Création d’une Agence pour l’enlèvement des ordures : Une mesure qui transcende les clivages politiques

Avec l’annonce par le chef de l’Etat de la reprise en mains par l’Etat de la gestion des ordures ménagères, des esprits malveillants ont suspecté « une volonté d’ôter le pain de la bouche des maires libéraux ». C’est là un faux procès, rien de plus. Et les arguments qui justifient la position du président Wade face à la gestion des ordures ménagères, sont réels. Il n’est pour s’en convaincre que de revisiter les principales villes du pays, qui comptent dans leur décor quotidien, des tas d’immondices.

Dans les différentes villes du Sénégal, les détritus côtoient dangereusement les habitations, par faute d’enlèvement régulier des ordures ménagères. Combien de fois les commerçants régulièrement installés dans les marchés des communes ont-ils menacé de geler le paiement de leurs taxes, si la mairie du coin ne s’activait pas dans l’enlèvement des déchets ternissant le décor de leurs lieux de commerce ? Combien de fois, dans Dakar, les populations se sont-elles résolues à verser les ordures ménagères dans la rue, parce que la voiture de ramassage totalisait une à deux semaines de retard dans l’exécution de sa mission ? Le phénomène qui est observé dans la quasi-totalité des communes ne pouvait pas laisser l’Etat indifférent. Il s’agit du cadre de vie des populations, que l’Etat a la mission de préserver. Les communes, en général, disposent toutes d’un budget destiné à l’enlèvement quotidien des ordures. Par conséquent, les errements notés dans ce domaine ne se justifient pas. Le gouvernement, las de cette situation, a donc pris la décision de confier à une agence la gestion des ordures ménagères. Question qui, en définitive, est une globale car devant intégrer les aspects liés au ramassage, à la collecte et au traitement des ordures ménagères. En prenant cette initiative, le chef de l’Etat a proposé des mesures d’accompagnement liées notamment au renforcement des moyens de collecte, de 1000 camions benne.

Cette logistique, il faut le reconnaître, est un plafond jamais atteint au Sénégal. Car, au meilleur de ses activités, la Sias (première société de ramassage des ordures ménagères sous le Sénégal indépendant) qui s’est occupé des ordures de Dakar jusqu’à fin des années quatre vingt, n’a jamais pu évoluer avec plus de 300 véhicules. Avec la mairie de Dakar, le parc automobile qui ne faisait pas 200 camions, avait obligé la communauté urbaine à recourir aux transporteurs privés. Avec l’entente Cadak-Car, la logistique n’était pas des meilleures. Toutes choses qui font que l’initiative consistant à mettre 1000 camions dans le réseau est une première, que les maires des communes devraient être les premiers à saluer, toutes considérations politiciennes écartées.