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Dépêchés en Espagne pour les identifier : 300 clandestins se rebellent contre les policiers sénégalais

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Dépêchés en Espagne pour les identifier : 300 clandestins se rebellent contre les policiers sénégalais
Des clandestins sénégalais qui prennent à partie un policier du pays d'accueil pendant que d'autres se rebellent contre des policiers venus du pays d'origine. Telles sont là les images surréalistes, symboles d'un drame humain vécu au quotidien.

(Correspondant permanent) - Une vingtaine de clandestins sénégalais qui prennent à partie un policier espagnol dans les locaux du centre de détention d'El Matorral, sur l’île Canarie de Fuerteventura ; 300 immigrés sénégalais qui se rebellent contre la demi-douzaine de policiers sénégalais venus de Dakar pour les identifier ; des immigrés qui s’entassent comme des sardines dans les centres d’accueil, pleins à craquer, dans des conditions inhumaines et insalubres que ne cessent de dennoncer les syndicats de la police en Espagne - d’ailleurs le procureur général de l’Etat espagnol vient de demander que soient effectuées des inspections dans lesdits centres - ; un groupe important de citoyens canaries qui accueillent au port de tenerife l’arrivée d’une pirogue remplie de Sénégalais sous les cris de ‘Negres de m.... Nos enfants n’ont plus d’habits, car vous leur avez tout pris’ ; des graffitis aux connotations racistes sur certains murs des quartiers populaires de Tenerife, Fuerteventura, Gran Canarie... La liste est longue des signes qui montrent la montée de la tension aux iles canaries. Et tous renvoient aux prédications du président de l’Archipel Adan Martin : un vent de tragédie est en train de souffler jusqu’aux iles canaries. Nous sommes en face d’un barrage qui peut s’effondre à tout moment. En attendant, les vols de rapatriement d’immigrés clandestins sénégalais en direction de l’aérodrome de Saint-Louis continuent, à l’inverse, l’arrivée d’embarcations de fortune aux côtes canariennes est plus que jamais d’actualité. C’est comme qui dirait ‘avion dem, gale costé'.

Sans doute, les rapatriements n’ont pas encore eu les effets escomptés car les jeunes subsahériens surtout sénégalais sont plus que jamais déterminés à rejoindre l’Espagne par la mer. Même ceux qui ont eu la malchance de figurer parmi les rapatriés promettent de reprendre la traversée à la première occasion. C’est à croire que le plan Reva ne fait rêver que Wade et son ministre de l’Agriculture, Farba Senghor. Les rapatriés et les potentiels candidats au départ, fourbissent leurs armes, font des plans sur la comète et prennent leur mal en patience. Pendant ce temps, les 60 000 immigrés sénégalais (ils sont quelques 30 000 à avoir le permis de sejour et de travail et environ 30 000 sans-papiers) souffrent le martyr et sont condamnés desormais à vivre sous l’œil inquisiteur de la majorité des Espagnols.

Disons-le tout de suite, le Sénégalais n’a plus bonne presse en Espagne, les ‘cayucos’ sont passés par là. Des milliers de Sénégalais vivant en Espagne sont obligés de supporter les hoquets, ralleries et autres insultes racistes non seulement des Espagnols mais aussi des autres communautés. Et pour ne pas arranger les choses, le Parti socialiste ouvrier espagnol (Psoe) au pouvoir est sur le point de conclure un pacte national sur l’immigration avec la principale formation de l’opposoition le Parti populaire(Pp). Les deux grands partis politiques espagnols ont promis de ne plus procéder à la régularisation d’émigrés clandestins. Au grand dam des 30 000 sans-papiers sénégalais établis en Espagne bien avant l’arrivée des ‘cayucos’, mais surtout au détriment de la majorité latino. Les ‘cayucos’ sénégalais sont donc pointés du doigt pour justifier la prochaine modification de la loi espagnole sur l’immigration.

Et l’image des Sénégalais d’en prendre un sacré coup. Tout cela est la faute, en grande partie, d’un gouvernement qui n’a pas su gérer le problème avec toute la sérénité qui sied en de pareilles circonstances. En déclarant dès le début de la crise qu’il était prêt à lutter contre l’émigration clandestine en échange de bassins de rétention, le président Wade venait de jeter les prémices d’un chantage déguisé. Et tous les actes que son gouvernement a posés dans le cadre de la gestion de cet épineux dossier entrent en droite ligne de cette volonté manifeste du chef de l’Etat de recevoir une contrepartie financière de la part du gouvernement espagnol. Certes le Sénégal n’a pas les moyens humains et matériels de contrôler ses 732 km de côtes, mais force est de reconnaître qu’à un certain moment il y a eu un relachement au niveau de la surveillance des côtes. La société sénégalaise, elle non plus, n’est pas etrangère à la ruée massive de jeunes sénégalais vers les côtes cannariennes. Quand la valeur d’un homme se mesure à l’aune de sa force financière, tous les risques sont permis. Sinon comment comprendre et expliquer que des jeunes âgés entre 10 et 15 ans, des jeunes donc à l’étape de l’apprentissage se jettent dans des embarcations de fortune pour émigrer. Bien sûr avec la bénédiction de leurs parents. Au nombre d’une centaine pour le moment, ces jeunes Sénégalais internés dans le centre pour mineur de Tegueste en Tenerife, ne pensent qu’à une chose : travailler et amasser de l’argent pour retourner faire la fête au pays. Une société dont la jeunesse pense ainsi peut d'ores et déjà faire son deuil du développement.

Chasse-croisé : Avion dem, gaal costé

Quoi qu’ils en soit, le chassé-croisé continue car hier, Au moment où 3 vols charters atterissaient à l’aéroport de Saint-Louis avec à leur bord 179 clandestins sénégalais rapatriés d’Espagne, 172 émigrés subsahériens accostaient avec leur pirogue à l’archipel de Canarie. Comme quoi, Avion dem, gale costé. Et c’est inexact d’affirmer que les rapatriements concernent uniquement le Sénégal. A en croire le président Zapatero qui était hier face aux sénateurs espagnols, ils sont plus de 13 055 clandestins Africains à être rapatriés depuis le début de l’année vers leur pays d’origine. Le chef du gouvernement espagnol a aussi annoncé que les rapatriements en direction du Sénégal vont se poursuivre tout au long des mois prochains. Wade et son gouvernement ont encore du pain sur la planche. Mais une nouvelle volte-face de l’Etat sénégalais n’est pas à écarter.



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