Le Cercle des amis et défenseurs des enfants (Cade) a organisé un panel sur le thème : «Le défi de la protection des enfants dans un monde connecté», ce lundi 12 juin, à la Place du Souvenir africain, à Dakar. Une rencontre dont l’objectif est de porter une réflexion sur les conditions de vie de cette couche vulnérable.
A l’occasion, Professeur Djiby Diakhaté, sociologue et panéliste, dans son exposé sur «les nouveaux défis des parents et de la famille», a soutenu qu’au Sénégal, les autorités étatiques ont «trop politisé» la question de l’enfant. «Oui, je suis d’accord, il faut de la politique, il faut des stratégies mais, pas une politique politicienne qui consiste à utiliser le sort des enfants pour briguer des suffrages. Cela est immonde. Cela, n’est pas joli. Et malheureusement, c’est ce à quoi on assiste dans nos pays», a-t-il déclaré.
Selon lui, la situation des enfants est en régression dans le pays et va s’empirer dans le temps, si rien n’est fait. «Il me semble que lorsqu’on regarde la société sénégalaise, telle qu’elle fonctionne, dans cette connexion dont vous venez de parler, il y a une situation de régression, par rapport à la situation des enfants. Une situation de régression terrible et si on n’y prend pas garde, elle risque de s’aggraver encore dans les années à venir», note-t-il.
Mieux, le sociologue ajoute que «plus le pays va vers des échéances électorales, plus la situation des enfants de la rue devient préoccupante». Parce que, soutient-il, «ceux-là qui vont briguer les suffrages des Sénégalais ont besoin de donner l’aumône. Donc, vont à la recherche des enfants de la rue. «Je vous assure, les moments d’élection et de campagne électorales sont des moments excessivement juteux pour ceux-là qui tendent la main», a-t-il soutenu.
Djiby Diakhaté se demande si quelque part, il n’y a pas une complicité au détriment des enfants. «Est-ce que les organisations qui luttent pour la protection de l’enfant au fond ne sont pas des organisations déprotectrices»?, s’interroge-t-il.
Et le sociologue d’ajouter : «j’ai l’impression que nous sommes dans une société sénégalaise qui refuse l’émancipation des enfants». Et qui «commence, malheureusement, par ceux-là qui émettent des politiques pour protéger les enfants».
«Aller vers une approche communautaire»
Pour faire face au vécu quotidien des enfants, le panéliste soutient qu’il faut aller vers «une approche communautaire». «C’est une affaire des familles, c’est une affaire des communautés. Il faudrait qu’à la base, les familles prennent en charge leur véritable responsabilité», a-t-il noté.
Selon lui, la place des enfants n’est pas dans la rue. Mais, malheureusement, on se rend compte que «l’école est devenue un espace qui brise l’élan des enfants». «Ce sont des enfants qui sont battus dans les écoles. Ce sont des enfants qui sont violés dans les établissements. Ce sont des enfants qui vivent la violence au quotidien dans les établissements. Il y a un problème», martèle le sociologue, qui estime qu’il faut revoir aussi «le dispositif qui est mis en place».
Et Djiby Diakhaté de poursuivre : «Vous envoyez les enfants dans les daaras, vous vous rendez compte aussi que dans les daaras les enfants sont violés, battus et exploités. Vous laissez les enfants dans la famille. Dans cette dernière, les enfants sont violés en réalité. Donc, la famille même qui devrait protéger devient une famille déprotectrice. La communauté qui devrait encadrer l’enfant, se désengage. Et finalement, quel avenir donnons-nous à l’enfant», a-t-il laissé entendre. Toutes choses qui lui font dire que «la société sénégalaise est malade».
Cheikhou AIDARA
3 Commentaires
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En Juin, 2017 (19:23 PM)Anonyme
En Juin, 2017 (19:54 PM)Anonyme
En Juin, 2017 (07:35 AM)Participer à la Discussion