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Coumba Gawlo, auteur-compositeur : ‘Wade a trop d'idées’

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Coumba Gawlo, auteur-compositeur : ‘Wade a trop d'idées’
Son engagement aux côtés du président Wade ne date pas d'aujourd'hui. Et Coumba Gawlo Seck ne rate jamais une occasion de le revendiquer. Dans cet entretien, à bâtons rompus, l'interprète de Dieuredieuf, du nom de son nouvel album, ne cache guère son admiration pour le pape du Sopi. ‘Le président Wade, souligne-t-elle, est un homme d'une grande générosité. Il a beaucoup d'idées. Dès fois, je me dis, qu'il en a trop ...’. Aussi, Coumba Gawlo aborde entre autres points l'engagement politique des artistes, la question de la pression fiscale, la célébration de l'Année Senghor.
Engagement politique

‘Si aux yeux des gens nous ne sommes pas suffisamment engagés en tant qu'artistes, ce n'est pas par peur. Mais, c'est parce que nous avons beaucoup de gens derrière, qui ne sont pas psychologiquement avancés dans ce domaine. Aux Etats-Unis ou ailleurs, la démocratie est telle que, chacun peut brandir sa pancarte pour afficher son appartenance politique et demain, continuer à s'afficher à la Télévision sans que ses fans se mettent à lui jeter des pierres. J'ai entendu, il y a quelques jours, une personne sur une radio de la place parler d'un artiste sénégalais, en disant que son engagement ne concerne personne. Cela veut dire que les gens ne sont pas assez prêts. Il faut comprendre que l'artiste avant tout a des droits, des pensées et des visions. Il a le plein droit de montrer son engagement. Si un fan n'a pas les mêmes visions politiques, il peut suivre ses visions tout en restant avec l'artiste. Parce qu'avant tout, c'est pour l'art qu'il aime l'artiste. Mon engagement politique, je le démontre tous les jours à travers les messages que je véhicule sur le Sida, la pauvreté etc. Aussi, chaque fois qu'il y a des thèmes politiques qui me concernent, en tant qu'ambassadeur et personnage public de mon pays, je donne mon avis. Mais, j'évite de donner mon avis dans l'enthousiasme. Je ne juge pas la mentalité des gens. Je ne dis pas, non plus, que je suis apolitique. La politique de mon pays m'intéresse et me concerne parce que je suis citoyenne de ce pays. Je suis née au Sénégal, je vis et investis dans ce pays, je paye mes droits et mes impôts comme tout le monde. Tout ce qui se passe dans ce pays doit naturellement et forcément m'intéresser. Le jour où, il y aura le feu dans ce pays, je vais être dans la galère comme tout le monde.’

L'exemple de Nder

‘L'artiste n'a que son art. Nous sommes dans un pays de démocratie. Démocratie signifie développement certes, mais ne nous sommes pas encore avancés. On n'est pas au même niveau que les Etats-Unis. Vous avez vu pour la guerre en Irak, combien d'artistes se sont soulevés pour manifester leur mécontement. Et lors des élections américaines, entre Georges Bush et John Kerry, ils ont donné leur consigne de vote. Si aujourd'hui, Alioune Mbaye Nder se lève pour dire que telle personne est mon candidat, je respecte sa position. J'ai de l'admiration et de l'estime pour lui. On l'écoutera parce que c'est un citoyen qui a des droits comme tout le monde. Il a le droit d'afficher ce qu'il veut ou pense. Cela n'engage que lui. Il est libre. Il serait bien qu'on avance à un certain niveau de démocratie où chacun a le droit de dire ce qu'il pense tout en restant dans les normes. Tant que ce n'est pas hors la loi, je pense que c'est la démocratie qui le veut ainsi. Chacun peut s'engager là où il veut, comme il peut, selon sa volonté.’

Relations avec le président Wade

‘Tout le monde sait que le président Wade, avant d'être président, c'est mon ami, mon père. Je l'adore. C'est un homme que je respecte beaucoup pour plusieurs raisons. Je l'ai côtoyé pendant les moments difficiles, quand certaines personnes le fuyaient. Je me rappelle, à l'époque où il était dans l'opposition, je le fréquentais tous les dimanches. On discutait très souvent. C'est quelqu'un qui m'a toujours considérée comme sa fille. Je lui dois jusqu'à présent le respect et l'admiration que j'ai toujours eus pour lui. La preuve, chaque fois qu'il me voit ou me reçoit au palais, il me dit toujours que je suis sa fille. Il m'appelle devant tout le monde ‘ma fille’. J'avoue que c'est un honneur qu'il m'appelle ainsi. ‘Le président Wade, c'est un homme d'une grande générosité et d'une grande disponibilité. Il a beaucoup d'idées. Dès fois, je me dis, qu'il en a trop parce que c'est un homme intelligent. A chaque fois qu'il se rend aux Etats-Unis et qu'il voit les tapis roulants, par exemple, il veut qu'on les amène au Sénégal. Je sais là où il veut emmener le pays parce que c'est quelqu'un d'une grande spontanéité. Si je dois faire quoi que ce soit pour le soutenir, je le ferai. Mais, j'ai un lourd fardeau parce qu'il se trouve que j'ai des amis partout. Et ce n'est pas parce que je vais souvent chez Wade, qu'il me considère comme sa fille, que je ne vais pas saluer les autres acteurs politiques. Les gens me respectent beaucoup. Que cela soit Ousmane Tanor Dieng, à qui j'ai eu à faire une dédicace et qui s'était déplacé avec feu Babacar Mbaye à l'époque. C'est quelque chose qui m'a touché énormément. J'ai beaucoup d'amis dans cet univers politique, c'est peut-être une chance que je possède.’

L'âge de Wade

‘Ce n'est pas une question d'âge. Le président Wade est un homme qui, malgré son âge assez avancé, reste très dynamique. Je le vois souvent travailler jusqu'à des heures extraordinaires où les gens qui l'entourent se disent même qu'il va tous les tuer à ce rythme. L'intelligence n'a pas d'âge. L'envie de faire des choses n'a pas d'âge. Tant qu'on peut toujours donner les idées, rêver, et que l'âge n'a pas agi sur le cerveau, il n'y a pas de problèmes. Je ne pense pas que cela soit son cas. C'est un homme qui a beaucoup d'idées et d'ambitions pour gérer le Sénégal. Il est vrai que les questions sur l'âge sont souvent évoquées en Afrique mais je vous dis que le président Wade vous impressionne, lorsque vous êtes avec lui. Pour le reste, je ne sais pas trop. Parce que je ne suis pas dans son quotidien. Je ne fais pas aussi partie de ses ministres qui le côtoient tous les jours.’

Rapport avec Sindiély

‘Sindiély, j'ai eu à la rencontrer quand son père était dans l'opposition. C'est une femme de cœur. Elle est assez effacée, humble. C'est bien d'avoir une fille comme elle, assez diplomate à côté de son père pour régler certains problèmes.’

Bilan de l'alternance

‘C'est un bilan positif. Il y a beaucoup de choses qui sont bonnes. Mais, il y en a aussi beaucoup d'autres qui sont négatives. Il faut encore l'étudier et l'améliorer pour donner satisfaction aux populations. Quand je regarde le pays, je vois parfois ces jeunes qui ne sont pas contents parce qu'on les a expulsés. Ils reviennent au bercail et déversent leur colère sur l'Etat. Ce sont, peut-être là, les aspects assez négatifs de la gestion du pays. Et à ce niveau, chacun est responsable. Parce que quand on voyage, il faut avoir aussi les papiers qu'il faut. Il ne faut pas prendre des risques et revenir rejeter la responsabilité à n'importe qui, pour dire que c'est de sa faute. Si ces jeunes avaient du boulot, ils ne seraient pas partis. Je pense que dans les années à venir, on risque de se retrouver avec un pays où il n'y aura que des émigrés. Les jeunes ne veulent même plus aller à l'école pour étudier. Pour eux, étudier c'est perdre du temps. On risque de ne plus avoir d'intellectuels dans nos pays parce que tout le monde veut partir. Il faut que des gens responsables encouragent les élèves dans les études pour avoir de bons cadres à l'avenir. Ce problème de l'émigration me touche énormément. Mais je ne suis pas là pour jeter la pierre aux gens, encore moins les juger dans un sens politique.’

Délestages et pénuries de gaz

‘En tant que citoyenne, je sais qu'il y avait des délestages bien avant l'alternance. Je me rappelle bien, il y a une année avant l'alternance où c'était vraiment le chaos total. Et on était en pleine période électorale. C'était infernal. Jusqu'à présent, nous avons ces problèmes de délestages. Cela veut dire qu'il y a un problème quelque part. Ce problème existe depuis l'indépendance. Il faut réfléchir et trouver les moyens de les résoudre. ‘Je ne sais pas vraiment ce qui est derrière les pénuries de gaz. Cela est dû peut-être au problème de stock qu'il faut résoudre de sorte à aider les populations en général, et toutes ces ménagères qui souffrent de cette situation.’

Ndella Diouf, femme politique

‘Le Sénégal commence à être un pays vraiment démocratique parce que maintenant les gens expriment tout ce qu'ils pensent. Ndella Madior Diouf est une amie mais elle ne m'a pas concertée avant d'entrer dans le monde politique. J'avoue que c'est son droit. Je l'encourage, si c'est son choix. Il faut bien que les femmes s'expriment. C'est une bonne chose. Si elle se sent capable de pouvoir occuper un poste de responsabilité aussi important, cela montre qu'elle s'est préparée. Je crois aux femmes et peut-être dans dix ans, ce serait un bonne chose de voir une femme comme président de la République. Au Sénégal, les femmes sont brillantes. Je vois de brillantes avocates, des femmes comme Penda Mbow, Aminata Tall etc. Des femmes pour qui j'ai beaucoup de respect.’

Scandales financiers

‘Je ne peux pas me prononcer sur des scandales financiers dont j'ignore complètement le dossier. Je ne suis pas dans la politique, ni dans le gouvernement. On ne m'a pas présenté un rapport détaillé qui me donne les informations sur tout ce qui s'est passé pouvant me permettre de me prononcer. Je suis comme tous ces Sénégalais qui entendent parler d'argent en écoutant la radio ou en lisant les journaux sans pour autant savoir réellement ce qu'il en est. Je n'ai pas d'arguments valables pour émettre un jugement.’

Célébration de l'Année Senghor

‘L'année Senghor aurait pu être mieux fêtée. C'est vrai qu'il y a eu une vaste campagne de communication et d'affichage sur l'Année Senghor mais il faut savoir que nous ne sommes pas dans un pays de lecteurs. Les gens veulent plus écouter la radio et regarder la télévision. Dans la célébration de ce centenaire, on devait peut-être organiser des festivités avec de grands concerts qui verraient la participation en plus des artistes locaux, d'autres artistes de renom. Mais il faut apprécier à sa juste valeur les efforts qui ont été faits par les différents comités d'organisation pour fêter l'Année Senghor. A mon avis, Senghor qu'on le fête ou pas, il s'est fêté lui-même. Il a fait un travail remarquable comme une pierre qui a été posée quelque part. Senghor, c'est notre fierté.’

La fiscalité

‘C'est très difficile en Afrique et surtout au Sénégal. De plus en plus, nous avons des artistes et des chanteurs. Parmi les chanteurs, malheureusement très peu on eu la chance d'être à l'école et d'être bien encadrés parce qu'il n'y a pas d'école de management dans ce domaine. Ce qui fait qu'il y a toujours eu des problèmes. Certes, les artistes doivent payer les impôts, les redevances, des taxes, j'aurai souhaité qu'on identifie des artistes qui payent et ceux qui ne payent pas. Ce qui se passe, c'est que de nombreux artistes ne savent pas qu'ils doivent payer des impôts, qu'ils doivent faire des déclarations de leurs créations. Il faut trouver des moyens de les encadrer, leur donner des conseils et les aider à savoir ce qui les attend. ‘L'autre problème, c'est que les artistes ne gagnent même pas autant que les gens pensent. Il y a combien de salles de spectacles au Sénégal ? Il n'y a même plus de promoteurs de disques, aujourd'hui. Les artistes qui s'en sortent en général sont ceux qui s'autoproduisent. C'est un problème qu'il faut voir à la base et qui mérite de réunir les acteurs culturels, ceux de la fiscalité, du Bsda, afin d'en discuter et de revoir les normes. C'est une question très complexe.’

Expérience dans les boîtes de nuit

‘Avec l'expérience du Jessy, c'est un investissement que j'ai eu à faire et qui n'a pas marché. Je suis très contente que cela n'ait pas marché parce qu'elle m'a réveillée. J'ai verrouillé les portes et je me suis mieux organisée. Si cela avait marché, je serais toujours restée dans les nuages. Aujourd'hui, j'ai Sophie qui fait partie des mes collaboratrices. Et, avec Ndèye Fatou, elle s'occupe de la promotion dans les boîtes de nuit. C'est ce qu'on appelle ailleurs la promotion club. A ce niveau, les normes changent un peu. Parce qu'en Europe, la ‘chanson club’ est toujours changée, remixée par un Dj de la boîte de nuit. (...) L'autre aspect aussi pour parler de ce travail de club pur et dur, est lié à son volet orchestral. Parce que lorsqu'on joue avec un orchestre et qu'on vienne chanter en boîte de nuit, cela nous permet d'avoir un autre public. C'est important. Aujourd'hui, j'avoue qu'on travaille plus sur ce volet pour présenter l'album soit en club, soit dans les stades avec notamment la tournée Déwénati Tour, qu'on vient de boucler. Et, le nouveau concept Déwénati Show, prévu le 3 février au stade Alassane Djigo, va permettre de boucler la tournée.’

Projet de l'école de Tivaouane

‘Le projet se porte bien. Nous avons réussi à obtenir les moyens qu'on voulait pour la reconstruction de l'école de Tivaouane. Dans les mois à venir, le chantier sera à pied d'œuvre.’

Nouveau look

‘Etant artiste, j'ai aussi des vibrations, des sentiments et j'ai envie de faire certaines choses. Ce qui m'amène souvent à changer, c'est que je veux me retrouver dans la peau de plusieurs personnages. Sur un autre aspect, quand j'ai adopté le look de le crâne rasé, j'ai voulu rester très africaine. J'aime bien rester noire, naturelle et vraie. Si mon public y avait adhéré à cent pour cent, j'aurais pu continuer. Mais il était partagé. Ce sont des choses qui arrivent. Mais l'essentiel c'est de dire que je suis là pour mon public. Je dois leur apporter du plaisir.

’ Goûts musicaux

‘J'aime bien écouter tout le monde. J'aime beaucoup les grands artistes comme Miriam Makéba qui est ma marraine, Michael Jackson... Maintenant je suis beaucoup les grandes artistes de chez nous. C'est vrai qu'en écoutant ces différentes musiques du Mali, de la Guinée et d'ailleurs et aussi ces grandes voix de la musique française, cela me donne de l'inspiration. Je me plais dans la musique de chez nous, qui est le Mbalax. Et par rapport au marché international et à une certaine ouverture d'esprit, je cherche à chanter dans d'autres langues.’

L'album Gawlo et Diégo sans Souleymane Faye

C'est un peu la logique dans tous les projets de duo. Quand c'est des duos qui concernent deux artistes leaders, chacun a son groupe, ce qui fait qu'il n'est jamais évident de pouvoir mobiliser l'autre après l'étape de promotion, de présentation et de concerts de l'album. C'est toujours difficile, après plusieurs années, de faire venir l'autre à moins que cela soit dans le cadre d'un nouveau concept, d'une nouvelle présentation. C'est pour cette raison que je chante seule la chanson ou avec un autre garçon qui fait des chœurs dans le groupe. Ce n'est pas que j'ai des problèmes avec Souleymane Faye. Mais ce sont les lois de tous les projets de duo. Par ailleurs, Souleymane Faye a son groupe ; il ne peut pas quand on a besoin de lui, venir tout le temps.

Possibilité de réédition d'un tel duo

Oui, pourquoi pas. Il faut comprendre que c'est un projet qui a eu sa vie, qui a existé et connu son succès. Peut-être, s'il y a à faire autre chose, ce sera peut-être un nouveau projet mais pas ce projet en temps que tel. Parce qu'il a déjà vécu. Peut-être le revivre dans le cadre d'un grand événement où plusieurs artistes seront invités. Par rapport aux normes du show-biz, nous pourrons le refaire. Je suis ouverte à cela.

Rapports avec Alphadi

D'abord ce qu'il faut préciser, c'est que j'ai été à Niamey dans le cadre de notre projet ‘Sabar-développement-villes et loisirs’, que nous organisons chaque année pour sensibiliser sur la lutte contre la pauvreté, l'amélioration des conditions de vie de l'enfant, sur le Sida et tant d'autres problèmes. Niamey faisait partie des villes ciblées. Vu qu'Alphadi est, d'abord, un ami, quelqu'un que je respecte beaucoup pour son talent, son génie créatif, je ne pouvais pas aller dans son pays sans lui rendre cet hommage, lui qui vient souvent au Sénégal. Mais aussi, parce que je ne pouvais pas manquer de l'associer à un tel événement. J'ai été très honorée de sa collaboration et par son déplacement pour venir me soutenir dans le cadre de ce projet.

Bilan de la tournée africaine

C'est un bilan assez positif quand on sait que ce n'est jamais évident d'organiser des événements dans son propre pays sans sponsor ou même avec sponsor parce que les infrastructures ne sont pas réunies. C'est toujours difficile. Maintenant, quand on a le challenge d'aller dans un autre pays, pour l'organiser c'est toujours très difficile. Mais au sortir de cette tournée, j'ai été très contente si l'on sait que les gens se sont mobilisés comme on l'attendait. Tout le système des Nations-Unies nous a beaucoup soutenus. Les partenaires aussi se sont mobilisés autour de nous parce qu'ils croient à ce projet. Donc, c'est un bilan assez positif parce que tout le monde à répondu favorablement. Je suis très contente d'avoir pu travailler sur une idée avec mon équipe et d'avoir pu l'amener au-delà du Sénégal et qu'elle ait connu le succès que tout le monde a constaté. Cette année aussi nous y travaillons pour porter encore ce projet dans beaucoup plus de pays.

Extension de la tournée à l'Afrique et à l'Europe

Les trois premières années, c'était un concept qui s'est limité au Sénégal. L'année dernière, nous avons eu le challenge de l'amener à un niveau sous-régional dans des pays comme le Burkina Faso, le Niger et le Mali. Et cette année, nous avons le gros challenge de l'emmener dans ces pays certes, mais dans d'autres pays d'Afrique comme l'Ethiopie on y travaille déjà avec nos partenaires. Ce qu'il faut savoir, c'est que c'est un projet qui coûte excessivement cher. Parce que nous draînons au minimum vingt personnes ou plus dans ce projet (journalistes, organisateurs, l'équipe technique, les régisseurs et les musiciens qui m'accompagnent). Rien que le déplacement, l'hébergement, les billets d'avion, etc coûtent excessivement cher. Et le travail avant, pendant et après le projet coûte cher. Ce qui fait que si l'on a pas le concours des sponsors ou des partenaires, on n'arrivera jamais à faire un tel projet. C'est ce qui nous amène à y travailler en début d'année ou même parfois avant l'année à venir pour pouvoir réunir suffisamment de fonds. Mais il y a d'autres problèmes techniques. Car il y a des endroits où il faut que l'on s'assure de la sécurité ou même de la faisabilité technique du projet.

Sentiment de régression

Non, ce n'est pas une question de régression ou de quoi que ce soit. Ce qui se passe, c'est que c'est un concept qui est né de l'Afrique en général, du Sénégal en particulier. Un nouveau concept que nous avons nous-mêmes créé. Il n'y a aucune implication des maisons de disques. Nous le réalisons grâce au partenariat. Je pense c'est parce que, au contraire, je progresse qu'il y a beaucoup de relations publiques, de personnes qui croient en moi, en ce que je fais en soutenant ce projet. Seulement, ce qui se passe, c'est que organiser dans un pays externe déjà en Afrique, c'est toujours difficile, en Europe c'est beaucoup plus difficile encore. Car ce ne sont pas les mêmes réalités, les mêmes normes, les mêmes lois. Les Européens sont plus rigoureux sur certaines choses.

Lutte contre la pauvreté

Je pense qu'il faut combattre le mal à la racine. Mais le combattre à ce niveau suppose aussi sensibiliser, parler avec les gens. Moi, j'ai l'habitude de dire que pour nous les adultes, il y a plein de choses que l'on ne peut plus faire parce qu'une plante, il faut l'arroser pour qu'elle devienne un arbre demain. Pour dire que c'est au niveau des enfants qui sont à l'école qu'il faut aller communiquer et dialoguer avec eux, partager des thèmes assez importants et forts qui nous intéressent et nous interpellent. C'est pour ces raisons que nous avons conçu le projet pour en parler un peu partout et j'avoue que partout où nous sommes passés le message est bien passé. Mais j'étais très satisfaite surtout de l'étape de Ségou au Mali qui a connu du succès. Là, les jeunes, après l'événement, ont pris l'engagement de prendre en compte davantage le Sida, comprendre que cette maladie existe, connaître mieux les problèmes de la pauvreté, de l'excision parce que ces contrées sont très enclavées. Je pense que c'était le but recherché de notre projet. Mais il ne s'agit pas de le commencer pour arrêter. Il s'agit, à la longue, d'arriver à un résultat.

Implication des dirigeants

Si l'on s'adresse au système des Nations-Unies avec tous les représentants avec qui l'on a des relations de travail, à savoir le Pnud, l'Oms, l'OnuSida, l'Onudc, Plan international, c'est qu'on implique des responsables. Nous associons aussi au projet les ministères dans tous les pays où nous sommes allés dans le domaine concerné. A savoir le ministère de la Culture, de la Jeunesse, de l'Education, de l'Action sociale. Ce qui nous amène à travailler avec les autorités locales et à véhiculer des messages à l'endroit des populations selon les thèmes que chaque département veut transmettre.

Danses obscènes

Chaque artiste a sa façon de voir les choses, a sa vision de l'art, du développement de sa carrière. Personnellement, je pense que l'art n'a pas de frontières, chacun à ses sensibilités. Moi, pour ma part, je pense qu'il est toujours important que lorsque l'on est artiste et que l'on a la chance de pouvoir communiquer, drainer les foules, d'avoir la chance d'être écouté et de véhiculer des discours, des messages assez forts à l'endroit des populations et qu'elles le percoivent, il est important de véhiculer de bons messages, et aussi une image assez forte et positive. Mais il faut savoir qu'au-delà de cet aspect positif de la chose, la danse fait partie de notre culture. Chacun a, certes, sa manière de danser. Mais, je pense que ce qu'il faut noter, c'est qu'il est important pour nous les artistes, à commencer par moi, d'avoir une certaine image par rapport aux populations, aux jeunes qui croient en nous et qui copient sur nous par moments et aux parents aussi qui nous font confiance et nous admirent parce que, tout simplement, leurs enfants nous aiment.

Coumba Gawlo, ambassadeur du Pnud

En tant qu'ambassadeur du Pnud pour la lutte contre la pauvreté, j'ai pour mission de véhiculer à chaque fois des messages à l'endroit des populations sur les Omd (Objectifs du millénaire pour le développement, Ndlr), notamment l'éducation, l'inscription massive des filles à l'école, etc. Parce que, plus on les inscrit, plus on réduit le taux de pauvreté et d'analphabétisme. Ce qui nous amène demain à avoir des femmes intelligentes, intellectuelles qui travaillent, qui ont leur autonomie et leur indépendance. Surtout, il ne s'agit pas seulement de les inscrire à l'école mais de veiller à leur maintien à l'école et à leur suivi pour leur permettre d'avoir le niveau qu'il faut. Véhiculer des messages sur le Sida fait, aussi, partie de mes missions. Car, lorsqu'il y a maladie il y a forcement pauvreté, parce que les gens dépenseront ce qu'ils doivent manger pour se soigner. Ce qui va les enfoncer dans la pauvreté. Je dois, également, véhiculer des messages aussi sur la drogue en partenariat avec l'Onudc avec qui je travaille pour lancer des messages aussi au jeunes en leur disant que ce n'est pas parce que l'on fume un joint, ou que l'on se drogue que l'on est le plus intelligent, au contraire, cela nous détruit. Moi, personnellement, je suis artiste mais je n'en ai pas besoin pour être inspirée. Je pense que ce sont des messages forts mais au-delà du fait que c'est ma mission, mon rôle d'ambassadeur, j'avoue que c'est quelque chose que j'aime. Parce que je pense que la musique est un excellent vecteur de communication et que l'on doit s'en servir pour véhiculer des messages. Les tournées restent dans le cadre de mon évolution artistique parce que je ne pars pas véhiculer des messages en tant qu'ambassadeur au vrai sens du mot. C'est en restant l'artiste que je suis que les Nations Unies ont besoin de moi, de mon intervention. Ce qui me donne une double cassette. D'artiste chanteuse, d'abord, qui a le plaisir de rencontrer ses fans dans le cadre de son métier d'artiste, de chanter, danser et de vivre heureux. Ensuite, se rendre utile en véhiculant des messages importants à travers cette musique que je fais, les prestations sur scène. Je pense que je suis toujours restée dans mes objectifs, dans ma ligne de mire.

Deureudieuf, album de la maturité

C'est l'album de la maturité parce que c'est une production que j'ai travaillée pendant plusieurs années, dans de nombreux pays. J'ai beaucoup réfléchi sur les thèmes, sur l'impact des thèmes. J'ai travaillé sur les mélodies : que cela soit du point de vue vocal ou du point de vue harmonie. Ce qui fait que, pour moi, c'est l'album de la maturité quand je le compare à mes autres productions. J'ai poussé mes cordes vocales jusqu'à un certain niveau pour voir jusqu'où je pouvais aller dans ce sens et au niveau des octaves. Et grâce à Dieu, j'ai vu que j'avais beaucoup de capacités vocales. Au niveau de la musique, il faut voir que c'est assez varié. Certes, les percussions sont présentes mais je trouve que la musique est propre grâce au travail que les musiciens ont fait et aussi le travail du chef d'orchestre.

Relation avec Aïda Mbodj

Aïda Mbodj, c'est vrai que j'ai parlé d'elle dans le titre Femme objet qui est un hommage aux femmes. C'est en quelque sorte une révolution muette. Les femmes ne sont plus statiques, immobiles. Elles savent de plus en plus ce qu'elles veulent et ce qu'elles valent. Et je pense qu'il est important qu'on leur donne plus de place dans la société. J'ai fait un clin d'œil à Aïda Mbodj en tant que femme qui dirige des mouvements de femmes assez importants, et en tant que femme très dynamique et très visible dans son domaine en tant que ministre de la Femme. Au-delà de cela, j'avoue que c'est une maman pour moi. Nous entretenons d'excellentes relations.

Prédominance de femmes sur les hommes dans le staff de Gawlo

Les femmes sont brillantes. Moi, je crois beaucoup aux femmes dans mon équipe. Il y a, certes, des hommes, beaucoup même. Mais, dans le bureau administratif, il y a plus de femmes que d'hommes. Les femmes son très spontanées, engagées, dynamiques, etc. J'ai plus confiance aux femmes.

Relation avec Baïdy Agne, Président du Cnp

(Rires) Je l'adore, Baïdy Agne. Il fait partie de mes meilleurs amis et j'ai envie de le crier haut et fort, partout. C'est un homme d'une grande dimension, avec un cœur extraordinaire et d'une simplicité américaine. J'ai l'habitude de l'appeler l'Américain parce que c'est l'un des rares patrons que l'on voit au Sénégal qui n'est pas guindé, qui porte son short, son jean qui va en boîte, rit et danse avec tout le monde. Il est toujours gai. Mais au-delà de cela, moi je lui voue un grand respect qui est réciproque parce qu'il a beaucoup de respect pour moi, il adore ma musique ; il adore ce que je fais et c'est un ami, un frère que j'aime beaucoup. En qui j'ai totalement confiance. J'avoue que dans mes moments de réflexion, d'angoisse ou de questionnement, il fait partie des personnes à qui je pose la question, vers qui je vais pour qu'il me donne des conseils et me dise la voie à prendre. Mais, c'est tout simplement amical. Il est très loin dans mon cœur parce c'est comme un oncle, un frère pour moi.

Un mari à son image

Je l'aimerai bien. Pourquoi pas ? Il est adorable, Baïdy. Sa femme est adorable, c'est une grande amie. Quand je suis avec lui, je suis rassurée parce que c'est mon ami. Nous n'avons pas d'autres rapports. Nos rapports sont amicaux, et c'est quelqu'un à qui je confierai mon coffre.

Polygamie

Je ne sais pas. Nous sommes dans une société où finalement c'est très difficile. J'ai vu des femmes qui étaient comme moi, se disant que jamais elles ne connaîtront la polygamie et finalement elles sont là-dedans. Mais ce que l'on oublie c'est que l'amour est très fort, plus fort que nos principes, nos raisons. Je ne le souhaite pas mais si c'est mon destin je le vivrai et je l'accepterai.



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