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ENFANTS DE LA RUE A SAINT-LOUIS : Des bêtes de somme à la merci des maîtres coraniques

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ENFANTS DE LA RUE A SAINT-LOUIS : Des bêtes de somme à la merci des maîtres coraniques

Dans les différents marchés de Saint-Louis, les enfants de la rue sont sans cesse brimés. Ils sont utilisés dans des tâches qui ne sont pas adaptées à leurs âges. Commerçants et autres ménagères les emploient pour déplacer leurs marchandises et leurs paniers. Contraints de travailler comme des adultes, ils ne cherchent, pour la plupart, que quelques pièces de monnaie pour  s’acquitter du versement journalier fixé par des marabouts véreux.

Des innocents taillables et corvéables à souhait

Les enfants vivent un véritable calvaire, bien loin de leurs parents. Ces derniers, restés au village, envoient leurs progénitures dans les grandes villes auprès d’un maître coranique. En réalité, celui-ci ne leur enseigne pas le Coran, mais les envoie chercher de l’argent.  Chaque jour, la somme requise s’élève à 300 FCfa par enfant. Tous ceux qui ne s’en acquittent pas sont battus par le marabout. Alors, pour éviter la cravache, d’aucuns n’hésitent à commettre des larcins ou alors, ils travaillent comme de vrais adultes. Traités comme des bêtes de somme par des commerçants, ces enfants, dont la moyenne d’âge tourne entre 4 à 16 ans, sont, de plus, exposés à toutes sortes de maladies. Mal nourris, ils sont aussi battus par les plus grands d’entre eux. Qui n’a pas, une fois, rencontré dans la rue un de ces enfants avec un lourd fardeau sur la tête ? Mais, personne ne fait attention à eux. Ils font, dorénavant, partie du paysage.

Pourtant, il suffirait de les écouter pour connaître ce qu’ils endurent et les orienter au niveau des centres d’accueil qui ne manquent pas au Sénégal.

A Saint-Louis, il existe quelques exceptions. Certains parmi ces enfants sont bien traités. C’est le cas des structures d’accueil comme la Liane et l’Aemo (Action éducative en milieu ouvert). Mais d’autres ne connaissent pas l’existence de ces bienfaiteurs.

Des marabouts intouchables

Qui protége les marabouts utilisant les enfants à mauvais escient ? Cette question mérite d’être posée, car leur calvaire est réel. Mais, beaucoup préfèrent protéger des adultes qui se cachent derrière un métier pour se remplir les poches. Un marabout, qui a dans son daara 100 enfants et réclame 300 FCfa à ses talibés, encaisse  30 000 FCfa par jour, soit 900 000 FCfa le mois. Sans le moindre effort. Les enfants qui subviennent aux besoins de ces marabouts portent des haillons et ne sont, eux-mêmes, pas nourris. Très tôt le matin, les enfants partent en quête de la pitance quotidienne. Les offrandes royales, ils n’ont pas le droit de les manger, car elles sont réservées aux marabouts. «Si on m’offre un poulet ou de la viande non cuite, je le donne à mon marabout. Et quand sa femme lui cuisine le poulet, je n’ai pas droit à un morceau. Si je garde le poulet pour moi ou je le vends, les autres talibés vont me dénoncer au marabout et je serai battu», témoigne Abdoul, un talibé maigrichon rencontré dans un groupe de jeunes de son âge qui subissent le même sort.

Pourtant la mendicité est déplorée au Sénégal. Et ceux qui seraient en mesure d’arrêter ce calvaire laissent faire. La religion musulmane est claire sur la question. «A l’époque, les talibés, après avoir étudié le Coran le matin, se devaient d’aller chercher la pitance pour manger. Ce n’est pas parce que leurs marabouts n’avaient pas de quoi les nourrir, mais demander la pitance faisait partie de l’initiation. C’est comme dans l’Armée ou les supérieurs demandent aux nouvelles recrues de s’adapter à toutes les conditions de vie. Dire à un talibé de verser de l’argent à son marabout, n’est rien d’autre que de l’exploitation», pense Mbagnick. Dans une localité comme Saint-Louis, le phénomène des enfants de la rue inquiète. Présents sur les marchés, du matin au soir, c’est à se demander à quelle heure ces enfants étudient véritablement le Coran.

Qui sont les enfants de la rue ?

«Les enfants de la rue sont constitués en plusieurs catégories» à la recherche d'un mieux-être. Ils investissent les marchés et les gares routières. Ils se livrent, dans la plupart des cas, aux actes de vol. Le soir, ils dorment sur les trottoirs. Les enfants talibés fuguent pour échapper au châtiment que leur infligent les marabouts. Les enfants fugueurs de leurs familles font aussi partie du lot. Ces enfants ne se sentent pas bien chez eux suite à des conflits conjugaux, à la pression qu'exercent leurs parents parfois très répressifs, ou suite à de mauvais traitements dont ils sont victimes. Ils fréquentent des groupes de malfaiteurs et érigent un local abandonné en ghetto (le quartier Diamalaye en abrite un).

«Enfants fugueurs : conflits avec les parents»

Ces enfants ont tous besoins, à un moment donné, de trouver des réponses aux questions qu'ils se posent. Certains parents n'arrivent pas à décortiquer les signes que les enfants leur envoient, mais bien au contraire, les parents considèrent cela comme un comportement à corriger par la répression. C’est ainsi que s'installe un conflit entre eux. S’il y a un manque de communication, les enfants vont à la recherche d'un cadre ou ils ont droit à la parole et le droit d'être écouté. Et de fil en aiguille, ils utilisent la rue comme un espace de socialisation.

Le versement ou la carotte

Quant aux enfants talibés, leurs marabouts leur imposent des versements journaliers et s’ils ne parviennent pas à s’en acquitter, ils préfèrent dormir dans la rue plutôt que de rentrer, afin d'éviter la punition. Les enfants issus des familles pauvres aussi se livrent à une recherche effrénée d'argent, mais dorment dans la rue, car ils viennent, pour la plupart des cas, du milieu rural



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