Drame au Daaka de Madina Gounass : Les organisateurs dénoncent le sabotage de l’Etat

Un incendie d'une rare violence s'est déclaré hier, après la prière de Tisbar, au Daaka de Madina Gounass. La violence des flammes était telle qu'on a enregistré trois pertes en vies humaines et d'importants dégâts matériels.

(Envoyé spécial) – L’incendie qui s’est déclaré hier au Daaka de Madina Gounass, après la prière de Tisbar, aura été d’une rare violence. Ainsi, à l'heure du bilan, on dénombre trois morts ‘qui étaient soit des handicapés physiques, soit des aveugles’, rapportent des témoins. Et les dégâts matériels sont importants. Puisque c'est au moins près de trois à quatre hectares de huttes en paille qui sont parties en fumée ainsi que des biens matériels. Si le marabout s'en remet à Dieu, comme à son habitude, le comité d'organisation que nous avons joint au téléphone parle de ‘sabotage du Daaka’ par l'Etat. Pour mémoire, le dernier incendie au Daaka remonte à 2006.

Selon des témoins oculaires, c'est vers 15 h que l'incendie s'est déclaré au Daaka. Le foyer du sinistre est parti du Daaka (bivouac) de Saint-Louis. Et c'est un vendeur de tangana (gargotte, Ndlr) qui préparait une omelette, qui a mis le feu à la paille. Très vite, les vents aidant, les flammes ont détruit tout sur leur passage. C'est ainsi que le Daaka de Goloya et celui du khalife général de la communauté musulmane de Madina Gounass, Thierno Amadou Tidiane Bâ, ont été ravagés par les flammes.

C'était le sauve qui peut dans les Daaka et les Dental. Les pèlerins ont essayé de circonscrire les flammes avec les moyens dont ils avaient par devers eux, notamment des branches d'arbres, du sable entre autres. En ce moment, les éléments des sapeurs pompiers, qui avaient stationné leur unique citerne sur le site sans la moindre goutte d'eau, se sont retrouvés impuissants. Cette absence d'intervention des soldats du feu aura, sans doute, aggravé le sinistre.

Selon certains observateurs, l'unique forage du site du Daaka ne parvient pas à alimenter correctement le Daaka en eau. Sans compter aussi l'absence totale de mesure de sécurité préventive, comme l'ont démontré les sapeurs pompiers dont la présence à ce grand rassemblement ne s’est guère fait sentir.

Mamadou SARR

LES PELERINS LOGES DANS DES ABRIS EN PAILLE : La sécurité des huttes en question

(Correspondance) - Pour nombre d’observateurs, ce qui s’est passé hier au Daaka était prévisible du fait de l’élément constitutif des huttes érigées pour accueillir les pèlerins. Dans ce site de l’événement, tout est fabriqué en paille et autres tiges de maïs ou de mil. Et il a fallu qu’une petite étincelle jaillisse de nulle part pour que le Daaka soit transformé en brasier. Les dégâts matériels sont énormes. C’est ce que confirme El Hadj Sy, un habitant de Madina Gounass : ‘Ce que j’ai vu est indescriptible. J’ai vu de mes yeux deux personnes mortes calcinées. Personne ne peut évaluer les dégâts causés par ces feux’.

C’est l’émoi au Daaka, à Madina Gounass et dans tout le département de Vélingara où les gens ne cessent d’appeler pour s’enquérir de l’état d’un parent qui s’est rendu sur le lieu saint pour un retour vers Dieu. Panique, tristesse et désolation sont les sentiments les plus partagés dans cette brousse, domptée par le fondateur du Daaka, feu Thierno Mohamad Saidou Bâ, il y a 68 ans. L’on devrait penser à construire les habitations en dur. Mais pour Aliou Guissé, un pèlerin venu du Fouta, ‘cela enlèverait au Daaka, tout son sens et sa symbolique’.