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CREDIT A… Momar Mareme Dieng, Directeur de l’Enseignement supérieur : «L’Etat n’est pas dans une logique de concurrence»

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CREDIT A… Momar Mareme Dieng, Directeur de l’Enseignement supérieur : «L’Etat n’est pas dans une logique de concurrence»

 

Momar Mareme DiengA la tête de la Des, le directeur se dit déterminé à faire avancer la question de l’accord-cadre entre les Epes et le gouvernement. Bloqué depuis 10 ans, cet accord doit permettre de créer un environnement favorable au développement de ce secteur sur lequel le gouvernement compte. Harmoniser les diplômes, contrôler la qualité des formations et subventionner le secteur. Voilà tout ce qu’attendent de l’Etat les acteurs du privé, et que M. Dieng se dit déterminé à réaliser dans les délais les plus brefs.

Que représente aujourd’hui le secteur privé dans le paysage de l’enseignement supérieur sénégalais ?

Nous comptabilisons à l’heure actuelle 45 Etablissements privés d’enseignement supérieur (Epes) dont les effectifs représentent environ 12 mille étudiants. C’est une proportion importante. Mais nous nous attendons dans un avenir proche, à une poussée encore plus forte du nombre de bacheliers qui voudront s’orienter vers ces établissements.

Quelles sont les conditions à remplir par un Epes pour obtenir l’agrément du ministère de l’Education ?

C’est un processus à la fois simple et complexe. Simple parce que c’est une procédure administrative classique. Il y a une liste d’une douzaine de documents à présenter à la Direction de l’enseignement supérieur (Des). Complexe parce que l’agrément a trait à plusieurs domaines. Nous demandons des garanties relatives à la fiabilité et à la solidité financières de l’école. Présentation d’un compte en banque, des registres du commerce, de réserves de trésorerie pour 6 mois, etc. Il s’agit également de s’assurer de la qualité pédagogique des programmes. Nous contrôlons donc parallèlement, le niveau de qualification du corps professoral et son adéquation avec les enseignements dispensés.

Effectuez-vous des contrôles et des audits périodiques auprès de ces Epes agréés ?

Cela serait souhaitable mais ce n’est malheureusement pas encore le cas. Le projet de décret qui est actuellement dans les cartons prévoit la création d’une commission nationale d’évaluation qui se chargera de procéder tous les quatre ans à un audit des établissements. Ce volet de contrôle inclura les aspects gestion et comptabilité, les aspects pédagogiques et leur conformité avec les normes. Il régira demain le fonctionnement de tous les établissements. Vous savez, cet agrément que nous délivrons est quelque chose de provisoire. Notre objectif est de signer au plus vite l’accord-cadre.

Notez néanmoins que les Epes agréés doivent nous fournir chaque année un rapport de fin d’année. Ce sont ces rapports qui nous permettent de surveiller le secteur. Nous assistons aussi régulièrement aux soutenances de mémoire dans les écoles, ce qui nous permet de jauger la crédibilité des diplômes. Mais nos moyens sont tout de même limités. Nous ne pouvons pas non plus contrôler tous les établissements qui fonctionnent sans agrément. Tout en sachant que cela n’est pas normal.

Quelles alternatives ont les écoles pour obtenir une accréditation ?

A côté de l’idée d’une commission d’évaluation, nous avons mûri un second projet, lui aussi partie intégrante de l’accord-cadre. Nous mettrons sur pied une commission d’accréditation qui fournira chaque année la liste des diplômes accrédités avec leurs équivalences possibles avec l’Université.

Les diplômes des Epes permettent-ils aujourd’hui de bénéficier d’une équivalence avec les universités sénégalaises ?

Oui, dès lors qu’ils bénéficient de l’agrément du ministère. Leur projet pédagogique ayant été approuvé et les diplômes qu’ils délivrent reconnus comme Bac+2 ou Bac+5 par exemple, les diplômes de ces écoles donnent le droit à leurs titulaires de faire valoir l’équivalence s’ils souhaitent s’inscrire à l’université pour poursuivre leurs études. Par contre, les diplômes des Epes non agréées ne donnent droit à aucune équivalence. Ils sont appelés diplômes d’Ecole et ne sont signés que par le directeur de l’établissement.

Quelles alternatives ont les écoles pour obtenir une accréditation ?

En tant que membre du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur, le Cames, nous ne pouvons que leur suggérer d’aller y faire homologuer leurs diplômes. Cet organisme leur permet de voir leurs diplômes reconnus par les 12 pays qui composent le conseil et aux étudiants titulaires de pouvoir officier dans les universités de tous ces pays. Ils le font d’ailleurs massivement aujourd’hui. Je pense qu’ils ont saisi l’enjeu. Lors de la dernière session du Cames à Saint-Louis, sur les 46 demandes d’homologation déposées, 40 émanaient d’Epes. Par contre, ce processus est indépendant de l’agrément que nous délivrons au niveau national. Même pour les établissements agréés, cette homologation n’a rien d’automatique et les Ecoles doivent défendre leur dossier devant le conseil.

Quels sont les principaux obstacles à la signature de l’accord-cadre du 23 décembre 1994 sur les Epes ?

Tout d’abord, permettez-moi de souligner que je n’étais pas aux affaires à l’époque. De plus, cet accord ne fut à l’époque signé que par une douzaine d’établissements. C’est pourquoi nous sommes en train de le remettre au goût du jour. La signature bute sur un obstacle majeur qui est celui des professeurs permanents. Le gouvernement a fixé un taux minimum de professeurs permanents dont doit disposer une école, et ce afin que cette dernière bénéficie d’un niveau académique relevé et puisse promouvoir en son sein des activités de recherche. Le collectif des Epes considère que ce taux est trop élevé. Il est vrai qu’ils travaillent essentiellement avec des enseignants vacataires, ce qui leur revient beaucoup moins cher. Le taux de permanents dans les Epes ne dépasse actuellement guère les 12%.

Cet accord prévoit-il des subventions aux Epes ?

Je sais qu’à l’époque une enveloppe budgétaire de 800 millions de francs Cfa était envisagée. Mais elle a été gelée du fait de ce désaccord. Elle pourrait être aujourd’hui revalorisée, compte tenu de l’inflation. Mais l’Etat veut, en garantie, que les enseignants qui sortent de l’Ecole normale supérieure et de l’Université soient embauchés et trouvent des postes au sein de ces établissements.

Permettez- moi de souligner que l’Etat fait déjà beaucoup de choses. Chaque année, nous délivrons quelque 300 bourses pour les étudiants les plus méritants des Epes. L’état compte vraiment sur le secteur privé pour réguler les flux et désengorger le public. Nous ne sommes pas dans une logique de concurrence. Aujourd’hui, la balle est dans le camp du privé.



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