Le monde rural côtoie tous les jours la faim et le manque d’eau. Les vivres de soudure octroyés par le chef de l’Etat pour amoindrir ces difficultés, ne représentent rien par rapport au vécu quotidien des paysans, qui sont toujours hantés par la psychose de la famine. D’ailleurs, ces paysans continuent de hausser le ton, à cause de la petite quantité, et du retard qu’accuse la distribution de ces vivres. Pour ces acteurs directs de l’agriculture, la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana) n’est qu’un « joli mot » parmi tant d’autres créés par le président de la république.
Keur Samba Kâ, situé à quelques kilomètres de la région de Kaolack dans le département de Nioro, un village où paysans et éleveurs vivent des difficultés énormes liées au manque d’eau. Conséquence, les récoltes sont en régression à cause de la diminution des pluies et du manque de forage. Même le bétail n’est pas épargné, car le foin se fait de plus en plus rare. Dans cette zone composée de huit (8) villages (Keur Samba Ka, Keur Lamine, Keur Sékou Ndiaye, Keur Ndéné, Keur Ndongo, pour ne citer que ceux-là) il n’y a pas de forages, et seuls deux (2) puits fonctionnent pour toute la population. D’ailleurs, des batailles sanglantes alimentent les moments de puisage car l’eau est insuffisante pour les satisfaire. Selon Mamadou Lamine Ka, un paysan habitant dans cette localité, la principale activité qu’est l’agriculture est en train de mourir car l’eau se raréfie et les récoltes deviennent mauvaises. « Il y a dix (10) ans, ma récolte tournait autour de huit (8) à neuf (9) tonnes. Mais cette année, je n’ai eu que cent (100) sacs de maïs », martèle-t-il. Du coup, il devient difficile de nourrir une grande famille qui avait l’habitude de vivre dans l’abondance. M. Ka soutient aussi sur cent (100) familles, il n’y a que dix (10) qui mangent à leur faim, et peuvent assurer les trois repas. Les paysans n’ayant plus de ressources, ils se convertissent dans le maraîchage, une activité qui n’était pas pratiquée dans cette zone. Ces difficultés sont plus visibles chez les Ouronabés, des populations qui ne trouvent plus de l’eau dans leur localité. Raison pour laquelle ces dernières viennent chercher le liquide précieux et du foin pour nourrir leur bétail. De ce fait, les villageois assistent toujours à des querelles rangées entre bergers. Ainsi, la population du monde rural demande à l’Etat d’envoyer les semences et engrais. Elle appelle aussi le comité national à accélérer la distribution des vivres avant de voir le pire arriver ; et même si elles jugent les quantités insuffisantes par rapport à leur besoin. Pour les habitants de Keur Samba Ka, la grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana) lancée par le président de la république ne constitue qu’un projet parmi tant d’autres. D’ailleurs, ils ignorent tout de cette Goana, et attendent de pied ferme les citadins qui viendront prendre leurs terres. La réussite de la Goana devient donc incertaine, car les acteurs à la base semblent être oubliés.
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