COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS DE FOOTBALL, ELECTIONS PRESIDENTIELLE ET LEGISLATIVE EN 2012 : Trois grandes menaces pour les élèves et étudiants

La coupe d’Afrique des nations de football et les élections présidentielle et, législative devant se tenir toutes en 2012, représentent trois grands dangers qui planent sur la tête des élèves et étudiants. La raison, c'est qu'ils vont causer des pertes importantes d’heures sur le temps normal d’apprentissage, communément appelé quantum horaire.

Qui va diriger le Sénégal les 5 prochaines années? Quel camp politique remportera les élections législatives? Laquelle des 16 équipes engagées à la Coupe d’Afrique des nations de football va succéder à l’Egypte, détentrice du trophée continental? Ces trois questions trouveront leurs réponses en 2012. 

Au cours de ces trois importants événements qui vont ravir la vedette à tout le reste de l’actualité en 2012, le Sénégal sera quasiment à l’arrêt, du fait de l’intérêt très particulier qu’ils exercent sur la population tous âges confondus. Dans les salons des familles, au niveau des grandes places des retraités, des marchés, des tontines des femmes, des cours de récréation, des bureaux, des séances de jeu des mômes, dans les mosquées avec les sermons des Imams, dans les discours des autorités des confréries et de l’Eglise, vont figurer d’une manière ou d’une autre, la coupe d’Afrique des nations et les élections présidentielle et législative. 

Ces événements qui vont charrier beaucoup de passions ne seront pas malheureusement sans effets pervers sur l’école et l’université. Ils vont beaucoup porter préjudice aux élèves et étudiants. 

En effet, l’implication des enseignants politiques dans les activités de leurs partis respectifs à travers les manifestations traditionnelles que sont les réunions, les meetings, les tournées et autres manifestations et l’attraction que le véritable opium du peuple que constitue le football, feront perdre aux élèves et étudiants, des heures non négligeables d’apprentissage. D’ores et déjà, il peut être avancé sans risque de se tromper que, la norme d’heures à respecter, appelée dans le jargon des enseignants quantum horaire, ne sera pas atteinte en 2012. Une norme qui est de 900 heures pour le cycle élémentaire et 500 heures pour le supérieur. 

Au-delà du quantum horaire qui va s’éroder du fait de son engagement, l’enseignant politique en arrivera même à éprouver des difficultés à consacrer le temps nécessaire au travail qu’il doit effectuer à domicile. Une tâche consistant à préparer ses fiches de cours et à corriger les devoirs de ses élèves ou étudiants. Et plus approcheront les élections, moins il aura de temps. 

La campagne électorale qui est lancée avant l’heure par le pouvoir et l’opposition, qui l’ont anticipée depuis près de 5 mois, rend la situation plus délicate. Dès janvier, l'essentiel des enseignants vont partir en campagne électorale avec leurs partis politiques. Ce qui laissera élèves et étudiants abandonnés à eux-mêmes. 

Pas n’importe qui dans le dispositif des partis politiques, les enseignants en constituent l’un des maillons les plus essentiels, tant qualitativement que quantitativement. Ce qu’illustre d’ailleurs à merveille le privilège qui leur est fait dans l’architecture des formations politiques. De tous les secteurs d’activités, l’enseignement est le seul à bénéficier d’un cadre qui lui est propre au sein des partis politiques. A côté des structures traditionnelles que sont les instances de jeunes, de femmes, de cadres, du troisième âge, il est de coutume de retrouver au sein des partis politiques, un réseau des enseignants. 

Une caractéristique qui a changé il convient de le relever, il y a quelques semaines au niveau du Ps, avec la mise sur pied du collectif des avocats. 

Mais il faut le souligner, dans son organisation, le parti de Ousmane Tanor Dieng dispose de deux structures dédiées à ses enseignants : le réseau des universitaires dans lequel évoluent les Pr de philosophie, Abdoulaye Elimane Kane, de géographie Gorgui Ciss, de Lettres, Insa Sankharé, de mathématiques, Marème Sakho Dansokho et le cercle des enseignants socialistes dirigé par Youssoupha Mbow, professeur de philosophie au lycée, par ailleurs responsable des jeunes du Ps. 

Au niveau des autres formations politiques comme Rewmi de Idrissa Seck, Apr de Macky Sall et des autres composantes de Bennoo comme le Pit, on retrouve un réseau des enseignants. Même cas de figure avec Pds et les partis qui le soutiennent. 

En ce qui concerne la coupe d’Afrique des nations de football, elle va aussi détourner l’attention des enseignants et des élèves de l’école, surtout avec l’espoir porté de nouveau par le public sur ses «Lions» avec le rêve de les voir remporter enfin le trophée continental. Une manifestation longue, parce que devant durer un mois. Les matches surtout du Sénégal seront des motifs pour déserter les classes. Les responsables des écoles se verront même dans l’obligation de chambouler les horaires, pour ne pas trop pâtir de cet événement. 

Quant aux législatives, elles vont être plus critiques pour les élèves et étudiants, puisqu’elles doivent se tenir à l’amorce du second semestre. Une période où les enseignants doivent mettre les bouchées doubles pour parachever le programme et les élèves et étudiants s’adonner aux préparatifs des examens. 

Un ensemble de considérations qui font que, ces trois événements phares de 2012 que sont la coupe d’Afrique des nations de football et les élections présidentielle et législative vont peser lourd sur l’école et l’université. 

Veille d’élection: période de lutte syndicale 

D’autant que, les heures d’apprentissage qu’ils vont faire perdre sur le quantum horaire, ne vont pas être les seules. Elles vont s’ajouter à celles qui se sont érodées depuis l’entame de l’année scolaire, avec les nombreuses fêtes, mais aussi et surtout des grèves des enseignants. 

Mouvements d’humeur des syndicats d’enseignants qui risquent d’aller crescendo. En effet, l’histoire syndicale ayant montré que, les veilles de joutes électorales sont toujours marquées par des luttes syndicales. Une période que les syndicats ont coutume de mettre à profit, pour remettre au goût du jour les accords signés et non respectés par le gouvernement et de poser de nouvelles revendications. Une phase qui est déjà ouverte par le cadre unitaire syndical de l’enseignement du moyen secondaire du Sénégal (Cusems) et le Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire (Saemss) qui multiplient les débrayages et grèves depuis quelques semaines. Et qui menacent de paralyser les collèges et lycées si le gouvernement ne satisfait pas leurs doléances. 

Un même vent de perturbation qui souffle également sur l’université Cheikh Anta Diop, avec le syndicat des enseignants du supérieur (Saes) qui est parti en grève pour 72 heures depuis mercredi. 

A rappeler que, le lycée comme Limamou Laye a perdu beaucoup d’heures durant le premier trimestre de l’année, à cause de la grève des enseignants qui exigeaient le respect par les autorités, de leur promesse de réfectionner l’établissement qui est dans un état d’agonie profonde.