique. Mais, voilà que le Parquet sort de ses tiroirs ladite affaire pour la ressusciter, alors que d’aucuns le pensaient mort de sa belle mort. En effet, après plusieurs renvois, c’est hier seulement que le Tribunal de Grande correctionnelle de Dakar a appelé l’affaire à la barre pour finalement la renvoyer jusqu’au 16 avril prochain à la demande de Me Papa Leïty Ndiaye, absent. Mais, le juge, tout en accédant à cette requête, a décidé que le dossier va être plaidé lors d’une audience spéciale. Les prévenus, Djibril Ndiaye, Momar War Seck, El hadji Rawane Fall, ont répondu présents devant la barre, en l’absence de leurs co-prévenus, l’ancien greffier du Tribunal régional de Dakar, Yabal Dieng, et de Me Mamadou Diop, également greffier.
Les prévenus sont poursuivis des délits de «corruption» pour Djibril Ndiaye, administrateur du Groupe Futurs médias au moment des faits, et Momar War Seck, du délit de «complicité» pour Mamadou Diop. Ce dernier est aussi poursuivi pour «tentative d’escroquerie» au même titre que Yabal Guèye Dieng.
Mais, les poursuites judiciaires sont plus corsées pour Djibril Ndiaye. Car, outre le délit de «corruption», il doit répondre du chef d’inculpation d’«association de malfaiteurs» en compagnie de Mamadou Diop, Momar War Seck et El Hadji Rawane Fall.
Les prévenus risquent de ne pas être seuls devant le Tribunal pour répondre des accusations de corruption de magistrats, qui pèsent sur eux. L’un des avocats de Djibril Ndiaye, Me Badji, a demandé au Parquet de faire citer à comparaître la magistrate à la retraite Aminata Mbaye, celle par qui le scandale pour corruption a éclaté, comme témoin. Si une telle requête est acceptée, Aminata Mbaye -dont on dit qu’elle se trouve actuellement à Lomé avec son mari, qui travaille dans un organisme international- doit alors interrompre son séjour pour venir comparaître.
Pour rappel, Momar War Seck, avait porté plainte contre Mohamed Guèye pour le délit d’escroquerie sur la somme de 130 millions de francs Cfa. Une médiation pénale va être initiée sous l’égide du Premier substitut du procureur, Ibrahima Bakhoum. Momar War Seck, s’est porté garant, lors de ladite médiation pénale, de désintéresser la partie civile en procédant à la vente d’une de ses maisons. Cette opération est alors confiée à la notaire Me Aissatou Guèye Diagne, qui va se conformer à la procédure -même si, par ailleurs, elle a été accusée d’avoir acheté ladite maison pour sa nièce, âgée à peine de 12 ans, à un prix en dessous de sa valeur immobilière réelle. La vente ne va pas, pour autant, apaiser la tension. Car, les deux parties ne se sont pas finalement entendues, du fait du non-respect des termes de l’accord. L’affaire va alors être enrôlée devant la Première Chambre présidée par Malick Lamotte.
Seulement, c’est entre la date des plaidoiries et le délibéré que le dossier va prendre sa tournure dramatique sous les habits de corruption et de tentative de corruption à magistrat.
En effet, c’est dans cet intervalle que le Substitut du procureur, Bamba Niang, «aurait été contacté par la magistrate Aminata Mbaye» qui «aurait reçu la somme de 15 millions de francs Cfa, de la part de Momar War Seck pour la remettre au juge Malick Lamotte». L’objectif visé par un tel geste est de «faire intercéder le juge Lamotte en faveur de Momar War Seck contre Mohamed Guèye». Mais, c’était sans compter avec le juge Malick Lamotte qui, mis au courant, a porté l’affaire devant ses supérieurs qui ont ouvert une enquête.
Ladite enquête est confiée à l’Inspection générale des affaires judiciaires (Igaj), présidée à l’époque par Mandiogou Ndiaye, l’actuel Procureur général près la Cour d’Appel de Dakar. A l’issue de cette enquête, le rapport avait été transmis aux autorités du ministère de la Justice, qui vont le délivrer au Parquet. Au terme de cette procédure, le Parquet s’en référera au Cabinet du Doyen des juges pour l’ouverture d’une information judiciaire. Les investigations menées par le Doyen des juges vont conclure à un mandat de dépôt délivré aux prévenus pour «faits de corruption active et de complicité».
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