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DOSSIER : LES MAJORETTES ET LA FÊTE DE L’INDÉPENDANCE - Comment elles ont gagné le « cœur » du 4 Avril

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DOSSIER : LES MAJORETTES ET LA FÊTE DE L’INDÉPENDANCE - Comment elles ont gagné le « cœur » du 4 Avril

 

Chaque année, précisément le 04 avril, est commémorée, au Sénégal, la fête de l’Indépendance. À cette occasion, un imposant défilé civil et militaire, placé sous le signe de la cohésion et de l’unité nationale, est organisé à la place de l’Obélisque. La grande particularité est la parade des majorettes du Lycée John Fitzgerald Kennedy. Depuis des années, elles ne cessent d’apporter leur touche à cette grande fête populaire. Avec leurs déhanchements ravageurs, leurs belles chorégraphies et leurs tenues sexy. Gros plans sur ces jeunes filles qui allient beauté, sagesse et souplesse.

Le président de la République, ses hôtes, venant de divers horizons et les autorités du pays, patronnent cette parade. Les militaires témoignent, à travers des chants qui rythment leurs pas sur le macadam, de leur ardeur à défendre la patrie. Les civils, pour leur part, constitués de troupes venues de différentes structures du pays, marquent la cérémonie par le port d’uniformes aux couleurs du drapeau national. Quant aux majorettes, voilà déjà plus de 20 ans qu’elles ravissent le cœur des Sénégalais. De par leurs belles prestations, lors du défilé de la fête de l’Indépendance, le 04 Avril. Quoi de plus naturel, après les belles chorégraphies qu’elles ont eu à présenter ? Et que dire de leurs costumes originaux qui font, à chaque fois, la différence ? Nul n’est sans savoir qu’il faut une grande organisation pour réussir de pareilles performances. Rigoureuse sélection.

Entre les conditions qu’il faut remplir pour intégrer la troupe des majorettes, les études à aligner avec les répétitions, il y a du pain sur la planche. Ceux qui pensaient que faire partie des majorettes est chose facile, n’ont qu’à réviser leurs certitudes. L’organisation pour le défilé du 04 Avril comporte plusieurs étapes, aussi sélectives les unes que les autres. En premier lieu, la convocation des élèves par une affiche dans laquelle on précise les classes ciblées, les moyennes requises et les critères pour le recrutement. Justement cette année, les classes qui sont autorisées à intégrer la troupe des majorettes sont les troisièmes, secondes et premières, et exceptionnellement les terminales. Toutes classes qui demandent un travail rigoureux. Pas étonnant qu’elles soient visées, étant donné qu’il faut avoir des moyennes équivalentes ou supérieures au tableau d’honneur (12 et plus, partant de la félicitation à l’excellence) pour prétendre faire partie des majorettes. Il faut aussi être apte à l’éducation physique. Car, devenir majorette, c’est être capable de bouger à un rythme assez vigoureux. Dès lors, les malades du cœur ne sont pas les bienvenues, car l’effort physique est intense. Il s’y ajoute l’autorisation parentale qu’il faut impérativement décrocher.

Nécessaire écrémage

Une fois ce cap franchi, dites-vous que vous n’avez qu’un seul pied dans la troupe des majorettes. Puis, arrivent les présélections et sélections. Si vous ne savez pas danser, s’abstenir. Plusieurs facteurs physiologiques sont en jeu : l’agilité, la vélocité et surtout la souplesse. Le développement de la sensation, du sens et de la solidarité entre également en jeu. Après cette sélection, il faudra tout de même procéder à l’écrémage. À l’arrivée, il peut y avoir plus d’une centaine, mais comme cette année, il en faut juste 70. Seules les meilleures iront défiler. Selon Mme Diédhiou, Professeur d’éducation physique au Lycée Kennedy et encadreuse des majorettes, ce sont les finances qui font défaut. Raison pour laquelle, elle ne peut pas se payer le luxe de recruter un plus grand nombre.

Casse-tête financier récurrent

Les ressources financières semblent être le plus grand souci des majorettes de Kennedy. En effet, elles manquent cruellement de sous pour subvenir à leurs besoins. Et pourtant, elles en ont des tonnes. Entre les tenues, les chaussures, les accessoires (gants, froufrous …), les coiffures, les frais d’hébergement et de restauration pour le jour du défilé, sans compter l’intéressement et l’habillement des batteurs de tam-tams et des artistes, que de dépenses. Toujours d’après les explications de Mme Diédhiou, il leur faut un budget de six (6) millions de nos francs. Et il se trouve que, chaque année, c’est un véritable casse-tête pour essayer de rassembler un tel pactole. «Cela n’a pas toujours été le cas», précise-t-elle. Maintenant, c’est l’Armée qui a pris en charge l’organisation du défilé.

Sous le clinquant, le dénuement

Ainsi, c’est une course-poursuite derrière l’Armée, pour les responsables du Lycée, qui ne reçoivent qu’environ 800.000 Fcfa. Alors, elles sont obligées de se rabattre sur des demandes de soutien pour joindre les deux bouts. Un prélèvement est effectué sur les inscriptions des élèves au début d’année. Le Conseil Régional, les ministères de la Femme, de la Jeunesse et de l’ Éducation mettent aussi la main à la patte. Ce qui ne les empêche pas, après chaque 04 Avril, de s’endetter. Heureusement, depuis quelques années maintenant, c’est la célèbre couturière Thiané Diagne qui leur confectionne, sans bourse délier, des tenues. Ce qui leur enlève, certes, une grosse épine du pied. «Mais, cela ne saurait durer», martèle la «coach» des majorettes.

Alignement et choix de la capitaine

Une tâche qui se veut bien minutieuse, c’est bien comment et où placer les majorettes et encore plus, choisir qui sera leur meneuse. Au Lycée Kennedy, ce qui est une besogne pour Mme Diédhiou n’est pas aussi facile qu’on le pense. Il faut, de prime abord, «maîtriser» chaque majorette et connaître ses aptitudes. Ensuite, viennent la taille et le physique. Le plus souvent, les majorettes sont alignées par taille. Mais, il peut arriver que les meilleures danseuses se retrouvent devant ou sur les côtés. Pour mener les autres dans leurs foulées. Le choix de la capitaine est, d’après Mme Diédhiou, «un problème de prédispositions qu’on développe». Selon elle, la plupart du temps, les majorettes rechigent à tenir le bâton de peur de le faire tomber. Ainsi, il n’y a que trois, tout au plus, qui tentent le coup. Alors, Mme Diédhiou les teste pendant plusieurs séances. Au finish, elle choisit la plus adroite.

LA PERCUSSION ET LES THÈMES : Ces usages qui majorent la parade

Que serait la procession des majorettes sans la percussion et les thèmes qui font les chorégraphies? Une sauce sans sel, diront certains. Ou encore, un repas fade, sans ingrédients, ni piquant. Pour dire que les tam-tams et les thèmes sont, sans aucun doute, des alliés de taille dans le bon déroulement de cette cérémonie.

Aussi beaux que soient les mouvements, aussi habillés que soient les costumes, aussi «chon» que soient les coiffures, aussi raffinées que soient les majorettes, la parade des «Kennediennes» ne serait rien sans la percussion et les thèmes. Ces deux usages, agrémentent à un degré insoupçonné, les chorégraphies des majorettes. Pour ce qui est des thèmes, en général, les chorégraphes s’en inspirent. Pour étudier les gestuelles et les accorder aux pas. Le plus souvent aussi, ils apportent une touche d’originalité. Car, ils servent à créer de nouveaux pas de danse. Le thème de cette année, «Force de défense, sécurité et jeunesse», est, selon Mme Diédhiou, très difficile à illustrer. Mais, assure-t-elle, grâce à leur imagination fertile et à leur souplesse, «elles y parviendront s’il plaît à Dieu». Pour être à la hauteur des attentes du public, les majorettes ne ménagent aucun effort et travaillent sans relâche. Quant aux tam-tams, ils produisent le rythme et la cadence. Sans eux, les chorégraphies seraient monotones. Au lycée Kennedy, les majorettes sont encadrées depuis des années par le Maître tambour-major Doudou Ndiaye Rose. Même pendant les répétitions, elles sont entourées des batteurs, qui veillent à coordonner leurs mesures aux balancements de leurs jambes et mains…

BINTA BARRY, CAPITAINE DES MAJORETTES DU LYCÉE KENNEDY : Le bâton ! En attendant les projecteurs ?

Fanfares, jupettes, paillettes et froufrou. Voilà comment on pourrait résumer les rêves de Binta Barry. Élève en classe de seconde au Lycée John Fitzgerald Kennedy, cette ado désinvolte, qui traîne la botte, a, hormis les études, une seule passion : la danse. Pas étonnant qu’elle fasse partie, depuis 4 ans déjà, des majorettes. Cerise sur le gâteau, cette silhouette gymnaste sera capitaine. Sacrée passion que de réaliser le rêve de gamine qui bouillonnait en elle : tenir le bâton. Pour dire que Binta a le sang chaud. En ayant l’esprit tourné vers le show du 4 avril prochain.

Une dégaine joviale, une mine affable, de quoi vous glacer le sang sur place. Binta Barry a de l’énergie à revendre. Il en faut sacrément pour être la meneuse des majorettes du lycée Kennedy. Et encore, un corps souple, un physique équilibriste, une carrure imposante. Et qui plus est, la tête sur les épaules. Hé bien, sachez que Binta, 1,85 m pour 59 kilos, dégage. Pour vous en assurer, suivez-là lors du défilé civil, le 04 avril. Même devant le petit écran, vous en aurez des sueurs froides. Élève en classe de seconde, la capitaine des majorettes du lycée des jeunes filles est née et a grandi à… Grand-Dakar, où elle vit jusqu’à présent. Aînée d’une famille monogame, elle est fille unique et a deux jeunes frères. Studieuse comme pas une, Binta a fait ses études primaires, du CI au CM2, dans le même établissement (Cerf-Volant). Nantie du Certificat de fin d’études primaires et de l’entrée en sixième, déjà tourmentée par le rêve d’être majorette, elle ne cessait de prier pour être orientée au Lycée Kennedy. Le vœu exaucé, Binta débarque au lycée avec bottines et gants.

Des efforts couronnés de …capitanat

Malheureusement, elle est encore trop jeune pour être majorette. Il lui a fallu patienter un an. Ce n’est qu’en classe de 5ème qu’elle rejoint la troupe. Et hop, au galop. C’est le début du «commencement». Loin d’avoir atteint son objectif. Il faut dire qu’elle est très ambitieuse ! Binta poursuit son rêve encore 3 années de plus. La réussite étant au bout de l’effort, elle parvient, enfin, à 19 ans, à «tenir le bâton». Comprenez, devenir la capitaine qui mène la danse. Ce qui n’est pas chose facile. Car, elle devra, pour ne pas laisser tomber le bâton, faire preuve d’agilité et surtout de sang froid. Rien qu’à y penser, Binta en a froid dans le dos. Mais elle n’a pas froid aux yeux. Vous en doutez ? Allez donc voir ce que cette rêveuse lit pour se remonter le moral. Des romans d’horreur, du genre Harry Potter, et quoi encore… Bon, revenons à nos trompettes, la capitaine des majorettes n’a pas que de sombres idylles.

Une rêveuse qui ne dort pas sur ses lauriers

En effet, elle adore le Basket-ball et aime passer des moments avec ses amies. Bref, discuter de tout et de rien. Des trucs de filles quoi ! Binta a bien l’air d’une jeune fille qui se laisse aller au rythme et à la cadence des tam-tams du tambour-major. Loin de là, la férue de danse est aussi une tête bien faite. Elle en a récolté des moyennes de 15 depuis son entrée au lycée. Toutefois, elle a un peu baissé de rythme cette année. Ne serait-ce pas son rôle de meneuse qui prend le dessus sur ses études ? C’est un «non» sec qu’elle nous sert : «Je suis très organisée. De telle sorte que mes heures de répétitions n’entravent en rien mes études. Je reconnais, néanmoins, avoir baissé un peu de régime. Mais cela n’a rien à voir avec ma passion pour la danse. Je compte y remédier sans plus tarder». Croix de bois ? Croix de fer ? On verra bien.

Un cœur à prendre, mais

Pour le moment, avec l’approche du défilé du 04 avril, c’est la troupe des majorettes qui prime. Elle y est, s’y sent bien et cultive une très bonne entente avec les autres filles. Côté cœur, notre majorette n’a pas encore trouvé chaussure à son pied. Non pas qu’elle manque de courtisans, mais parce qu’elle «priorise» ses études. Puisqu’elle le dit…! Que nous dit-elle encore, qu’en fin gourmet, elle raffole de la soupe au gombo, hummm ! Elle est très humoriste et sourit tout le temps. N’allez pas penser qu’elle se laisse marcher sur les pieds. Bien au contraire, Binta sait sortir ses griffes. Un peu trop d’ailleurs. Les nerfs à fleur de peau, elle s’emporte pour un rien. Gare à la tigresse qui sommeille dans cette force tranquille. Alors, un homme averti en vaut combien?

POUR MONTRER LES ACTIONS DES FORCES DE DEFENSE AVEC LA JEUNESSE : L’Armée promet de grandes innovations

Comme le défilé civil, celui militaire s’adjuge une grande place dans la célébration de la fête de l’Indépendance. En effet, les militaires comptent apporter, cette année, une grande innovation au niveau de la loge présidentielle. De l’avis du colonel Antoine Wardini, commandant de la zone militaire n° 1 et chargé de l’organisation du défilé, «un front plus large, jamais expérimenté au Sénégal, va être mis à la disposition des autorités».

Cet outil, dit-il, va s’élargir sur 16 colonnes, au lieu de 8 colonnes comme d’habitude. «Il va remplir pratiquement toute la chaussée. C’est comme le défilé que l’on voit chez les Chinois. Il nous permet de réduire la profondeur et de gagner des délais», précise-t-il. En effet, cette année, le défilé va gagner, en termes d’innovations, «surtout sur le côté format et la façon d’animer en amont, avec la participation des civils à la formation citoyenne. Comme d’habitude, toutes les unités vont défiler. À savoir, l’Armée de l’air, de terre, la Marine, les gendarmes, les policiers, les sapeurs-pompiers, les Eaux et Forêts, etc. Le thème de cette année est : «Force de défense et de sécurité et jeunesse». Pour dire que la jeunesse occupe une place très importante dans le défilé de cette année. Un autre événement de taille est le défilé des premières filles de l’Armée sénégalaise. Toutefois, il y a beaucoup d’activités avant le 4 avril. «Pas comme celles que vous avez l’habitude de voir, c’est-à-dire des médecins qui font des consultations», fait-il savoir. Cette année, il y a une forte implication des civils, comme les gouverneurs, les préfets et les maires. Pour qu’eux aussi, à leur niveau, organisent des activités comme des régates, des kermesses, etc. «Pour que la fête soit belle, en rapport avec les militaires, nous avons demandé à ces autorités administratives de le faire pour les populations. Nous voulons que le maximum de jeunes profitent de cette fête, du 31 mars au 2 avril». Des portes ouvertes seront organisées à la place de l’Obélisque. Ainsi qu’un forum où les gens vont répondre à toutes les questions.

Maria Dominica Thiam et Fatou Bintou Konté Ndiaye



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