Des candidats sénégalais à l’émigration ont été sauvés hier par la Marine nationale qui a réussi à les localiser et à les ramener au bercail. Les cinq premiers sont épuisés par le voyage. Une seconde vague de 110 personnes était attendue à Dakar. Un Etat-major mixte composé d’éléments de la Marine, de la Police et de la Gendarmerie sénégalaises permettra de prendre les devants dans la lutte contre l’émigration clandestine par la mer.
Il est 21 heures lorsque le patrouilleur de la marine sénégalaise, le Baay Sogui, fend les eaux calmes de l’océan. Le phare du navire éclaire toute la zone, des marins s’activent pour l’accostage qui a eu lieu sans difficulté. Une équipe médicale est à bord. Il y a cinq personnes que l’on peut apercevoir à travers les vitres. Elles sont visiblement très mal en point. L’un d’eux intrigue par son regard absent et figé. Un autre reste immobile, une perfusion à la main. Pour le moment, les quelques rares journalistes venus aux nouvelles ne peuvent les approcher. « Ce sont des gens assez mal en point. Donc on privilégie l’aspect sanitaire », nous dit le commandant Daouda Diop de la direction des relations publiques des armées (Dirpa). En d’autres termes, la presse ne pourra pas s’adresser aux rescapés qui sont tous des Sénégalais. Le mot n’est pas de trop, car ces hommes sont revenus de loin. Cela faisait huit jours qu’ils étaient en mer. « Ils n’ont même pas atteint Saint-Louis et se sont perdus à 200 km », loin des eaux sénégalaises nous explique le commandant Diop.
Selon une autre version, les cinq candidats à l’Europe ont réussi à naviguer jusqu’au large du Maroc avant de faire face à des vagues de sept mètres. C’est alors qu’ils ont tenté de rebrousser chemin. Mais ce fut pour se perdre en haute mer et aller à la dérive. Heureusement pour eux, un Etat-major mixte, composé de la Marine, de la Gendarmerie et de la Police, a été mis sur pied pour parer à l’émigration clandestine par la mer. C’est ainsi qu’un navire est parti à la recherche d’émigrants. On nous apprend que, hormis les cinq premiers venus, un autre navire, le Poponguine, était attendu hier nuit à Dakar, 2 heures du matin, avec à son bord 110 passagers qui étaient en route vers l’Europe.
Ce retour au bercail sans voir se réaliser leur rêve d’un eldorado européen est le bienvenu chez les rescapés qui ont réagi positivement à la vue des secouristes. « Ils acceptent de venir généralement. Ils nous remercient même », dit l’adjudant-chef Kane, chef de la section environnement de la Gendarmerie.
A leur arrivée à Dakar, les cinq rescapés ont été consultés rapidement par un médecin. Selon le caporal Fallang Sarr, infirmier, ils sont traités depuis hier matin et sont sous perfusion. Trois sont dans un état fébrile et reçoivent un traitement palustre justifié par le fort courant d’air en haute mer. Il y a eu un cas de « petite » dysenterie, ajoute-t-il. « Ce sont des cas gérables », rassure le caporal infirmier. Après avoir été consultés par le médecin, les rescapés doivent maintenant être évacués.
Le plus mal en point ne peut même pas bouger, les sapeurs pompiers ont dû le coucher sur une civière pour l’installer dans l’ambulance. Il garde toujours sa perfusion, tout comme le second à débarquer du navire militaire.
Ce dernier marche difficilement, les pieds nus, en s’appuyant sur deux sapeurs pompiers qui le tiennent bien pour l’empêcher de s’écrouler. Les trois autres n’ont pas besoin d’assistance pour rejoindre l’ambulance qui les achemine à l’hôpital Principal.
S’ils n’avaient pas été secourus, ces hommes allaient grossir les rangs des disparus en mer. L’Etat-major mixte, confie l’adjudant-chef Kane, se chargera de parer à ce genre de situation. « Ce sont des pirogues artisanales qui ne sont pas adaptées au voyage. Les moyens de sécurité sont sommaires, il n’y a pas de radio » à bord, regrette-t-il.
0 Commentaires
Participer à la Discussion