Coup de gueule de Didier Awadi : « La violence ne demande qu’à s’exprimer»

Il faut faire vite avant que la violence ne s’exprime dans la rue. Voilà la mise en garde de Didier Awadi à l’endroit du régime de Wade, trop loin des réalités des populations, selon lui. Le rappeur et lauréat du Prix Rfi Musiques du Monde en 2003 s’est exprimé dans les colonnes du journal français Marianne, où Wade avait fait une sortie le 24 février dernier.

Dans un entretien paru sur le site en ligne du journal Marianne, Didier Awadi tire sur le régime de Wade. Pis, le rappeur aux dreadlocks prédit une violence qui guette le Sénégal, si nos dirigeants n’apportent pas de solutions pour apaiser la douleur du peuple. «Une autre Afrique est possible et si nos dirigeants ne le réalisent pas, la violence menace, avertit-il. Je ne l’encourage pas, mais je ne suis pas si sûr que la société sénégalaise soit aussi apaisée que certains le croient. Aucune société n’est apaisée et la violence ne demande qu’à s’exprimer.» Par ailleurs, pour justifier son analyse, il estime que Wade, à l’instar de beaucoup de dirigeants africains, ne s’attaque pas aux vrais problèmes. Et sonne la révolte: «(…) Il faut protéger le peuple ! Je suis protectionniste à 200%. Nous devons renégocier nos relations commerciales et tout ce qui touche à  notre souveraineté avec l’Union européenne, les Américains et les Asiatiques». Parce que, renchérit-il, nous devons être libres, autonomes, indépendants des grandes puissances et développer notre autosuffisance alimentaire.
«Wade nous prend pour des suceurs de goudron»
Cette sortie du leader du PDS RADIKAL fait suite à une interview du chef de l’Etat dans le même journal, le 24 février dernier. Dans cet entretien, Wade n’avait pas manqué d’affirmer qu’ «il n’y a pas de société civile au Sénégal». Une déclaration qui n’est apparemment pas tombée dans l’oreille d’un sourd. «Wade a le stress du temps qui passe. Il est dans le rush permanent, obsédé à l’idée de laisser une trace de sa grandeur.  Alors il va nous léguer une autoroute et une Corniche rénovée. C’était ça l’urgence ?», s’interroge-t-il. Il poursuit : «Le président nous prend pour des suceurs de goudron. Il a changé le visage de Dakar ? Peut-être mais à quel prix?» Une attitude qui contraste avec les conditions de vie dans Dakar et sa banlieue, où «un million de personnes vivent sans hôpital, souvent sans l’eau ni l’électricité». Pourtant, estime Didier Awadi, Wade avait carte blanche pour apporter le changement qu’il avait promis aux Sénégalais. «Beaucoup y croyaient. Qu’a-t-il changé? La Constitution…ça oui, il y a beaucoup touché (…)».
Le lauréat du Prix Rfi Musiques du Monde en 2003 ne manque pas pour autant de dénoncer l’enrichissement de certains proches et collaborateurs de Wade, au lendemain de l’arrivée de ce dernier à la tête du pays. «Qui a-t-on vu s’enrichir depuis quelques années ?, questionne-t-il. Son clan, celui de son parti (…) Il y a dix ans, ces gens se déplaçaient en bus, aujourd’hui ils conduisent des 4X4, des 8X8». Un coup de gueule qui ne déplaira certainement pas à l’opposition