(Envoyé spécial) - Lorsque des responsables religieux de certaines cités religieuses du Sénégal se plaignaient au niveau des médias d’être ‘négligés’ par les gouvernements successifs au profit de Touba et dans une moindre mesure de Tivaouane, à Médina Gounass l’on n’a jamais fait cas de cet état, que nombre de Talibé pensent pourtant tout bas. L’actuel khalife, Thierno Tidiane Bâ, comme le faisait son vénéré père, a toujours préféré répondre par le mépris face à la politique du deux poids - deux mesures du gouvernement.
Hier dimanche, à l’occasion de la cérémonie officielle du Daaka, le khalife général Thierno Ahmadou Tidiane Bâ est, lui même, monté au créneau pour signifier aux représentants du chef de l’Etat la responsabilité du gouvernement dans la cité religieuse de Médina Gounass en général et au niveau du sanctuaire où des milliers et des milliers de pèlerins des quatre coins du monde viennent effectuer une retraite spirituelle de dix jours, chaque année.
Ainsi, c’est avec son calme légendaire et d’une voix posée que le khalife Thierno Ahmadou Bâ a fait un rappel aux allures de mise en garde au gouvernement face à ses nombreux manquements dans cette cité religieuse, où vivent près de cinquante mille âmes. Une cité qui, de surcroît, abrite chaque année le plus grand rassemblement religieux de la sous région. Et sans passer par quatre chemins, le khalife, qui répondait au discours du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Cheikh Tidiane Sy, a clairement dit que la cité religieuse de Médina Gounass, compte tenu de l’histoire de son peuplement par l’émigration intérieure, a besoin d’infrastructures modernes comme toutes les villes de son statut. ‘Médina Gounass est une ville fondée par des émigrés. C’est pourquoi, il y a une urgence d’y construire des infrastructures pour les populations’, observe le khalife d’entrée.
Poursuivant son propos, Thierno Ahmadou Tidiane Bâ va égrener les projets à réaliser en urgence. Dans le détail, il cite la construction de la route venant de Labé en Guinée Conakry à Médina Gounass, la construction d’un aéroport ainsi qu’un grand forage sur le site du Daaka. Aussi, l’extension du réseau l’électrique à la cité sainte ainsi qu’au niveau du site du Daaka, a été rappelé aux autorités par le marabout, qui s’est félicité de la prestation des différents services de l’Etat durant la 51e édition du Daaka.
Aujourd’hui, Médina Gounass attend avec impatience l’exécution de son programme spécial, dédié aux villes religieuses, que le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, avait promis. Si la marginalisation de la communauté religieuse de Médina Gounass date du régime socialisme qui a été soupçonné de parti-pris dans le conflit latent entre les Peulh Ngabouké autochtones et les Toucouleurs, venus du Fouta, force est reconnaître que le gouvernement de l’alternance accorde un grand intérêt à ce qui se fait au niveau de cette retraite spirituelle. Et pour cause ! Si du temps du Ps, c’est un seul ministre originaire de la région de Kolda, qui faisait le déplacement, depuis l’avènement du régime libéral, c’est une forte délégation gouvernementale, composée de plusieurs ministres, qui représente le chef de l’Etat Me Abdoulaye Wade.
Ainsi, cette année pas moins de trois ministres d’Etat, deux ministres et des sénateurs et députés ont fait le déplacement. A la tête de la délégation gouvernementale, il y avait le ministre de l’Intérieur Cheikh Tidiane Sy. Ce dernier a transmis le message de salutations et de remerciements du président de la République. Il y avait dans la délégation le ministre d’Etat Djibo Ka, le directeur de cabinet du président Wade, Zaccaria Diaw, les ministres Kalidou Diallo et Samuel Sarr, entre autres. A la fin de la cérémonie, le marabout a prié pour la paix, un bon hivernage et pour tous les musulmans.
REACTIONS… REACTIONS… REACTIONS…
Zaccaria Diaw, directeur de cabinet du président Wade : ‘Ces revendications sont légitimes’
‘Je crois que ce sont des doléances légitimes qui sont encore une préoccupation du chef de l’Etat par rapport à la modernisation des cités religieuses et à l’amélioration des conditions de vie et d’existence des populations. Je pense le programme du chef de l’Etat pour moderniser les villes religieuses englobe Médina Gounass, naturellement, qui est une ville religieuse reconnue sur le plan international. Ceci corrobore donc la politique du chef de l’Etat et je me réjouis que le marabout ait formulé de pareilles doléances. Le message sera transmis 5 sur 5. Et je pense que la réponse ne saurait tarder, parce comme je l’ai souligné, le message cadre avec la politique du gouvernement qui est de trouver des solutions aux problèmes populations’.
Djibo Kâ, ministre de l’Environnement : ‘Ces doléances intègrent la politique du gouvernement’
‘Médina Gounass n’est pas marginalisée. Ce sont des doléances exprimées légitimement. C’est là, pratiquement, la politique du gouvernement. Il y a la route de Labé, il y a la piste d’aviation…, mes services sont concernés, parce qu’il y a les Eaux et forêts qui auraient posé un veto pour s’opposer à la coupe des arbres. Donc, je vais essayer de concilier développement et protection de nos forêts. Bientôt une décision tombera et vous pouvez être persuadé qu’elle sera dans le sens de la modernisation. Je suis ravi de voir le marabout au diapason de l’actualité parce qu’il a expliqué les attentes des populations qui deviennent de plus en plus nombreuses dans cette zone. Nous avons écouté attentivement ce qu’il a dit et c’est en cohérence avec le gouvernement. Dès le retour à Dakar, chacun s’y mettra pour faire suite rapidement aux doléances des populations’.
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