Craignant d'être mis dans le même sac, les réguliers prônent le rapatriement des clandestins

Madrid, 20 sept (APS) - Comme un effet boomerang l'afflux des clandestins sénégalais en Espagne met mal à l'aise leurs compatriotes régulièrement établis dans ce pays lorsqu'ils voient les Espagnols, jusque-là tolérants vis-à-vis d'eux, manifester des signes de rejet à leur endroit. D'où, ils réclament presque tous le rapatriement au Sénégal des arrivants.

En effet, dans les localités visitées par l'envoyé spécial de l'Agence de presse sénégalaise (Madrid, Valence, Lleida, Murcie, Tenerife, Gran Canaria, Fuerteventura) et où se trouvent de fortes communautés sénégalaises, ces dernières veulent généralement que leurs compatriotes arrivés dans les barques soient retournés à leur point de départ.

A cause de ces derniers, soulignent-elles, ''le regard que les Espagnols portaient sur nous a changé. Aujourd'hui, ils nous considèrent tous comme des gens venus par les +cayucos+ (pirogues)''.

''On est en train de perdre notre crédibilité. Les Espagnols ne font plus la part des choses. Ils nous considèrent tous comme venant des pirogues'', renchérit Luc André Diouf, porte-parole des Sénégalais de Las Palmas.

Consul honoraire du Sénégal depuis dix ans dans les Iles Canaries, Alberto Van Bockel Garcia, estime pour sa part que ''les autorités canariennes étaient contentes des Sénégalais. Ils ont une bonne réputation. Ils étaient dans leur petit commerce. Maintenant, il faut redouter la xénophobie avec ces +cayucos+''.

Pour Alassane Dieng de l'association des Sénégalais de Murcie, le pas est presque franchi, car : ''nos relations avec les Espagnols ont changé. Selon eux, le travail manque et nous en sommes les responsables. Nous sommes devenus des boucs émissaires''. ''Trop c'est trop !'' martèle El Hadj Ngaido, président de l'association des Sénégalais de Tenerife, pour qui même si ''les Espagnols sont patients'', la solution qui s'impose est de ''rapatrier ceux qui viennent''.

La peur des Sénégalais régulièrement établis d'être rejetés par les Espagnols n'a d'égale que les vagues de clandestins qui débarquent chaque jour sur les côtes canariennes, à un rythme qui dépasse autochtones et expatriés. ''Avant, explique El hadj Abdou Ndiaye président de la fédération des dahiras mourides des Iles Canaries, il venait une à deux pirogues par an, on arrivait à arranger ça avec nos relations mais ce qu'on a vu arriver ces temps dépasse l'entendement. Il n'y a pas de solution''.

Selon le ministre de l'Intérieur espagnol, Alfredo Perez Rubalcaba, il y a environ 30.000 Sénégalais régulièrement établis en Espagne.

Ceux qui sont arrivés par les pirogues sont estimés à 25.000 personnes par les autorités espagnoles. Ils sont en grande majorité constitués de Sénégalais. Les autres nationalités représentées viennent du Mali, de la Guinée-Bissau et de la Gambie.

MK/CTN