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DIFFICILE POUR LES POPULATIONS DE TROUVER DU SUCRE DANS LES BOUTIQUES : Une conséquence de la baisse des prix décidée par l'Etat

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DIFFICILE POUR LES POPULATIONS DE TROUVER DU SUCRE DANS LES BOUTIQUES : Une conséquence de la baisse des prix décidée par l'Etat

Le sucre est presque introuvable dans les boutiques de nombre de quartiers de Dakar. La cause, les détaillants, qui considèrent la décision de l'Etat de faire baisser les prix des denrées comme une injonction à vendre à perte, ont décidé tout simplement de boycotter cette denrée essentielle.

La justifiant par une volonté de soulager les populations qui se heurtent au quotidien à l'équation presque insoluble de l’acquisition des denrées de premières nécessité, du fait de leur coût hors de portée de leurs bourses, la baisse des prix des 7 denrées que sont le sucre, le riz, l'oignon, la tomate, le savon, le lait et l'huile, qui est entrée en vigueur le 2 février dernier, n'a guère produit l'effet escompté. Une telle décision s'est en réalité révélée même être une source de difficultés pour les populations. La raison est toute simple. La percevant comme une injonction de l'Etat à vendre à perte, au moment où les grossistes auprès de qui ils s'approvisionnent continuent à maintenir intacte leur marge bénéficiaire et que l’Etat garde jalousement ses taxes, les commerçants détaillants ont réagi, mais sans tambour ni trompette. Après avoir fait, un temps, les frais du dispositif de veille et de répression contre la spéculation, qui a saisi des quantités importantes de ces produits dont ils refusaient de baisser le prix, les détaillants boycottent un de ces produits parmi les plus consommés : le sucre. Résultat, il est quasi impossible pour les populations de trouver du sucre aussi bien en morceau qu'en poudre dans les boutiques de nombre de quartiers. «Il n'y a pas de pénurie de sucre sur le marché. L'usine en produit en quantité suffisante, il y en a assez dans les magasins. Mais c'est au niveau des boutiques qu'il n'en existe pas. Parce que nous refusons d'aller acheter ce produit au magasin à un prix auquel le propriétaire du magasin trouve un bénéfice, de le transporter, de payer les charretiers et de venir le vendre à un prix qui ne nous permet pas de nous en sortir», explique Mouhamed, boutiquier établi non loin du centre de santé Roi Baudouin de Guédiawaye. «Et puis, si on s'entête à aller acheter le sucre au magasin et qu'on veuille le vendre au prix qui nous permet de récupérer, ne serait-ce que notre prix d'achat avec les charges de transport compris, on court le risque de se voir saisir le produit par les contrôleurs économiques qui sillonnent maintenant au quotidien les boutiques», ajoute-t-il. C'est pourquoi il se dit déterminé à ne plus vendre le sucre, tant que la décision de l'Etat resterait en l'état. Même son de cloche du côté de Boubacar Diallo, boutiquier établi à Pikine Tally-Boubess. «Je refuse de vendre du sucre et la raison est toute simple. Je trouve idiot d'acheter et de vendre à perte parce que c'est ce que l'Etat nous demande de faire. Si c'était seulement pour vendre à perte, on n’aurait pas ouvert nos boutiques et investi nos sous en s'endettant même parfois de gauche et à droite», fait-il comprendre. «Je ne peux pas acheter le sucre en morceau à 3300 F au magasin et le vendre à 2800 F et je ne peux pas non plus acheter le sac de 50 kg du sucre en poudre à 31 000 F et courir le risque de voir les contrôleurs économiques le saisir. C'est pourquoi je me contente des autres produits», renchérit-il. Pape Fall, qui tient une boutique à la Sicap Rue 10, d'emboucher la même trompette que ses collègues. «Il faut relativiser la baisse du prix du sucre. Le prix n'a pas diminué. Le sac de 50 kilos coûte entre 30 000 et 31 000 F, ce qui fait que le kilo nous revient à 610 F et l'Etat veut qu'on le vende aux populations à 620 F. Ce qui est inacceptable avec les nombreuses autres charges comme le transport», fulmine-t-il. Très en colère contre les autorités, notre interlocuteur d'ajouter : «Si on vend comme nous le demande l'Etat, on est censé gagner 1000 F par sac. Ce qui n'est même pas sûr. Parce que le sac ne pèse pas 50 kg. Il varie entre 48 et 49 kg». Établi également dans la même localité de Sicap Rue 10, Chérif Diallo, fustige la non prise en compte par les autorités «des multiples charges que sont le loyer, l’électricité, l’eau, les besoins familiaux de nous autres boutiquiers détaillants au moment de décider la baisse».

OUSMANE SY NDIAYE, SECRÉTAIRE PERMANENT DE L'UNACOIS : «Ce n'est pas un mot d'ordre, les commerçants y ont été contraints»

L'Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois) n'a rien à voir avec cette difficulté à trouver sur le marché du sucre par les populations, née de son boycott par les boutiquiers. C'est un acte volontaire de ces derniers, qui ont été contraints à cet extrême, selon Ousmane Sy Ndiaye, Secrétaire permanent de l'Unacois. «Ce refus des commerçants détaillants de vendre le sucre n'est pas une décision agréable de leur part. Ce n'est pas un mot d'ordre, les commerçants y ont été contraints», souligne M. Ndiaye d’après qui, si l'Unacois s'était élevée contre la décision du gouvernement, c'était justement pour prévenir afin qu'on n’en arrive pas à une telle situation. Selon lui, «si le boutiquier va jusqu'à prendre la décision de ne plus vendre de sucre, il le fait à contre-cœur. Parce que le sucre est un excellent produit d'appel qui permet au boutiquier de vendre d'autres produits comme le lait, le café, le beurre, le riz, etc.». C'est pourquoi il précise qu'ils ne boycottent pas ce produit de gaieté de coeur, parce qu'il leur fait vendre d'autres denrées. Saisissant l'occasion de dénoncer la manière dont est organisée la filière sucre, Ousmane Sy Ndiaye indique que si les commerçants grossistes qui achètent de petites commandes ont accès à l'usine, qu'ils ne passent plus par des intermédiaires qui ont plus de moyens et qui leur revendent le sucre, le prix du sucre pourra baisser de manière que, aussi bien le détaillant que le grossiste y trouvent leurs comptes.

Les consommateurs prêts à payer le prix des commerçants pour avoir du sucre

Un tour dans le quartier de Sicap Rue Dix a permis de constater comment les populations vivent mal cette pénurie provoquée du sucre. Dans leur majorité, ils se disent prêts à payer au prix cher le sucre, c'est-à-dire 700 F francs le kilogramme, rien que pour en disposer. Une cliente du nom de Mme Astou Penda Diouf, venue acheter quelques provisions, souligne :«je voulais acheter aussi du sucre pour mon ravitaillement, mais je n'en trouve pas. Je suis allée dans cinq boutiques, mais aucune d'elles n'a le sucre. On me dit que c'est à cause de la cherté du sac et des contrôles exercés par le gouvernement. Mais, je suis prête à payer le kilogramme de sucre en poudre même à 700 F. Je crois que c'est la meilleure façon d'arrêter la pénurie». Elle exhorte l'Etat à «intervenir pour mettre de l'ordre dans le secteur». Alé Mbaye, la cinquantaine, pense que «l'État a failli à sa mission. L'État devait mettre la pression sur les spéculateurs pour qu'ils sortent le sucre». Selon lui, «il n'est pas normal que les commerçants et les grossistes provoquent une pénurie du sucre sous prétexte qu'ils ne gagnent rien pendant que le peuple crève». S'alignant du même côté que les boutiquiers, Abdou Mar déclare : «le gouvernement n'a qu'à laisser les commerçants vendre le kilogramme de sucre à 700 F. Par contre, s'ils vendent à 620 F le kilogramme, ils ne vont pas s'en sortir, d'autant plus que comme ils le soutiennent le sac ne pèse même pas 50 kilogrammes».

EL HADJI ALIOUNE DIOUF, DIRECTEUR DU COMMERCE INTERIEUR : «Je ne suis pas au courant»

Interpellé sur cette situation assez difficile pour les populations, le directeur du Commerce intérieur, El Hadji Alioune Diouf, exprime sa surprise. «J'avoue que je ne suis pas au courant. Si ce problème se pose dans des quartiers, ce n'est pas le cas au niveau de mon quartier», explique-t-il. Estimant ne pas pouvoir s'avancer sur ce qu'il faut faire pour rectifier et faire en sorte que le sucre soit disponible partout pour les consommateurs, le directeur du Commerce intérieur se limite à dire : «nous avons réunion demain (Ndlr : aujourd'hui). Nous allons nous pencher sur la question et après nous pourrons nous prononcer».



6 Commentaires

  1. Auteur

    Nana

    En Mars, 2011 (16:16 PM)
    TOUT CELA A CAUSE DE NOTRE TRÈS CHER GOUVERNEMENT
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  2. Auteur

    Rewmii

    En Mars, 2011 (16:16 PM)
    doyna war, dos o mur la niou dièm
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    Auteur

    Chick

    En Mars, 2011 (16:21 PM)
    patience rek les gars incha allah 2012 n'est plus loin,allons nous inscrire pour ceux ki n'ont pas encore de cartes d'electeurs votons massivement pour les chasser du pouvoir
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    Auteur

    Xalaas

    En Mars, 2011 (16:26 PM)
    Vous vous rendez compte !!Le ministre ne maitrise même pas le dossier !! A se demander s'ils ont fait une analyse avant de prendre de telles mesures !! On n'a pas besoin de sortir de ST CYR pour comprendre cette situation ! Pauvre de nous comme disait l'autre ! Et comme d'habitude, c est nous qui subissons les dégâts car eux ils envoient leurs domestiques faire les courses dans les centres commerciaux ! Ces VOLEURS ne vont pas dans les boutiques ou marché !! Pardon: N'Y VONT PLUS DU MOINS, car pour la plupart, ils s'habillaient à COLOBANE avant 2000 !!

    Xalaas !
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    Auteur

    Observateur

    En Mars, 2011 (17:07 PM)
    les senegalais doivent s'habituer à se ravitaller dans les grandes surfaces, mieux que les boutiquers du coin qui succent le consommateur
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    Auteur

    Client

    En Mars, 2011 (18:28 PM)
    à ndiaganiao le kg de sucre en morceaux est vendu à 750 fr
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