Debout et unis, les Chrétiens et toute l’Eglise catholique se sont donné, hier, rendez-vous à la Cathédrale de Ziguinchor pour exprimer leur amertume et leur colère après les dernières déclarations du Président Wade sur l’Eglise.
Très amers, les Chrétiens de Ziguinchor l’ont été hier. C’était lors de leur rassemblement de la foi à la Cathédrale Saint-Antoine de Padoue. Une rencontre qui a été marquée par la présence du chef de l’Eglise catholique dans cette partie sud du pays, Mon Seigneur Mexent Coly, qui avait à ses côtés le curé de l’église de Néma, Abbé Isidore Diatta, le directeur des Œuvres catholiques, Abbé Simon Delaqua Kantoussan, et le curé de la paroisse de la Cathédrale, Jean Marcel Sambou. Ces croyants qui étaient plus de 700 à s’être massés très tôt en début d'après-midi dans la cour de la Cathédrale ont, par la voix de Bernard Coulibaly, président du Conseil du Diocèse de Ziguinchor, regretté «la digression de Wade sur notre foi. Les déclarations du président de la République sont blasphématoires et diffamantes puisqu’elles soutiennent que nous adorons Jésus qui n’est qu’un homme», dira M. Coulibaly. Citant les propos du chef de l’Etat, «les Chrétiens que nous sommes, investis de la triple fonction sacerdotale, prophétique et royale, doivent prendre une position sans équivoque sur ce problème qui nous interpelle aujourd’hui. Nous devons avoir le courage d’exprimer et de réaffirmer notre foi sur cette nouvelle sortie hasardeuse du chef de l’Etat, même en risquant d’être accusé de fauteurs de trouble», a ajouté Bernard Coulibaly. Si, en lieu et place de la marche qui était prévue ce mercredi, les fidèles chrétiens ont organisé un sit-in, «c’est parce que, quand nous avions envoyé notre lettre au Cardinal Adrien Sarr, celui-ci nous a invités à manifester notre blessure dans la sérénité et le calme pour préserver la paix sociale», disent les Chrétiens. Ces derniers, dans leur lettre ouverte au président de la République, ont constaté que depuis son arrivée au pouvoir, plusieurs agressions ont été faites contre l’Eglise catholique et ceci avec une volonté manifeste de déstabiliser sa foi. Entre autres, expliquent ces fidèles chrétiens, «la tentative de supprimer le mot «laïcité» de la Constitution proposée au Référendum de 2001, la lettre de menace de mort contre les Evêques du Sénégal par le «Cercle d’acier», le refus catégorique de donner suite à notre requête pour l’acquisition d’un autre cimetière à Dakar, la tentative d’exproprier une partie du cimetière catholique Saint Lazard de Béthanie, l’intrusion de la Division des investigations criminelles dans la Cathédrale de Dakar pendant une célébration du Vendredi Saint, le fait de traiter les Chrétiens d’ingrats, l’entreprise déployée pour déstabiliser les fondements de notre foi chrétienne en déclarant publiquement que nous adorons un homme et des idoles». Autant de raisons qui ont poussé ces fidèles croyants à dire que «trop, c’est trop ! Et nous ne laisserons plus Wade agresser notre Eglise et blesser notre foi».
Si l’histoire de l’Eglise catholique est parsemée de martyrs véritables témoins de la foi en Christ et où des conciles ont défini en des termes nets et précis la Divinité de Jésus, «nous sommes prêts à ce que la continuité du règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, passe au prix de nos vies», ont martelé les fidèles chrétiens de Ziguinchor. Manifestant leur reconnaissance, leur affection et leur gratitude à l’endroit de la communauté musulmane et de tous ceux qui, de près ou de loin, les ont manifestés leur sympathie spontanée et sincère, le Collectif des Chrétiens a prié pour un Sénégal pluriel, un Sénégal laïc et uni.
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