Samedi 12 juillet, à l’occasion de la cérémonie de dédicace de ses deux ouvrages « Le Sénégal, une démocratie de Sisyphe » et « Les intellectuels sénégalais dans la marche vers la première alternance, l’exception démocratique en question(s) », Dr Yoro Dia a livré un plaidoyer en faveur de la liberté de la presse. L’ancien porte-parole de la présidence, également journaliste, a vivement réagi aux attaques portées récemment par Ousmane Sonko contre certains médias, en appelant ses militants à les boycotter.Sans citer nommément le Premier ministre, Yoro Dia a dressé un diagnostic sévère de la posture du nouveau régime vis-à-vis des médias. « Le problème du nouveau régime, c’est un problème de culture. Ils ne connaissent pas le sens de l’histoire, ils pensent que le Sénégal a commencé en 2021 », a-t-il affirmé. Pour lui, toute tentative de museler les journalistes s’avère vaine dans un pays où la presse constitue un pilier fondamental du pacte républicain.« La liberté de presse, la liberté d’opinion est l’encre indélébile de la démocratie », a-t-il insisté. Il ajoute que « le Sénégal doit beaucoup à sa presse ». Il a également estimé que les nouvelles autorités peinent à comprendre les règles du jeu démocratique sénégalais : « Un pouvoir qui veut bâillonner la presse, c’est un combat perdu d’avance. Ça veut dire que l’écosystème démocratique du Sénégal rend impossible toute tentative totalitaire ou toute dictature ».Dr Yoro Dia a rappelé les tentatives récentes du régime visant, selon lui, à affaiblir la presse par la fiscalité : « Il a essayé d’insulter la presse sur le plan fiscal, ça ne peut pas marcher ». « Aujourd’hui, le nouveau régime cible les chroniqueurs. Ça ne marchera pas parce que la liberté de presse est consubstantielle à la démocratie », fait-il savoir.Le mot « consubstantielle » est revenu à plusieurs reprises dans sa prise de parole. Pour l’ancien ministre, la presse sénégalaise ne peut être dissociée du destin démocratique du pays : « C’est un combat perdu d’avance parce que la presse est consubstantielle à la démocratie. Et c’est la presse qui a permis l’ouverture démocratique ». Il a même évoqué l’ironie de la situation actuelle. Selon lui, les dirigeants actuels doivent en grande partie leur ascension à cette presse qu’ils dénoncent : « Eux-mêmes, s’ils sont aujourd’hui au pouvoir, ils doivent avoir une grande partie à la presse ».Yoro Dia a reconstitué l’évolution politique du pays et évoqué « la démocratie des furies » d’avant 2000, puis « la démocratie d’opinion » qui, selon lui, a permis l’alternance de 2024. Il en a profité pour adresser une critique au manque de mémoire historique du régime : « Leur problème, c’est qu’ils ne connaissent pas trop l’histoire du Sénégal. Le fait de ne pas connaître l’histoire du Sénégal les a poussés vers une insurrection ».Selon lui, l’accession au pouvoir par les urnes devrait inciter les dirigeants à renforcer les fondements démocratiques, plutôt que de chercher à les restreindre. « Ton premier devoir, c’est comment faire évoluer la démocratie, comment élargir la base démocratique et non pas faire du robespierrisme », conclut-il.
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