CRISE A AIR SENEGAL INTERNATIONAL :Les manœuvres “euthanasiques” de la Royal air Maroc

La profonde crise financière et sociale dans laquelle est plongé Air Sénégal international, compagnie née de la coopération entre le Sénégal et le Royaume du Maroc, ne relève pas de la fatalité. Il y a une semaine, lors d’un point de presse, Moustapha Diakhaté, coordonnateur des délégués des travailleurs, tirait la sonnette d’alarme en faisant cas « des insuffisances stratégiques, organisationnelles et managériales (qui) ont influé négativement sur les performances financières au point de menacer l’existence de la compagnie ». Renseignant que si cette situation a perduré, c’est en partie par la faute de l’Etat du Sénégal qui ne s’est jamais réellement impliqué dans la gestion et l’orientation de l’entreprise, qui ne fonctionne que selon le bon vouloir de la Ram. Hier, de hauts cadres de la société ayant travaillé avec les experts marocains sur cette affaire révèlent que des manœuvres des Marocains confirment largement que les problèmes actuels de la compagnie ne sont pas étrangers à « la situation déficitaire derrière laquelle le Directeur général de la compagnie Mouhamed El Yaalaoui se réfugie ». Selon nos interlocuteurs, le fils de ce dernier, qui a dirigé l’audit ayant abouti à la suppression de la ligne Dakar-Milan « pour non-rentabilité », aurait été parachuté à la Direction commerciale de la compagnie Royale Air Maroc de la région milanaise qui, paradoxalement, exploite la ligne en question. « Des billets trop coûteux, absence de représentation à Milan et une irrégularité doublée de la raréfaction des vols d’Air Sénégal international » ont précipité la suppression de la desserte milanaise, expliquent nos sources établies en Italie. Depuis que ces audits ont recommandé la réduction des fréquences sur certaines destinations ou tout bonnement leur suppression, comme c’est le cas, au-delà de la ligne milanaise, de celles d’Accra et de Monrovia, la Royal Air Maroc capte ces marchés restés « juteux ». D’autres éléments et pas des moindres viennent battre les arguments avancés hier à l’Agence de presse sénégalaise (Aps) par le Directeur général d’Air Sénégal international, Mouhamed El Yaalaoui, pour faire croire à l’opinion que la compagnie sénégalo-marocaine traverse une véritable zone de turbulence. Au moment où les travailleurs sont en mouvement d’humeur pour obtenir la revalorisation de la grille salariale et la réintégration des intérimaires et des temporaires, au moment où le Directeur général soutient que « financièrement, Air Sénégal international fait son chemin avec une trésorerie fragile et déficitaire », trois nouvelles directions ont été créées par les dirigeants de la compagnie. De quatre (4) directions, en dehors de la Direction générale dirigée par Mouhamed El Yaalaoui, Air Sénégal international est passé à huit (8) depuis le 05 mars dernier, donc en pleine crise de trésorerie. Par une « note de service N°71 Dgo N°10 du 05 mars 2007 », les deux simples services des ressources humaines et de la sécurité sont devenus des directions à part entière chargées de la qualité et de la sécurité. Une troisième direction a été créée et confiée à un comandant de bord - comme le Directeur général - pour gérer les audits, le contrôle de la gestion et l’information. Un nouvel organigramme entré en vigueur depuis le début de ce mois de mars, alors que le Directeur général Mouhamed El Yaalaoui « appelle de (ses) vœux une sortie de crise ». Quoi qu’il en soit, il est à retenir que le mouvement déclenché par les travailleurs grève davantage les finances de la compagnie, car elle engendre une perte de quelque 200 millions de francs Cfa par jour.