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David WHITE, Chef du département Afrique du Financial Times : ‘Il faut sensibiliser davantage les candidats à l'émigration’

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David WHITE, Chef du département Afrique du Financial Times : ‘Il faut sensibiliser davantage les candidats à l'émigration’

De passage à l'aéroport international de Dakar-Bango, à Saint-Louis, pour la couverture médiatique des opérations de rapatriement des émigrés clandestins sénégalais, David White, journaliste, responsable pour l'Afrique du quotidien Financial Times de Londres, estime, dans l'entretien qu'il nous a accordé, qu'il appartient aux pays européens d'augmenter les possibilités d'immigration légale en vue de mieux contrôler les flux migratoires.

Wal Fadjri : Vous avez assisté à cette opération de rapatriement, qu'est-ce que cela vous inspire ?

David White : Les réactions des rapatriés sont unanimes. Ils ont d'abord exprimé leur colère et ont dit qu'ils vont essayer à nouveau de repartir en pirogue, car, comme ils l'ont souligné, il n'y a rien ici (au Sénégal) pour eux. Si on rapatrie des gens qui vont ensuite risquer la vie une autre fois, il faut trouver d'autres moyens pour résoudre leurs problèmes. Il appartient aux pays européens d'augmenter les possibilités d'immigration légale au lieu de forcer ces gens à prendre la mer illégalement et avec beaucoup de risques.

Wal Fadjri : Seriez-vous d'avis qu'en instaurant le système d'émigration légale à la place de l'émigration clandestine, le problème serait réglé ?

David White : Il y a des possibilités d'immigration légale, mais elles sont très limitées. Le problème ne sera jamais tout à fait réglé, mais il est question surtout de le gérer. Sinon, ça va poser des problèmes énormes sur le plan humanitaire et sur le plan organisationnel pour les pays récepteurs. Ces pays ont aussi besoin de main-d'œuvre et de jeunes gens. Il y a de la place là-bas. Ce qui arrive avec l'émigration illégale, c'est que les gens y vont avec beaucoup d'espoirs qui sont exagérés sur ce qui les attend là-bas. Maintenant on doit aller vers une immigration légale, étant entendu qu'il faut sensibiliser les gens sur ce qui les attend sur place, qu'ils puissent y aller en toute connaissance de cause.

Wal Fadjri : Voulez-vous dire qu'au niveau du continent africain, il urge de mettre l'accent sur la sensibilisation des jeunes en vue de leur expliquer ce qui les attend de l'autre côté ?

David White : Oui, tout à fait. Et c'est aussi un travail des pays européens. Je sais que l'Espagne va mener incessamment au Sénégal une campagne de sensibilisation. Car il y a une part d'ignorance dans ce trafic. C'est une tragédie humaine, non seulement que les gens se lancent dans une aventure très dangereuse, mais qu'ils partent sans savoir ce qui les attend de l'autre côté.

Wal Fadjri : L'Europe a-t-elle suffisamment de place pour accueillir ces jeunes émigrés ?

David White : La population double celle de l'Europe. Si tous les Africains y vont à la fois, cela ne manquera pas de poser des problèmes de société, de santé, etc. Mais il ne s'agit pas de la population d'Afrique. Je pense que l'Europe a la capacité d'accueillir suffisamment d'émigrés africains. Cependant, il faut reconnaître que l'Europe traverse des moments de panique, parce qu'elle estime ne pas être capable de gérer ces problèmes d'immigration clandestine. Mais je pense qu'il est possible de le faire. Il leur faut juste une politique beaucoup plus ouverte.

Wal Fadjri : Est-il possible aujourd'hui d'arrêter l'émigration clandestine ?

David White : Je ne pense pas qu'il soit possible de l'arrêter. Les côtes sont très longues, les candidats à l'émigration clandestine ont beaucoup de volonté pour partir et il y a beaucoup d'argent derrière. Les passeurs et autres intermédiaires y trouvent leurs comptes. Il faudrait qu'il y ait un endroit où les gens puissent aller pour s'informer sur les possibilités d'émigration et sur ce qui les attend quand ils débarqueront. Ils peuvent avoir des papiers pour faire ça de manière propre et légale et sans danger. Malheureusement, beaucoup de gens partent pour découvrir ensuite que les conditions ne sont pas nécessairement très favorables. Ils y vont sur la base d'une simple déclaration d'un parent ou d'un ami établi dans ces pays qui leur dit que c'est merveilleux et qu'il faut qu'ils viennent. Vivre sans travail en Europe est moins joyeux que de vivre sans travail au Sénégal.

 



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