A peine sont-ils revenus qu’ils promettent de repartir. Quel que soit le prix à payer. Ce sont les 433 personnes qui ont été rapatriées du Maroc, hier après que leur voyage pour l’Espagne a échoué. De ce nombre, l’on compte sept décès dont les circonstances sont mystérieuses.
Malgré la fatigue du fait de leur long périple, ils ne démordent pas de (re)tenter l’aventure à la quête d’un mieux-être de l’autre côté de l’Atlantique. Ce sont les Sénégalais qui ont bravé la mer et ses mystères à bord de pirogues pour rejoindre l’Espagne via les îles Canaries. Mais qui ont fini leur course au Maroc d’où ils ont été rapatriés par avion. En effet, pour la vague d’émigrés clandestins convoyée à Dakar, hier, il a fallu trois rotations d’avions, 156 pour les deux premières et 121 pour la dernière pour acheminer les 433 aventuriers en territoire sénégalais. «De ce nombre, on compte sept décès», affirme une source policière.
C’est au hangar des pèlerins, de l’aéroport Léopold Sédar Senghor que ces derniers ont été parqués à leur arrivée en début de matinée. L’identification des revenants faite, ils sont vaccinés et libérés. Dans les deux bus stationnés devant le hangar, ont pris place des rapatriés, tous originaires de Rufisque. Ils attendent leurs concitoyens pour retrouver leurs familles. Et quoique les forces de l’ordre aient interdit tout contact avec les refoulés, il suffit d’interpeller ces derniers pour qu’ils livrent leurs profondes convictions. «Si l’occasion se présente ce soir, je vais repartir par les mêmes moyens», prévient Modou Diop, habitant de Gouye Mouride, un quartier de Rufisque. C’est le même sentiment chez I. G. qui préfère donner ses initiales. «Il n’y a rien dans le pays, c’est pourquoi, nous sommes obligés d’aller voir ailleurs», se justifie-t-il.
Quid de l’échec de leur aventure ? M. Diop explique les circonstances : «Nous étions un équipage d’une centaine de personnes à bord de la pirogue que nous avons fait fabriquer pour l’occasion. Chacun a versé une somme de deux cent mille francs. Un montant auquel s’ajoute les cotisations d’autres Rufisquois. C’est le lundi dernier que nous avons embarqué mais, nous n’avons pas pu atteindre l’Espagne bien que nous avions aperçu les lumières de la ville.» Un de ses camarades de poursuivre «qu’après dix jours de voyage, les conditions climatiques comme la puissance de la houle nous ont contraints à changer de destination pour le Maroc. A cela, s’ajoutent certains facteurs que nous ne pouvons pas expliquer».
L’arrivée des aventuriers en terre marocaine sonne comme une aubaine pour eux, compte tenu des difficultés et de la longueur du voyage. «Les autorités marocaines nous ont logés au Stade de Dahla, une ville située au sud du pays. Là, les conditions d’hébergement étaient des meilleurs. Des repas nous sont livrés en permanence de même que des couvertures. Les Marocains sont très humains, ils nous ont bien traités jusqu’à ce qu’ils organisent notre rapatriement», se satisfait un autre Rufisquois.
Par ailleurs, parmi les personnes rapatriées, certaines traînent des pathologies bien qu’ils affichent une bonne mine. Ces cas ont été acheminés au centre de santé de Ouakam pour les besoins d’un diagnostic. Lors de notre passage à ladite structure de santé, le médecin-chef, le Dr Ousseynou Kâ, était encore à l’aéroport où il était convoqué depuis 4 heures, le matin. Le major que nous avons trouvé sur place nous suggère de repasser plus tard pour faire le point.
Toutefois, une source médicale confie que «les personnes consultées souffrent seulement de plaies multiples et traumatiques. Il n’y a pas de cas sérieux. D’ailleurs, c’est dans ce centre de santé que les corps des sept personnes décédées sont gardés». Mais, selon le chargé de la communication de la gendarmerie, le commandant Daouda Diop, dix aventuriers sont hospitalisés pour des affections diverses.
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