Jeudi 18 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Top Banner
Societe

EMIGRATION CLANDESTINE - Se sentant lésés par les autorités : Les jeunes mbourois déterminés à reprendre la mer

Single Post
EMIGRATION CLANDESTINE - Se sentant lésés par les autorités : Les jeunes mbourois déterminés à reprendre la mer

Après la visite que leur avait rendu le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi, les jeunes mbourois rapatriés d’Espagne qui se disent déçus, sont, aujourd’hui, déterminés à reprendre les pirogues pour se rendre à «Barça ou Barsaq». Parce que, soutiennent-ils, ils veulent jouir d’un épanouissement économique qui leur permettrait de jouer pleinement leur rôle dans la construction de leur pays et de venir en aide leurs familles.

Lors de son récent voyage dans la capitale de la Petite Côte où il était venu rencontrer les jeunes rapatriés issus de l’émigration clandestine, le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi, Aliou Sow, avait déclaré à qui voulait l’entendre que les sénégalais qui ont été rapatriés d‘Espagne ne pourront plus séjourner dans ce pays pendant une période de trois ans. Et, pourtant, des visas étaient mis à la disposition des jeunes. Très déçus par cette déclaration, les jeunes dont la plupart sont issus du secteur de la pêche n’ont plus d’espoir. C’est pourquoi, ces derniers qui se sont organisés en association, par la voix de leur président, avaient dit, séance tenante, que si des visas ne sont pas mis à leur disposition, ils sont prêts à reprendre les fameuses pirogues de fortune pour tenter, une fois encore, l’émigration clandestine.

«PROMESSES JAMAIS TENUES»

«Nous avons bravé la mer et tous les risques que cela comportait. Non seulement, ils ont intégralement contribué à notre rapatriement à hauteur de 13 milliards de francs Cfa, mais ils continuent à nous faire souffrir à cause des promesses qui ne sont jamais tenues», déplore Mbaye Seck, l’un d’entre eux que nous avons trouvé au niveau du quai de pêche de Mbour et qui dit avoir passé près de trois mois dans les îles avant d’être rapatrié alors qu’il ne souffrait d’aucune inquiétude de la part des autorités espagnoles. Ablaye Fall, lui, se dit outré par le comportement des autorités, notamment «le ministre de la Jeunesse, qui est un jeune comme nous, même s’il est parvenu, par la grâce de Dieu, à devenir un ministre, sait très bien la situation que nous vivons, parce que dans ce pays, si tu n’as aucune source de revenus, tu ne peux pas t’épanouir. Pourquoi il n’est pas capable de nous appuyer, ne serait-ce que dans la mise en place de projets qui pourraient nous permettre, au moins, de travailler dans notre pays que nous aimons tant», s’interroge-t-il, avant de soutenir que beaucoup de leurs camarades de fortune risquent d’être inutiles pour le Sénégal, parce que, depuis leur retour, leur vie a basculé.

«PRETS A REPRENDRE LA MER»

D’ailleurs, lors d’une émission radiophonique dans un média de la place, sis à Mbour, un jeune rapatrié faisait part de la situation qu’il vit depuis qu’il a été rapatrié. Il soutenait, en substance : «En quittant le Sénégal pour tenter l’émigration clandestine, je n’avais rien dit à mon épouse parce que je ne voulais pas l’effrayer. Quelques semaines plus tard, nous sommes rapatriés et on nous a fait descendre à Saint-Louis. N’ayant plus de ressources financières avec moi, j’ai téléphoné à ma mère pour qu’elle m‘envoie de l’argent, parce que je ne voulais pas retrouver ma femme sans sou. Mais, dès que ma mère a informé cette dernière de ce qui m’est arrivé, elle a plié bagages et est partie vers une destination que même sa famille ne connaît pas», s’indigne ce jeune émigré clandestin. Et, pourtant, si l’on en croit Amar Moussé Ngom, le président de l’Association des émigrés clandestins rapatriés d’Espagne, ses camarades, qui sont dans des situations de ce genre, sont très nombreux. «Beaucoup de ménages sont gâchés, depuis notre retour, parce que nous n’avons plus rien à faire. Beaucoup d’entre nous furent des acteurs du secteur de la pêche, mais ils n’ont plus le courage, encore moins la motivation d’aller pêcher, surtout qu’il n’y a plus de ressources halieutiques dans nos côtes», s’alarme M. Ngom qui se demande : «Pourquoi l’Etat du Sénégal ne peut pas débloquer des ressources financières nécessaires pour nous financer ? Pourquoi l’Etat du Sénégal ne peut pas mettre en place des projets qui puissent nous permettre de travailler sur place ? D’autant plus qu’on nous dit que les 13 milliards espagnols ne sont pas encore disponibles. Nous ne demandons qu’à travailler», déclare-t-il, avant de marteler : «Si nous sommes soutenus, nous sommes prêts à rester auprès de nos familles, mais on n’a pas le choix. C’est pourquoi nous sommes prêts à reprendre la mer au prix de notre vie», soutient notre interlocuteur.

DES «PROJETS POUR AIDER LES JEUNES»

Selon lui, reprendre la mer pour se rendre dans les îles ne sera pas chose difficile, d’autant que leur premier voyage leur a permis de mieux connaître le trajet. «Pour parcourir plusieurs kilomètres pour se rendre en Espagne, il faut l’expérience et le courage, ce que nous avons suffisamment. Mais, nous ne voulons pas voyager pour le simple plaisir ; on ne peut pas rester dans ce pays dans cette situation de pauvreté et de précarité extrême», nous lance un groupe de jeunes rapatriés trouvés à la plage de Golf dans la commune de Mbour. Pour le président du conseil d’administration du quai de pêche de Mbour, le conseiller municipal libéral, Badou Ndoye, par ailleurs, président du Gie Liggëyël Téfess de Mbour, «si tout allait bien dans le secteur de la pêche, les jeunes n’auraient jamais dû quitter leur pays. Mais, puisque la ressource halieutique est inexistante, ils sont obligés de quitter le Sénégal pour d’autres cieux beaucoup plus cléments», plaide-t-il, avant d’ajouter qu’il faut «mettre en place des projets pour aider les jeunes, particulièrement les pêcheurs».

ANCIEN FOOTBALLEUR

Le président des rapatriés a été dans l’antichambre du football professionnel. Amar Moussé Ngom, qui est né dans une grande famille de pêcheurs, fut un très grand footballeur. Même s’il a très tôt embrassé le métier de pêcheur, alors qu’il était encore élève. C’est après un passage au lycée Demba Diop de Mbour, qu’il s’est consacré définitivement au métier de pêcheur. Après plusieurs années dans ce secteur, grand pourvoyeur de devises dans l’économie sénégalaise, conscient du fait que la pêche ne peut plus rien lui apporter à cause de la rareté des ressources, il a décidé de tenter l’aventure vers d’autres cieux. Après avoir défendu les couleurs de l’Asc Kayafi de son quartier Onze novembre, il a intégré les rangs du Stade de Mbour sous les ordres de Lamine Kane, actuel entraîneur du Touré Kunda et de Abdoulaye Sarr, ancien sélectionneur national des Lions de la Téranga, il est parti au Maroc pour des tests qui ne seront pas concluants. C’est ainsi qu’il est resté au Royaume chérifien pour jouer dans le championnat interprofessionnel. Deux ans plus tard, il revient au Sénégal. «Ne sachant plus quoi faire, je suis retourné dans la pêche afin de pouvoir subvenir à mes besoins», confie-t-il. «Avec la rareté des ressources de la mer, j’ai rejoint mon oncle qui avait une résidence para-hôtelière à la station balnéaire de Saly. Mais, puis qu’avec ce que je gagnais, je ne pouvais pas satisfaire tous mes besoins, j’ai décidé avec mes petites économies, de tenter l’émigration», avance-t-il. «Aujourd’hui, on ne sait plus quoi faire. Nous voulons, tout simplement, qu’on nous donne des visas, sinon nous attendons que la mer soit calme pour repartir», prévient Amar Moussé Ngom. Réagissant aux inquiétudes du ministre qui disait que certains jeunes, seraient tentés de revendre leurs visas à d’autres personnes, il tient à préciser que les rapatriés qui ne souhaitent que quitter le Sénégal ne pensent même pas à ça. «Notre seule préoccupation demeure notre soif de participer à la construction de notre cher pays et aider nos familles à vivre hors de la précarité qui sévit, particulièrement, dans les zones de pêche», déclare-t-il. «Nous ne voulons pas laisser de place à la délation et à la désinformation, mais on a l’impression que c’est ce que veulent nous imposer les autorités, à travers les actes pas du tout sérieux qu’elles posent», conclut Amar Moussé Ngom.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email