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DéCèS DU JUGE KEBA MBAYE : L’ultime hommage de la nation

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DéCèS DU JUGE KEBA MBAYE : L’ultime hommage de la nation

La nation a rendu, hier après-midi, un ultime hommage à un digne serviteur, l’ancien Premier président de la Cour suprême, le Juge international à La Haye, Kéba Mbaye. C’était en présence du chef de l’État, Me Abdoulaye Wade, du président de l’Assemblée nationale, Pape Diop, du Premier ministre, Macky Sall, des membres du gouvernement, des Corps constitués, de la famille judiciaire, officiers généraux de l’armée et de la gendarmerie. Tout ce que le Sénégal compte comme dignitaires religieux, chefs coutumiers, personnalités politiques et diplomatiques était présent au cérémonial militaire à l’Hôpital Principal. Juge émérite, enseignant, éducateur, homme de culture et sportif, le président Kéba Mbaye a gravi tous les échelons de l’administration judiciaire où il a occupé son premier poste avant l’indépendance du pays.

L’hommage était unanime. Tous ceux qui ont témoigné dont le porte-parole du khalife général de Tivaouane, Abdoul Aziz Sy Junior, ont confirmé les propos du chef de l’État, son ami de longue date et compagnon au niveau des rencontres africaines et internationales. Les honneurs militaires ont été rendus à la levée du corps de l’ancien président de la Cour suprême. Un détachement militaire était sur les lieux et le drapeau national avait recouvert le cercueil porté par une demi douzaine d’officiers supérieurs de l’Armée sénégalaise sous les ordres du commandant de zone, le colonel François Ndiaye. La sonnerie aux morts a retenti pour rendre un dernier hommage à celui qui a tout donné à la nation de son vivant. Après la levée du corps, le cortège s’est ébranlé pour le Mausolée Thierno Seydou Norou où a eu lieu la prière mortuaire avant l’inhumation à Yoff où il repose désormais.

Le juge Kéba Mbaye est né le 5 août à Kaolack où il a fait ses études primaires avant d’entrer à la célèbre École William Ponty de Sébikhotane où il a rencontré d’éminentes personnalités africaines dont l’actuel président de la République, Me Abdoulaye Wade. Devenu enseignant quelques années plus tard comme tout bon Pontin, Kéba Mbaye poursuit ses études avant d’obtenir le Bac et de s’inscrire en Faculté de Droit. Quelques années après, débuta sa carrière judiciaire dans les tribunaux de l’époque, notamment dans sa ville natale, à Kaolack. Il gravit vite les différents échelons de l’appareil judiciaire. Aux côtés d’anciens magistrats comme Amadou Louis Guèye, feux Isaac Foster, Ousmane Ngoundiam, Ibrahima Boye et Leïty Niang et d’autres juges français de la coopération, il prêta serment devant l’ancien président Senghor lors de l’installation de la première Cour suprême, après le Sénégal indépendant. De la magistrature, il atterrit dans l’administration centrale de l’époque pour servir au ministère de la Défense comme Secrétaire général. De retour à la magistrature, il termina sa carrière à la tête de la Cour suprême. Les Sénégalais se rappellent bien de sa fameuse phrase recevant le serment du président Abdou Diouf, le 1er janvier 1981, en déclarant : « les Sénégalais sont trop fatigués, on en parle dans les salons ». Homme de courage, de rigueur, de droiture, mais surtout aux qualités exceptionnelles, ayant compris le serment de Dame justice, le président Kéba Mbaye jetait l’éponge en pleines élections présidentielles, en mars 1993, alors qu’il occupait les fonctions de président du Conseil constitutionnel. Il avait auparavant terminé sa carrière à La Haye et s’occupait du Comité international olympique avec le poste de vice-président aux côtés de Juan Antonio Samarranch. Très actif dans le monde sportif, Kéba Mbaye s’est fait une réputation d’homme d’une très grande valeur dans ce milieu et avait bien géré le dossier de la corruption qui avait vu l’exclusion de certains membres du Cio pour manquements graves. À sa famille, à ses enfants plus particulièrement Abdoul Mbaye et Cheikh Tidiane, la Rédaction du Soleil présente ses condoléances.

Me ABDOULAYE WADE : « Le Sénégal a perdu un de ses plus illustres fils »

En compagnie de son épouse, Mme Viviane Wade, le président de la République a fait un témoignage éloquent sur son ami Kéba Mbaye. « La République vient de perdre un de ses plus illustres fils. Au nom du gouvernement, du peuple sénégalais, je présente mes condoléances à sa famille, à sa famille judiciaire, à la famille judiciaire élargie, les avocats et auxiliaires, et autres organisations », a indiqué le chef de l’État très ému et marqué par le deuil. Du juge, il dira qu’il a gravi tous les échelons pour terminer à la tête de la hiérarchie judiciaire. De l’avis de Me Wade, le défunt a donné une impulsion au droit par ses arrêts, ses commentaires, mais surtout ses réflexions doctrinales qui ont franchi les frontières pour l’économie.. Selon Me Wade, c’est le juge Kéba Mbaye qui a introduit la notion de développement du droit, en le défendant dans les conférences internationales. Il est pour le président de la République une référence, d’où son choix par la communauté internationale à occuper d’importantes fonctions au Tribunal international de La Haye. Me Wade a également rappelé qu’il a fondé la revue du droit avec le président Kéba Mbaye. « J’avais des relations personnelles et très anciennes avec lui, je témoigne que c’était un musulman pieux qui a respecté la volonté divine et avait bien éduqué ses enfants », a conclu le chef de l’État.

TEMOIGNAGES ... TEMOIGNAGES ...

Abdoul Aziz Sy Jr : « Un talibé Cheikh » Après avoir transmis les condoléances du khalife général des Tidianes, actuellement au Maroc, le porte-parole est revenu sur les qualités de l’homme, un musulman pieux et surtout un talibé de Cheikh Ahmeth Tidiane Chérif. Il avait pris le wird des mains de mon père Abdoul Aziz Sy. Et l’écoutait dans tous ses actes, a révélé le porte-parole de Tivaouane. C’était un homme de cœur qui a rendu de grands services au pays, souligne Abdou Jr, ajoutant qu’on peut passer plus d’une journée sans finir sur les bienfaits de Kéba Mbaye. « Nous avons reçu instructions du khalife pour l’accompagner à sa dernière demeure », a dit le porte-parole qui a présenté ses condoléances à la famille et au chef de l’État.

Famara Ibrahima Sagna : « Le pays lui doit beaucoup »

Je l’appelais familièrement Premier du temps où il était président de l’ex-Cour suprême. C’était un ami de longue date, un aîné qui m’a toujours conseillé dans ma vie professionnelle. Il m’avait admis dans sa famille, car je discutais souvent avec lui sur des problèmes de famille, du pays et de la communauté internationale. C’est un homme que j’avais choisi comme parrain de ma vie, en raison de ses qualités humaines, intellectuelles et professionnelles qu’il incarnait. Je n’ai jamais été déçu. Il a maîtrisé la gestion de l’État et la coopération internationale. Il a toujours porté haut le flambeau du Sénégal et, de surcroît a su se faire respecter intra et extra muros au bénéfice du Sénégal ; nous lui devons beaucoup. Je lui dois d’avoir accepté de présider la réunion de la commission cellulaire pour la réforme du code électoral. C’est moi qui l’ai convaincu, j’ai négocié avec lui pour qu’il dirige la réunion alors que le président Diouf m’avait dit que tu vas échouer, car Kéba est distant des problèmes politiques. Je suis à l’époque aux États-Unis et obtenu du Nbi toute la documentation. Il avait accepté de présider la commission cellulaire qui a abouti au code consensuel.

Abdoulaye Bathily (Ld/Mpt) : « Une perte pour l’Afrique » C’est une grande perte pour le Sénégal, pour l’Afrique et le monde entier. Je garde de lui un souvenir de celui qui, en 1992, avait dirigé avec art, sagesse, compétence et autorité la réunion de la commission cellulaire pour la réforme du code électoral qui, jusqu’en 2000, a constitué le fondement de notre système démocratique qui se trouve bien malmené aujourd’hui. C’est une contribution très importante de sa part pour la construction du Sénégal indépendant. C’était un très grand magistrat qui a joué un rôle très important dans l’indépendance de la magistrature. Il avait suffisamment d’autorité et d’honneur pour pouvoir dire le droit.

Mamadou Diop député, ancien Avocat général à la Cour suprême : « Un monument » J’ai connu Kéba Mbaye en 1968, alors qu’il était Secrétaire général du ministère de la Défense, que moi j’exerçais les fonctions de conseiller en services extraordinaires. Cette collaboration a continué jusqu’en 1971, date à laquelle j’ai intégré l’ex-Cour suprême comme Avocat général. J’ai prêté serment devant lui en tant que Premier président. Nous avons eu des liens d’amitié suivis, c’est pourquoi lorsque j’ai écrit mon livre sur les Finances publiques, c’est lui qui l’a préfacé. C’est un grand juriste, un grand sportif, mais surtout un monument dans le sens très élevé du terme. Je rappelle que j’ai travaillé avec lui en 1992 au niveau de la commission cellulaire où j’ai représenté le Ps pour la refonte du code. C’est une perte pour le pays, l’Afrique, le monde et surtout le sport.

Doudou Ndir, Médiateur de la République : « Un artiste juridique » J’ai connu Kéba Mbaye alors que j’étais jeune magistrat sorti du Centre de formation judiciaire de Paris, en 1969. Il m’a accueilli et guidé mes premiers pas. Je garde de lui le souvenir d’un être exceptionnel, un homme de grande cœur ouvert, sachant manifester ses états d’âme avec sincérité, ne cachant rien avec lui. Il était un artiste juridique qui a marqué la génération de jeunes magistrats. Il nous a permis de connaître les premiers rudiments de la justice. Je suis trop peiné.

El hadji Bassirou Diagne Grand Serigne de Dakar : « Une grande figure » « C’est une grande figure qui nous a quittés. C’était un grand homme de droiture aux qualités exceptionnelles, mais surtout très équilibré. Il a été un grand juge qui ne disait que le droit, rien que le droit. Personne ne peut dire qu’il a tranché une seule fois dans l’illégalité, ce qui est rare dans ce monde actuel. Je retiens de lui un bon musulman, un talibé cheikh loyal. J’en profite pour présenter mes condoléances à sa famille et plus particulièrement à son ami de longue date, le président Abdoulaye Wade. Qu’il rencontre son ami Abdoul Aziz Sy.

El hadji Mansour Mbaye : « Une forte personnalité »

Je l’ai connu depuis 50 ans. C’était une forte personnalité. Il avait un don de Dieu, mais surtout un ami personnel de feu Abdoul Aziz Sy. Il lui était très attaché et a travaillé avec abnégation, lucidité et droiture. Il a pris des responsabilités historiques dans ce pays au moment où personne ne l’attendait.

El hadji Bassirou Diakhaté ancien juge : « Un homme de bien »

J’ai beaucoup noté sa droiture dans le métier que nous avons partagé ensemble, alors que j’étais à la Cour d’appel. Il a fait beaucoup de biens et conseillé les jeunes juges. Une fois, j’ai eu à condamner 2 ans un receleur et il m’a demandé de revoir le procès. La Cour avait suivi et rectifié.

Les condoléances des Affaires étrangères

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères indique que le Sénégal et l’ensemble de la communauté internationale viennent de subir une grande perte avec la disparition du juge Kéba Mbaye. Le ministre d’État, Cheikh Tidiane Gadio, et l’ensemble du personnel s’inclinent devant la mémoire de l’illustre disparu, qui a joué un grand rôle dans le rayonnement de notre pays sur le plan international. Il aura notamment contribué, de manière significative, à l’élaboration de concepts pertinents en matière de droits de l’Homme, à la codification et au développement progressif du droit international, note le communiqué. Le document poursuit que Kéba Mbaye aura également pris une part importante dans la mise en place de l’organisation pour l’Harmonisation du droit des affaires en Afrique (Ohada), qui constitue un maillon important de l’intégration sous-régionale. Au sein du Cio, poursuit le ministère des Affaires étrangères, dont il a été un membre émérite de 1983 à 2002, Kéba Mbaye laisse le souvenir d’un militant engagé du rapprochement des peuples et un défenseur acharné de l’idéal olympique. À cet effet, l’équipe du Dr Cheikh Tidiane Gadio présente ses condoléances les plus attristées.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Keba Thiam

    En Février, 2014 (12:30 PM)
    Jaime bocoup le juge keba mbaye le senegal a perdu 1 grand cadre d renomme internati6nal ,ki va remplacè keba mbaye



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