DESENCLAVEMENT DE LA CASAMANCE - Voyage inaugural du bateau Aline Sitoé Diatta : Indifférence à Dakar, effusions de joie en Casamance

Le bateau Aline Sitoé Diatta a effectué son voyage inaugural entre Dakar et Ziguinchor dans la nuit de samedi à dimanche. Si le départ du bateau de la capitale est passé presque inaperçu, il n’en a pas été de même de son arrivée en Casamance.

Le bateau Aline Sitoé Diatta a quitté Dakar samedi dernier dans la soirée, pour effectuer son tout premier voyage en direction de Ziguinchor. Un évènement qui s’est déroulé dans une discrétion quasi-totale, Oci oblige. D’ailleurs, même dans le port de Dakar, le remplaçant du Willis, passait inaperçu, est éclipsé par le gigantesque et luxueux Msc Musica, auprès duquel il était amarré. La différence de proportions entre les deux navires donnait au bateau Aline Sitoé Diatta, d’une dimension pourtant tout à fait respectable, des allures de frêle esquif.

Une cérémonie inaugurale devait avoir lieu à 15 h, en présence du Président Wade. Mais ce dernier n’est finalement pas venu, et la cérémonie n’a pas pu se tenir.

Pour cette première traversée, il était convenu de lever l’ancre à 20h, mais c’est bien après la tombée de la nuit, sur les coups de 22h, que le bateau a commencé à manœuvrer. Pour le commandant de bord, le commandant Matar Fall, ce retard n’augure en rien l’avenir. Il s’agirait d’un simple contretemps, dû au baptême de la liaison. Après un dîner qui a été servi à bord, les passagers -des journalistes, le ministre de l’Economie maritime Souleymane Ndéné Ndiaye, et quelques invités triés sur le volet- ont été priés de se réunir dans la salle de réception, pour une mise au point concernant la sécurité. Il leur a notamment été fait une démonstration du port du gilet de sauvetage. Mais, cette réunion avait surtout pour but de rassurer les voyageurs, pour les convaincre que les tragédies du passé ne pouvaient pas se reproduire. Tout le dispositif qui serait mis en œuvre en cas d’incident technique a ainsi été minutieusement détaillé, ainsi que toutes les précautions matérielles qui ont été prises. Par exemple, le nombre de places dans les canots de sauvetage excède la capacité d’accueil de Aline Sitoé Diatta, les issues du secours sont indiquées et destinées à rester éclairées, des détecteurs de fumée sont implantés un peu partout, et le personnel a reçu une formation spéciale, qui en soins, qui pour maîtriser les incendies, etc. Chaque membre d’équipage a, en cas de problème, un rôle qui lui est assigné et auquel il doit se tenir.

Après une nuit de navigation très calme, le bateau est arrivé hier à l’embouchure du fleuve Casamance, aux alentours de 10 heures du matin. Mais, il a encore fallu trois bonnes heures pour atteindre la ville verte, 15 heures après avoir quitté la capitale.

A Ziguinchor, l’arrivée du bateau Aline Sioté Diatta a été nettement plus remarquée que le départ de la veille. C’est un véritable comité d’accueil qui attendait les tout premiers passagers de la liaison maritime. Au menu, musique, danses et discours. Les personnalités casamançaises ont reçu en grande pompe le ministre et l’ensemble du protocole. Les curieux étaient aussi nombreux à avoir fait le déplacement jusqu’au port. De nombreux habitants de la région se réjouissent de la reprise des rotations maritimes entre la capitale et Ziguinchor, à l’instar de Julie Escalié, Française installée en Casamance : «Nous attendions cette liaison avec impatience : par avion, c’était trop cher de rejoindre Dakar, et en voiture, trop compliqué», explique-t-elle. Mais chez certains, notamment les commerçants et les femmes bana bana, la réaction est beaucoup plus mitigée. En effet, ils trouvent les tarifs pratiqués inabordables, et menacent de boycotter le navire. Lors de son discours, le maire de Ziguinchor a d’ailleurs relayé ces doléances.