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Dans l’univers incroyable des bus TATA : On laisse rouler des cercueils ambulants

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Dans l’univers incroyable des bus TATA : On laisse rouler des cercueils ambulants

Dans le projet de modernisation du transport urbain, l’Etat a mis à la disposition des usagers, des véhicules de marques différentes. Compris entre véhicules iraniens pour les taxis et minibus TATA, technologie indienne, les usagers ont le choix de voyager dans un certain confort, ou de se coller, les uns les autres, dans l’univers exigu de bus qui desservent Dakar et sa banlieue. Seulement, introduits sur le marché du transport pour rendre service, les TATA représentent de véritables dangers pour la vie des Dakarois. Touchons du bois, mais on laisse rouler des cercueils ambulants. Entre clients et responsables, on s’accuse, sans convaincre.   
  
 
À côté des cars rapides et Ndiaga-Ndiaye, un troisième type de véhicules de transport urbain circule dans la grande agglomération dakaroise, depuis près de deux ans. Un projet émis et mis en branle par le Chef de l’Etat, qui avait pour ambition de moderniser le transport urbain dakarois, en lieu et place des cars rapides «âgés», qui sont à l’origine d’un nombre incalculable d’accidents de la route. Idem pour les Ndiaga-Ndiaye, dont les chauffeurs sont perçus comme étant de véritables et réels cascadeurs. En un mot, ils font peur, même si du reste, les clients s’y bousculent encore pour trouver une place, afin de se rendre d’un point à un autre. Aussi, ce sont des destinations entrecoupées, causant au passage des disputes entre clients et apprentis «profiteurs». Sur le même registre, ce sont de longues minutes d’attente pour voir un de ces véhicules bouger de quelques mètres, car il faut avoir un maximum de clients à bord pour démarrer en grande pompe. Et, pour apporter la solution la meilleure, les autorités ont lancé sur les routes de la capitale, les minibus TATA, qui n’ont pas mis du temps pour s’imposer comme les nouveaux « rois » de la route. De nombreuses lignes, qui ne laissent aucun coin de Dakar et sa banlieue. En effet, l’on peut quitter tout endroit et regagner le centre ville, et vice-versa. C’est dire, qu’ils rendent un grand service aux usagers qui ont connu toutes sortes de déboires jusqu’au moment où, au-delà des taxis et des bus de Dakar Dem Dikk, seuls cars-rapides et Ndiaga-Ndiaye étaient encore les seules solutions pour vaquer à ses occupations.

Les bus TATA, « cousins » des cars-rapides et Ndiaga-Ndiaye

Mais, en s’introduisant dans l’univers incroyable de ces bus TATA, une difficulté récurrente apparaît, au grand malheur de ceux qui, chaque jour, voyagent à bord. Dangereux ? Répondre à une telle interrogation ne paraît pas difficile. Car, tout le monde a déjà fait la remarque, en formulant au passage de vives remarques négatives contre des chauffeurs et receveurs. D’autres, pour leur part, indexent les gérants, qui, disent-ils, se préoccupent beaucoup plus de leurs bénéfices que du confort et de la sécurité des voyageurs. Alors, où se situe le principal problème ? Marcher, se promener dans les rues de Dakar, en jetant un œil attentif sur la route, équivaudrait à voir des cercueils ambulants. Et pour cause, il ne se passe un instant, une minute, un moment, un jour, sans apercevoir des véhicules «jeunes», mais déjà « vieux », surchargés de clients qui s’entrelacent les uns les autres, comme dans une boîte de sardine. Normal, puisque ces bus ne sont pas faits pour transporter un nombre aussi élevé de clients. Et ce qui doit arriver arrive, tous les jours. Ce sont des jeunes, des personnes âgées, ou encore des femmes qui s’accrochent aux portières avec une partie du corps hors du véhicule. Danger ! Les autorités laissent faire, et laissent rouler de véritables cercueils ambulants. Les réactions ne pleuvant que si un drame se produisait. Touchons du bois, en priant qu’elles prennent les devants avant que le pire ne se produise sur les routes de Dakar.

« Les clients seuls responsables », dixit chauffeurs et receveurs

Conscients du danger, chauffeurs et receveurs sont montés au créneau pour accuser les clients. « Ils sont les seuls responsables, parce que n’ayant pas la patience d’attendre ». À ce propos, il apparaît clair pour eux, que la seule solution qui vaille doit aussi venir des clients qui doivent avant tout penser à leur sécurité, tout en reconnaissant qu’ils (les clients) font face à des difficultés dues au manque de véhicules de transport adéquats. Car, malgré le nombre de TATA qui circulent dans Dakar, le transport reste et demeure un casse-tête permanent, surtout pour ceux qui chaque jour doivent rentrer en banlieue. « Les cars-rapides et Ndiaga-Ndiaye ne font pas l’affaire. Ils font ce qu’ils veulent, et ne respectent pas les clients. Ils se foutent pas mal de savoir que parmi les clients, certains doivent aller au travail, mais ne peuvent pas prendre un taxi pour défaut de moyens », soutient un chauffeur trouvé au garage Petersen. Avant d’ajouter, «que voulez-vous ? Il faut bien travailler et nous aussi, nous sommes des pères de famille. Néanmoins, il arrive que nous ne nous arrêtions pas à certains endroits, parce que n’ayant plus de place. Parfois, ce sont des disputes avec les clients, car nous leur faisons savoir que nous devons fermer les portières. Mais rien à faire, parce que nous avons peur d’en blesser certains. Ils ne veulent pas comprendre, ou refusent de comprendre que c’est pour leur sécurité ». Et d’asséner, « si c’était seulement des jeunes, on aurait compris, mais des personnes âgées s’y mettent. Ce n’est pas facile pour nous ». Pour un responsable en charge des bus TATA, « il est conseillé aux chauffeurs et receveurs de toujours fermer les portières pour parer à toute éventualité, mais aussi, et surtout, pour la sécurité des clients ». Poursuivant ses propos, il notera, « mais, on ne peut pas dire qu’ils sont les seuls responsables. Les clients sont fautifs à 99 % étant donné que si un TATA passe, il suffira de quelques minutes pour en avoir un autre. Ils ne sont pas patients. Vous-même, savez que la bousculade est la chose la mieux partagée chez nous, Sénégalais, chacun cherchant vaille que vaille à partir en premier ».

« Non » ! répliquent les clients

Du côté des clients, on balaie d’un revers de la main toutes les accusations. Pour un usager, toujours au garage Petersen, « chauffeurs, receveurs et responsables ne pensent qu’à leur bourse ». Apportant la réplique, il insistera en soutenant encore, « ils sont les seuls responsables, car il n’y a pas autre maître à bord, si ce n’est le receveur qui commande le chauffeur. À lui de fermer les portières, ou de demander au chauffeur de ne pas bouger le car, tant que les portières ne sont pas fermées ». Faisant la comparaison avec les bus de Dakar Dem Dikk, il reviendra à la charge pour crier haut et fort, « eux, ils ne bougent pas le bus tant que leurs portières ne sont pas fermées, parce que se souciant avant tout de la sécurité des clients. Et, s’il arrivait quelque chose à des moments où ces portières ne sont pas fermées, ils savent qu’ils seront les seuls responsables, et risquent des sanctions sévères ». Pour une dame, le premier réflexe est de ne pas monter dans un minibus TATA plein à craquer. « Pour rien au monde, je ne le ferais. Ce sont des risques incalculables, et il faudra mort d’homme pour que les autorités prennent des mesures. Les policiers en charge de la circulation s’en foutant complètement, parce que l’on dit qu’ils appartiennent à l’Etat ».

Ce qui est sûr, jusqu’à preuve du contraire, à défaut d’avoir des clients matures qui sauront attendre un autre minibus moins remplis, chauffeurs, receveurs et responsables sont appelés à plus de vigilance et de restriction pour éviter toutes ces menaces d’accidents mortels qui planent sur la tête des usagers comme Damoclès avec son épée.

Le niveau d’implication des assurances en cas d’accidents

Pourtant, nombre des voyageurs, un pied dehors, un pied dans les bus TATA ne sont pas pris en charge par les assurances en cas d’accident. En effet, sont pris en considération par les assurances, ceux qui sont bien à l’intérieur de ces bus. En d’autres termes, ceux qui aiment tant jouer à la souplesse ne mesurent pas le niveau de danger auquel ils s’exposent. Car, suffit-il d’une chute mortelle, d’une collision avec un autre obstacle pour se voir abandonner par les assurances. Plus compliqué encore, faut-il, au cas d’un malheureux incident que les portières soient bel et bien fermées pour que les assurances puissent prendre en charge ceux qui ont été touchés. Ceci, comme nous l’expose un responsable d’une société d’assurance, qui assure que les assurances ne prennent en considération, et en charge que le nombre de places limitées. En un mot, nombre de clients voyagent à bord de ces bus, ignorant ou mettant de côté, le temps d’un parcours, leur propre sécurité, même s’il existe certaines marges.

Cependant, force est de reconnaître que les bus TATA restent et demeurent un danger permanent pour les usagers. En effet, à défaut d’une surcharge exponentielle, les chauffeurs roulent à des vitesses qui font également peur. Des cas d’accidents sont déjà enregistrés, et des chutes notées, même si ce n’est pas encore la grande stupéfaction. Mis en circulation dans un état neuf, nombre de ces bus affichent déjà un profil vieillissant. La raison est toute simple. Prêter une attention particulière aux surcharges de ces cercueils ambulants qui chaque jour verse une somme importante (près de 75.000 francs Cfa par bus, selon les lignes). Tout le monde laisse faire, en attendant le…pire. Vrai, mais incroyable !

Par ailleurs, il est également important de penser aux personnes âgées, aux malades, handicapés, mères et enfants qui restent debout tout au long d’un voyage, pendant que des jeunes sont confortablement assis.



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