Le conducteur du «Car rapide » est responsable du véhicule. Il est chargé de veiller sur l’état de l’engin, mais aussi d’amener à bon port les passagers. Son second, communément appelé apprenti dans le jargon est chargé de remplir le car de passagers. Il a aussi la latitude de décider de la destination du véhicule. Enfin, l’apprenti a la responsabilité de verser les montants requis au propriétaire du « Car rapide », à la fin de chaque journée de travail. Ainsi, entre le conducteur et l’apprenti-chauffeur, chacun a sa portion de pouvoir qu’il veut faire valoir sur l’autre. D’où les tensions quotidiennes.
Habillé d’un short assombri par la saleté et la crasse du véhicule, Modou s’accroche à la portière de son «car rapide». Obstiné à remplir le car, il crie sur le conducteur: « Gare-toi si tu démarres ! Sois patient ! Veux-tu qu’on roule à vide ! »
Ces propos irritent Aliou, le chauffeur qui ne rate pas l’occasion de remettre à l’ordre son apprenti Modou. «Tais-toi ! Es-tu le chef ? »
Les apprentis ne veulent rien laisser sur leur passage. Ils font des clins d’œil aux passagers en attente de «Ndiaga Ndiaye» et «cars rapides», spécimen de véhicules d’un autre temps, qui assurent le transport en commun dans la capitale sénégalaise.
Son panier de provisions à la main gauche et le porte monnaie dans l’autre, Aicha évite minutieusement les nombreux véhicules qui se disputent l’axe Castors-Colobane. Le pied à peine sur le marchepied du car, le chauffeur accélère.
Moustapha, l’apprenti chauffeur s’en prend à la pauvre dame qui a, pourtant failli perdre le contrôle. « C’est comme ça que vous créez des problèmes aux gens».
La passagère rétorque : «C’est à ton chauffeur qu’il faut plutôt t’en prendre. Il n y a que l’argent des passagers qui vous intéresse, vous ne vous souciez point de leur sécurité».
Tout au long de la journée de travail, l’apprenti-chauffeur est fréquemment sous tension. Tantôt il est pris à partie par un passager pour des histoires de monnaie ou d’arrêt car dépassé, tantôt il y a accrochage entre lui et le conducteur du même car. Mais pour le deuxième cas de figure, tout fini toujours par entrer dans l’ordre.
Ces accrochages ne sont que l’expression d’une volonté de bien faire le boulot, dit Fallou, chauffeur de car rapide. Son apprenti Moustapha rajoute que, quelque soit le problème, il ne se sépare pas pour autant.
«Certes, le chauffeur est au volant de la voiture, mais l’apprenti est responsable de la direction à prendre. De plus, beaucoup de chauffeurs ne sont plus responsables du versement. Donc il incombe à l’apprenti de bien travailler pour pouvoir server les montants requis par le propriétaire du car», explique Moustapha. Comme quoi, leurs responsabilités respectives les conduisent à ne pas se faire de cadeau.
Galass, un autre apprenti rajoute : « Ce qui nous fâche, c’est le manque de patience des chauffeurs. Ils veulent coûte que coûte arriver à destination, peu importe le nombre de clients transportés. Ce qui ne marche pas».
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