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DES CENTAINES DE JEUNES DEGUERPIS DE SANDAGA : Attention au retour en force des agresseurs !

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DES CENTAINES DE JEUNES DEGUERPIS DE SANDAGA : Attention au retour en force des agresseurs !

«Waw, man dama rer am Sandaga la nek !» (suis-je bien à Sandaga ou me suis-je égaré?). Cette interrogation d’un jeune homme, la main sur le menton, figé comme s’il venait d’être parachuté sur une autre planète, donne une large idée de la métamorphose de Sandaga, ce jeudi 15 novembre. Du kiosque de la Sonatel qui était bien en évidence sur le rond-point, installé en face de la célèbre boutique de Mor Maty, il ne reste que quelques baffles. Des agents de sécurité sont encore sur les lieux, mais plus pour longtemps. Debout ou assis sur les barrières, plus d’une centaine de jeunes, en majorité en jeans et hauts prêts du corps, regardent les véhicules passer. Derrière eux, il n’y a plus les étals d’habits, de chaussures, de sous vêtements pour femmes, de cacahuètes…La circulation n’a jamais été aussi fluide ! Les commerces de prêts à porter, d’effets de toilettes, de Cd et de cassettes, de vaisselles qui longeaient la devanture de la boutique de Mor Maty ont disparu. Sandaga est méconnaissable. Désœuvré, un marchand ambulant lance à une jeune fille : «aujourd’hui, tu vas me donner à manger parce que je n’ai rien pour acheter le repas de midi». Il est loin d’être le seul dans ce cas, puisque la restauratrice réplique avec le sourire : «si c’est cela, je vais rentrer avec 0 franc de recettes, parce que vous faites tous la même demande». La vendeuse de banane, qui arrive au bon moment, est assaillie. A défaut du «tiébou dieune» traditionnel... De temps en temps, des marchands ambulants téméraires, tirent quelques articles de leurs sacs et les proposent.

Je suis là depuis 15 ans….

Massamba Faye, domicilié à Guédiawaye, marié, 4 enfants, sac au dos, fait des va et vient et propose aux passantes un paquet de maquillage et d’ongles artificiels. «Je suis ici depuis 1992. Abdoulaye Wade, nioko fal, moniou foli (c’est nous qui l’avons élu, il nous a destitué). Les ordres ne viennent pas du gouverneur, ni du ministre de l’Intérieur, mais de lui. Que pouvons-nous y faire ? Je vais rester là, jusqu’au soir, pour avoir la dépense quotidienne. J’ai été en Espagne, on m’a fait revenir. Si je ne vois plus de solution, je vais agresser».

Son compagnon d’infortune, trouvé à quelques mètres, qui préfère garder l’anonymat, estime qu’ils sont plus de 1000 à ne compter que sur ce commerce pour gagner leur vie. Il embouche la même trompette que Massamba Faye et pense qu’il ne faudrait pas être surpris si les agressions connaissent une recrudescence. «Pour le moment, nous allons grignoter sur les miettes qui nous restent, pour ceux qui en ont, ensuite, Dieu seul sait…»

«Sous Diouf, beaucoup d’entre nous étaient des agresseurs…»

«Sénégal, c’est la France», lance un jeune homme, dans un rire qui sonne faux. Autour de lui, des murs nus. Tous les vendeurs de tableaux et autres objets d’art sur Peytavin ont plié bagages. Les artères sont dégagées, comme les jours de grandes fêtes, mais Ousmane Faye et ses amis sont loin de festoyer. Tout de même, le peintre reconnaît. «C’est joli à voir et cela permet aux véhicules de circuler normalement, mais cela a été trop brusque. Abdoulaye Wade a parlé lundi, mercredi nuit, ils ont commencé leurs opérations. Ils auraient au moins pu attendre après la Tabaski. Nous ne sommes pas dans un pays développé, c’est dur d’avoir du travail. C’est à croire qu’ils veulent nous pousser dans le banditisme. Je l’avoue, beaucoup d’entre nous étaient des agresseurs du temps de Abdou Diouf. Quand Wade est venu, il nous a conscientisés sur le travail, nous y avons cru et maintenant voilà… Actuellement, la principale préoccupation du peuple, c’est la cherté de la vie ; le désencombrement, cela peut attendre. De toutes les façons, nous allons attendre deux ou trois jours, après, nous reviendrons. S’ils nous interdisent de nous installer, je ne le souhaite pas, mais nous risquons d’en arriver à certaines extrémités». 

La rue Sandiniéry, qui n’a pas encore reçu la visite des forces de l’ordre, est un cauchemar permanent pour automobilistes et piétons. Pape Mbengue n’y va pas par quatre chemins pour dire qu’il n’y a aucune solution à l’encombrement. Il faut le subir, point barre ! «Ce sont les camions et les pousse-pousse qui posent problème ici, or, ils sont indispensables. Ce sont les camions qui apportent les marchandises, ce sont les pousse-pousse qui permettent de livrer les clients. Pour ce qui est des commerçants qui exposent jusque devant les boutiques, ils paient à la mairie. C’est un espace qu’on nous vend, nous avons parfaitement le droit d’y exposer nos produits».                          

Est-ce bien l’avenue Petersen ? Il est un peu plus de 12 heures. En venant du centre ville, du côté gauche, des dizaines de mécaniciens, en tenue de travail, s’affalent à même le sol. Après le passage du gouverneur de Dakar, ils n’ont plus qu’à se tourner les pouces. Les allées, qui ont subi un grand coup de balai, sont vides. Plus de pièces détachées sur la chaussée, plus de meubles exposés, plus d’étals de «chinoiserie». Çà et là, traînent deux ou trois mendiants. Des policiers en tenues veillent au grain. Au niveau du rond-point, un agent de nettoiement, qui, d’habitude ne travaille que la nuit, débarrasse la chaussée des sachets de plastiques et autres ordures. En voilà un qui aura désormais moins de boulot. Comme quoi, le malheur des uns, fait le bonheur des autres.



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