Depuis plus d’une semaine, bien avant la fête de la Nativité commémorée le 24 décembre, la ville semblait prise dans une frénésie dépensière qui avait débuté avec les préparatifs de la fête de Tabaski. La Saint-Sylvestre étant l’étape suivante de cette bamboula en chaîne, Dakar, cet énorme souk, ne pouvait être freinée que par un cataclysme. Un évènement malheureux d’une ampleur telle que seraient ramenés sur terre ces fêtards devant l’Eternel. C’est ce qui arriva ce vendredi 28 décembre, avec la brusque disparition de Cheikh Saliou Mbacké, cinquième Khalife de mourides, retourné à son Seigneur à l’âge de 92 ans. L’évènement était des plus surprenants car seuls certains proches étaient au courant de la maladie du saint homme. La surprise était donc totale. Comme il sied dans pareilles circonstances et pour éviter la ruée des fidèles, la nouvelle ne fut ébruitée que tard dans la nuit, après que le défunt khalife est mis sous terre. Dès la nuit du vendredi au samedi, les fidèles ont donc commencé à quitter Dakar pour rejoindre Touba et le flot continu des véhicules n’a cessé depuis lors. Toute la journée du samedi, le ballet des moyens de transport en tous genres a convergé vers la ville sainte, en provenance de toutes les directions. Cars de transports bondés, véhicules particuliers, charrettes, fidèles à pied, les embouteillages ont été inextricables de Dakar à Touba, particulièrement au niveau des principales agglomérations.
Ainsi, petit à petit, la ville de Dakar s’est vidée de ses habitants et ce dimanche matin, les bus de Dakar Dem Dikk mis à la disposition des populations par le président de la République Abdoulaye Wade se sont révélés insuffisants, tant étaient nombreux ceux qui, ayant raté les premières heures du deuil, ne veulent pour rien au monde rater les cérémonies du troisième jour prévues ce lundi. Dans les rues de Dakar, le dimanche n’explique pas tout, la vie s’est littéralement arrêtée. Le week-end aurait dû profiter aux vendeurs pour écouler leurs marchandises avant le 31 décembre. Mais les marchands ambulants qui squattaient les trottoirs ont disparu, les commerçants qui ont pignon sur rue ont tiré leurs rideaux, les clients potentiels n’ont plus le cœur à la fête. Tous se sont passé le mot et ont préféré surseoir aux manifestations de joie qui devaient marquer ces derniers jours de l’année 2007. La perte qui vient de frapper la confrérie mouride, la communauté musulmane, toute la nation sénégalaise, a presque arrêté le temps.
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