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Deguène Chimère Diallo se confie : « Un fils d’immigré droguait sa mère et sa tante en leur servant du thé avant de les violer »

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Deguène Chimère Diallo se confie : « Un fils d’immigré droguait sa mère et sa tante en leur servant du thé avant de les violer »
Pour les victimes de violences conjugales, d’inceste, de viol ou de pédophilie, Deguène Chimère est « la confidente », celle qui peut tout entendre, et fait renaître l’espoir dans un cœur rongé par la misère humaine. Voilà plus de quinze ans que la voix mélodieuse et captivante de l’animatrice de « Confidences » secoue les ondes, émeut les auditeurs, et attendrit les cœurs. De ses débuts à la radio au lancement de son nouveau site internet, en passant par le « Takussanou Ndar », sa conception de la polygamie et sa passion pour la coquetterie, Deguène chimère Diallo se dévoile et répond aux questions de Momar Mbaye.

Entretien

Qui est Deguène Chimère Diallo ?
 

Déguène Chimère : Je suis Saint-Louisienne, ancienne élève du lycée d’application et diplômée de comptabilité. Je ne pensais pas que j’allais travailler dans les médias. J’y suis entrée par effraction en 1995, lorsque j’ai effectué des tests à la radio Dunyaa. Cela s’est bien passé et je suis devenue animatrice dans un premier temps. Les doyens Gora Guèye, Abdoulaye Lam, Ady Wade et autres m’ont encadrée. Comme beaucoup d’autres, j’ai été formée sur le tard. Je présentais des éditions en français, des émissions interactives et thématiques en wolof comme « Eutou Djiguène yi » et « Confidences ». J’ai par la suite démissionné de la radio Dunyaa en 2000 pour devenir actionnaire et gérante de la radio Diamono FM, avant de larguer les amarres à Envie Fm en 2003-2004. J’ai ensuite rejoint Océan Fm où j’animais l’émission Confidences et Salagne Salagne et plus tard le site Seneweb pour Confidences. J’ai démissionné il y a deux semaines pour créer ma propre structure, le groupe Dechiba. Cela fait quinze ans aujourd’hui que l’émission existe. Elle poursuit son petit bonhomme de chemin.
 

Justement, ils ont été très nombreux à  vous rester fidèles, quelle que soit la radio où vous officiez. Comment expliquez-vous cet attachement et quels enseignements tirez-vous de ces années à l’écoute et au service des auditeurs ?
 

Deguène Chimère : Je pense que c’est une question de sensibilité. La confidentialité, le secret y sont pour quelque chose aussi, car ce qui vient du cœur ne peut qu’aller droit au cœur. Nous avions un slogan : « partager vos cris du cœur. » Je peux dire que pendant quinze ans, j’ai écouté au minimum 50 personnes par semaine. Si je devais multiplier cela par 52 semaines, multiplié par 15 ans, je ne saurais évaluer le nombre de personnes à qui j’ai prêté une oreille attentive. En dehors de la confidentialité, il s’est développé avec les auditeurs une sorte se complicité. Nous avons un crédo : écouter avec le cœur. J’ai eu à écouter des sidéens, des personnes victimes de viol, et je pense que traiter des thèmes de cette nature nécessite une grande confidentialité.
 

Vous avez cheminé avec Aminata Sall, Gayesiré et le regretté Ibrahim Jacky auprès de Ben Bass Diagne, le président du groupe Excaf Télécom. Quelles relations entretenez-vous avec ce dernier ?

 

Deguène Chimère : Je profite de l’occasion pour rendre hommage à Ibrahim Jacky et prier pour le repos de son âme. J’ai animé ma première émission Confidences avec lui, il a assuré la partie technique et guidé mes premiers pas. Quant à Gayesiré, c’est une sœur pour moi, une jumelle je dirais. A Aminata Sall, je présente mes condoléances suite au décès de son mari. Pour revenir à Ben Bass, c’est un parent, un cousin à mon père. Je le considère comme un mentor. Un jour, alors qu’il était venu rendre visite à la famille, il m’a dit, « tu as une voix que j’aimerais tester à la radio. Passe voir Baye Ndao ». À l’époque il n’y avait pas beaucoup de radios privées au Sénégal. On disait de moi que j’avais la voix chantonnante. Au début, même à la radio, on se moquait de moi, on m’appelait Mireille Mathieu. J’avais aussi beaucoup d’admiration pour Élisabeth Ndiaye et Sokhna Dieng que j’aimais imiter. Mes collègues me trouvaient très motivée. La première fois que j’ai présenté les brèves en direct, j’étais comme paralysée, scotchée sur la chaise à cause du tract. En cinq ans, j’ai beaucoup appris. Au-delà de la parenté qui nous lie, Ben Bass est une référence dans le paysage audiovisuel sénégalais.

 

Quels ont été le ou les cas qui vous ont le plus interpellée depuis que vous animez l’émission Confidences ?
 

Deguène Chimère : Je peux citer beaucoup de cas, mais je vous parlerais d’Isabelle, une enfant abandonnée à la naissance et accueillie par les sœurs franciscaines pendant deux mois, avant d’être adoptée par un couple de Français. Elle a ensuite vécu à Abidjan puis en Europe. Devenue adulte, elle est revenue au Sénégal chercher ses parents, après qu’elle a fait la connaissance d’une voisine qui un jour, lui a fait remarquer qu’elle avait les traits sénégalais. La jeune fille confirma qu’effectivement, ses parents étaient sénégalais, mais qu’elle ne les connaissait pas, et qu’elle souhaitait les retrouver, parce qu’elle avait été adoptée à la naissance. On lui a alors recommandé l’émission Confidences. Elle revenue au Sénégal à l’âge de 28 ans. Je l’ai reçue à la radio, on a démarré l’émission, et une demi-heure plus tard, sa mère s’est manifestée et nous a rejoints avec d’autres membres de la famille. Les retrouvailles se sont passées dans mon bureau même, c’est un jour que je n’oublierai pas.

Il y a aussi le cas d’une jeune orpheline qui m’a beaucoup marquée. De 8 ans jusqu’à l’âge de 14 ans, elle s’est fait violer par son frère, aîné de la famille et symbole de la figure paternelle. Cela s’est passé dans une région reculée du Sénégal. La jeune fille, qui en avait marre d’être violée impunément, eut beaucoup de mal à en parler à son entourage. Elle s’est auto-mutilée un beau matin, vers 6h, alors qu’elle préparait le petit déjeuner et faisait bouillir du quinquéliba. Elle avait ouvert les jambes et avait déversé le liquide chaud sur sa partie génitale. Internée à l’hôpital Régional, beaucoup croyaient à un accident alors qu’il n’en était rien. Plus tard, lorsqu’elle est rentrée chez elle, le frère a voulu de nouveau abuser d’elle. C’est par la suite que la jeune fille a fugué et est venue me voir à Dakar. On l’a soutenue jusqu’au bout, même si le processus de reconstruction a été très long. Elle est devenue une grande animatrice dans une radio de la place. Aujourd’hui, elle vit en Amérique.

Il y a aussi le cas d’un fils d’émigré, un jeune délinquant qui droguait sa mère et sa tante en leur servant du thé avant de les violer. Les deux sont tombées enceintes. Tous ces cas ont été abordés dans l’émission mais dans la plus grande confidentialité. Je fais en sorte que la personne concernée et les victimes ne puissent pas être reconnues à travers l’émission. Je change le nom au besoin, l’adresse, la localité et toutes autres données relatives à leur sujet. Je peux vous dire que même mon époux ne connaît les personnes ou les cas dont je traite. C’est un respect que nous devons à ceux qui nous écoutent et nous font confiance.
 

En dehors des mariages forcés et des violences faites aux femmes, vous abordez des sujets tabous comme le viol, l’inceste ou la pédophilie. Que vous inspire la recrudescence de ces phénomènes dans la société d’aujourd’hui ?
 

Déguène Chimère : Il faut dire que ces phénomènes ne datent pas d’aujourd’hui. Il fut des temps où l’on hésitait à lire certaines lettres pour éviter d’être insulté à l’antenne. A l’époque, les gens n’étaient pas prêts pour entendre ce genre de choses, mais les mentalités ont beaucoup évolué. La floraison des organes de presse y est pour quelque chose, il faut le reconnaître. Mais je pense qu’il faut utiliser les nouvelles technologies à bon essien. Vous voyez par exemple un charretier, donc n’importe qui, qui peut rentrer dans un cybercafé pour visionner des films porno, des images pédophiles. C’est ce genre de personne peut être amené à violer une petite fille.

             

Très concrètement, qu’est-ce que l’émission Confidences a changé dans le quotidien des Sénégalais, les femmes en particulier?

       

Deguène Chimère : Je dirais que les femmes d’aujourd’hui osent dénoncer certains comportements. Avant, beaucoup de choses relevaient du tabou. Il y a par exemple le cas d’une femme qui, pour aider son frère (un cartouchard), lui a ouvert un cybercafé, alors que ce dernier était en train de déflorer sa fille de 4 ans. Un autre cas, une fille qui, à 3 ans, a été violée par sodomie, elle ne pouvait plus s’asseoir parce que souffrant d’une infection généralisée. De nos jours, la femme ose dénoncer un mari pédophile. D’ailleurs, j’invite les femmes à rester vigilantes. Le manque de communication qui prévalait au niveau des couples à tendance à disparaître, car les mères et filles se parlent maintenant, elles se confient, elles deviennent complices. Confidences a beaucoup contribué au changement des mentalités, car aujourd’hui, il y a de moins en moins de bébés abandonnés à la naissance. L’association Ndenkané-Partage accueille volontiers les jeunes filles qui seraient tentées d’abandonner leurs bébés.
 

Parlons de l’association « Ndénkané-Partage », qui aussi est votre bébé.
 

L’association a été créé il y a un an et demi grâce à l’émission Confidences. Son objectif principal est de sauver des vies et de venir en aide aux personnes démunies. Que ce soit pour une personne qui a besoin de prothèses, une autre qui souffre de maladie cardiaque, bref, nous avons lancé des SOS pour résorber les cas les plus désespérés. C’est une chaîne de solidarité extraordinaire, qui va du marchand ambulant à l’étudiant en passant par la vendeuse de cacahuètes au coin de la rue. Il s’agit d’assister les nécessiteux, les aider à avoir accès aux soins de santé. Grâce à Ndenkané-Partage, des personnes ont été évacuées à l’étranger pour des besoins de santé avec le concours de l’Etat.
 

Dechiba.com, votre nouveau site internet, c’est aussi une radio et une télé en ligne. Quelles nouveautés comptez-vous apporter aux internautes et quelles sont les orientations du site ?
 

Deguène Chimère : Le groupe Déchiba est composé d’une agence de com et de marketing social. Il comprend aussi le site dechiba.com, qui englobe Bégué Tv online et Bégué Radio online. On envisage de faire un journal, un mensuel. Nous avons concocté un menu très alléchant aux visiteurs du site. Faites un tour et vous verrez.
 

Parlez-nous de votre grand père, l’ancien maire de Saint-Louis, Abdoulaye Chimère Diaw

 

Déguène Chimère : C’est une référence en matière de vertu, une icône pour la jeune génération. Abdoulaye Diaw Chimère a créé beaucoup d’emplois à Saint-Louis. Il a contribué sainement à l’assainissement des mœurs. Tout ce qu’on lui souhaite, c’est de rester parmi nous, de nous accompagner encore, parce que la jeunesse a besoin de référence.
 

On vous décrit aussi comme quelqu’un de très coquette, à l’image de beaucoup de femmes de Saint-Louis. Justement, qu’y a-t-il de si particulier chez la femme Saint-Louisienne ? Aujourd’hui, peut-on encore parler de « takoussanou Ndar » ?
 

Deguène Chimère : A Saint-Louis, dès le bas âge, on vous inculque des valeurs, on vous apprend comment parler, comment s’habiller, se tenir : on vous apprend le savoir-être. Ce sont des valeurs à conserver. Ma grand-mère par exemple, dont je porte le nom, mettait ses plus belles parures avant d’entrer dans la cuisine. En tant que Saint-Louisienne, je revendique avec fierté cette ‘citoyenneté’. J’essaie de reparfaire cette image. Une femme doit être ‘diongé’, c’est tout un art, toute une culture. Quant au Takussanou Ndar, elle n’est plus ce qu’elle fut dans le passé, la crise économique est passée par là. C’était en quelque sorte le charme de la ville de Saint-Louis, dont je souhaite qu’elle retrouve son lustre d’antan. Toutefois, le « soutoureu » et le « sagg » sont encore d’actualité, tu peux aller à Saint-Louis sans remarquer les méfaits de la crise.
 

Quel jugement Adja Déguène porte-t-elle sur la polygamie ? Accepteriez-vous une coépouse ?
 

Deguène Chimère : La religion musulmane autorise la polygamie, à certaines conditions bien sûr. Il faut traiter les épouses avec équité, mais les hommes de nos jours font comme bon leur semble. Pour le moment je suis première, deuxième, troisième et quatrième femme. Personnellement, la polygamie ne me dérange pas. Si c’étais mon cas je l’accepterais. Je vous fais une confidence : j’ai eu une coépouse pendant une semaine. (Elle éclate de rires).
 

Vous êtes marié à un avocat et homme politique, Me Abdoulaye Babou pour ne pas le citer. Parlez-vous politique à la maison ?
 

Deguène Chimère : On parle politique, je lui donne mon avis et il en tient compte. Je suis passionnée de politique. On entre parfois dans des discussions houleuses. Il me demande mon avis sur beaucoup de choses. N’oubliez pas que derrière chaque homme, il y a une femme. Parfois, quand je remets en cause certaines de ses idées, il me répond : « tu ne comprends rien à la politique ! »

       

Envisagez-vous de faire de la télé ?
 

Deguène Chimère : Oui, c’est prévu, mais je ne veux pas faire n’importe quoi. Je pense déjà à une production mensuelle, l’idée est en train de mûrir.

             

Avez-vous un message à lancer aux auditeurs et internautes ?
 

Deguène Chimère : Dechiba est notre bébé, aujourd’hui on a besoin de la contribution des femmes sur tous les plans, à l’heure où l’on parle de parité. Il faudrait que les femmes investissent davantage le monde des nouvelles technologies. Je peux dire que je fais partie des pionnières dans ce domaine. Nous avons des ambitions. Il faut nous soutenir, nous conseiller. Je lance un appel aux internautes et aux annonceurs. Venez-nous rejoindre sur www.dechiba.com

Dechiba mooko yor.

 http://.mbayemomar.over-blog.net
 


1 Commentaires

  1. Auteur

    Ccgvhj

    En Novembre, 2011 (20:54 PM)
     :love: 
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