Détournement présumé à l’Uden : Des dizaines de millions des cotisations sociales dans les poches du trésorier

Un détournement d’une dizaine millions de francs Cfa a été constaté dans les comptes de l’union démocratique des enseignants du Sénégal (Uden).Le mis à cause n’est personne d’autre que le trésorier général dudit syndicat. 

C’est un Mamadou Diop Castro surpris et perplexe à la fois qui a fait face à la presse, hier, pour confirmer le détournement d’une dizaine de millions de francs dans les comptes de l’Union démocratique des enseignants du Sénégal (Uden). Cette forte somme, évaluée par certains à des centaines de millions de francs, représente les cotisations sociales des douze mille militants de 2008 à nos jours. Le coupable désigné de cette malversation n’est personne d’autre que le trésorier du bureau exécutif national de l’Uden. Le mis en cause a, lui-même, reconnu les faits, selon le patron de l’Uden. Et il s’est engagé à rembourser intégralement les montants détournés ces trois dernières années.

Mais en attendant les investigations de la Commission centrale de contrôle, le bureau exécutif de l’Uden a suspendu le présumé coupable. A en croire le patron de l’Uden, entouré de ses différents collaborateurs du bureau exécutif qui ont décidé de faire face, avec lui, à cette situation, il n’y aura pas d’impunité. Et une plainte pour détournement, faux et usage de faux sera déposée bientôt devant la justice après consultations des conseillers juridiques de l’Uden. Une plainte que le patron de l’Uden justifie par le préjudice matériel et moral que le syndicat a subi ces dernières années.

Mamadou Diop Castro, le secrétaire général de l’Uden, est revenu sur le modus operandi du trésorier pour subtiliser toutes ces sommes d’argent pendant un si long temps, au nez et à la barbe du bureau exécutif et de lui-même sans susciter des soupçons. ‘Le camarade, par des pratiques multiples - imitation de la signature du secrétaire général, non versement du montant global de retrait effectif - a pu détourner des sommes importantes’.

Sans pour autant le dire formellement, Mamadou Diop Castro croit savoir que si le trésorier a pu faire un détournement de tels montants, il a bénéficié certainement de complicités au niveau de certains agents de la direction du Trésor ainsi qu’au niveau de certaines banques de la place où l’Uden dispose de comptes. Pour cause, Mamadou Diop Castro ne s’explique pas pourquoi le Trésor qui avait l’habitude d’envoyer, au syndicat basé à Derklé, un avis de crédits, a cessé subitement de le faire à partir 2008. De même que certaines banques.

Cette indisponibilité des ressources est, d’après Castro, ce qui a retardé le congrès du syndicat qui devait se tenir depuis 2008. D’ailleurs, l’actuel patron de l’Uden a pris l’engagement de se retirer de la tête du syndicat au prochain congrès. Mais depuis lors, déplore-t-il, l’Uden ne peut aller en congrès à cause de la difficulté de mobiliser les moyens nécessaires à son organisation. Une situation qui a obligé, selon Mamadou Diop Castro, l’Uden à vivre au ’ralenti’. De même, le syndicat n’a pas pu honorer ses engagements envers l’Unsas de Mademba Sock dont elle est le principal pourvoyeur de fonds avec 1 million 800 mille francs de cotisations mensuelles. Sur ce point, Castro a déploré qu’à cause de cela, on ait voulu le mettre en mal avec Mademba Sock, en l’accusant de vouloir étouffer la centrale. Alors qu’il n’en est rien. Au nombre de ces difficultés, il y a aussi le non versement par l’Etat des cotisations syndicales des militants de l’Uden.

PERTURBATIONS EN VUE DANS LE MOYEN SECONDAIRE : Le Cuse se prépare à une grève générale de 72 heures à partir du 15 juin

Malgré la rencontre avec le Premier ministre, le 31 mai dernier, le Cadre unitaire des syndicats d’enseignants n’est pas dans les dispositions de lever son mot d’ordre de grève. Bien au contraire. Le Cuse s’apprête à faire une marche nationale le 14 juin prochain. Celle-ci sera suivie d’une grève générale de 72 heures, les 15, 16 et 17 juin prochains. C’est ce qu’a révélé, hier, Mamadou Diop Castro.

Le Cuse continue d’exiger le respect des accords signés avec le gouvernement, ces dernières années, au moment où ce dernier soutient le contraire. ‘Le Cuse a fait l’évaluation des engagements du gouvernement, mais n’est pas satisfait des réponses’, a fait savoir Mamadou Diop Castro de l’Uden. Parmi les points qui restent à régler, il y a ceux qui sont pédagogiques, sociaux et de l’habitat. Il n’y a que la Zac de Mbao qui est réglée. Dans les régions, les enseignants attendent de recevoir leurs parcelles. De plus, Castro a déclaré que, sur l’entrée en sixième, l’on ne sait pas le coup que le gouvernement prépare cette année après avoir annoncé sa suppression. ‘Nous avons besoin d’un gouvernement plus attentif aux revendications des syndicats. C’est le manque de volonté et le manque de disponibilité des autorités qui nous poussent à élever le ton et à aller en grève’, souligne le patron de l’Uden.

MAMADOU DIOP CASTRO (SECRETAIRE GENERAL DE L’UDEN) : ‘Le ministre de l’Education adopte une attitude qui fait honte à tous les syndicalistes’

Le secrétaire général de l’Uden n’a pas manqué, hier, de répondre au ministre de l’Education Kalidou Diallo qui a soutenu dernièrement que la ‘grève du Cuse n’était pas syndicale’. ‘Nos grèves sont syndicales, c’est le discours du ministre qui est tendancieux et politicien’, a-t-il rétorqué. Avant de déclarer que ‘le ministre de l’Education est un homme du sérail, en tant qu’ancien syndicaliste, mais adopte une attitude qui fait honte à tous les syndicalistes’. Et d’ajouter : ‘Nous avons le droit de nous battre contre la discrimination des organisations, imposée depuis Moustapha Sourang pour isoler l’Uden. Nous sommes tous des syndicats, mais le gouvernement choisit de parler avec certains et pas avec d’autres.’ En tout état de cause, Mamadou Diop Castro déclare, à qui veut l’entendre, qu’aucun syndicat ne peut revendiquer la paternité des décrets que le gouvernement vient de publier sur les passerelles professionnelles, la validation des années de contractualisation, l’ouverture des Crf. D’après lui, c’est l’Uden qui avait posé, depuis 1995, certaines de ces revendications comme des passerelles professionnelles au moment où les autres syndicats n’étaient pas encore nés.