Les enfants talibés subissent les rigueurs de l’enseignement religieux non pas parce qu’ils assimilent mal les leçons qu’on leur dispense, mais parce qu’ils n’ont pas apporté l’argent qu’on attendait d’eux. C’est en tout cas la conviction du Président du conseil d’administration (Pca) du Parrer, Cheikh Hamidou Kane qui en appelle à une forte mobilisation de la société sénégalaise contre cette pratique.
Le président de conseil d’administration du Partenariat pour le retrait et la réinsertion des enfants de la rue (Parrer) Cheikh Hamidou Kane est pour l’enseignement religieux des enfants au Sénégal, mais pas au point d’exposer ceux-ci à l’insécurité. ‘Il est normal que les familles veuillent donner une éducation religieuse à leurs enfants, mais on peut donner cette éducation religieuse sans soumettre les enfants aux dangers, aux aléas, aux violences, à l’insécurité qui accompagnent le phénomène des talibés’, a objecté hier M. Kane lors d’une signature d’accord cadre entre le Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef) et le Parrer. Pour lui, ‘les sévices que subissent aujourd’hui les enfants, ce n’est pas tellement pour qu’ils apprennent bien le Coran, mais c’est parce qu’ils n’ont pas apporté l’argent qu’on attendait d’eux quand ils sont allés mendier’.
D’ailleurs, le Pca du Parrer qualifie ‘d’anormale’ cette pratique. Cheikh Hamidou Kane invite, à cet effet, la société sénégalaise dans son ensemble à se mobiliser contre. Il estime que l’action de communication pour parler aux familles, aux marabouts et à la société dans son ensemble doit avoir une place importante dans le dispositif de lutte contre le phénomène des enfants de la rue. ‘Il faut réaliser la conscientisation de la population, c’est cela le remède majeur. Sinon, l’Etat, dans ses divers démembrements, a une contribution importante à apporter pour administrer l’éducation, pour mettre en place une législation qui protège les enfants, pour mettre des structures éducatives importantes et adaptées’, croit M. Kane estimant ‘qu’il (L’Etat) a commencé de le faire’.
A travers la signature de cet accord de partenariat, l’Unicef et le Parrer prolongent ainsi l’engagement qu’ils ont en commun à travailler ensemble et qui a été contracté en 2005. Cette coopération contribuera aux efforts nationaux développés dans le domaine de la protection de l’enfant et portera plus particulièrement dans les domaines spécifiques de la prévention des phénomènes des enfants vivant dans et de la rue et de celui de la mendicité des enfants. Selon Mme Giovanna Barberis, représentante résidente de l’Unicef à Dakar, ce partenariat va donner une perspective nouvelle dans le volet communication de proximité pour le changement de comportement. Pour le moment, précisera-t-elle, c’est un accord cadre, en attendent que soient définies les activités spécifiques ou le budget spécifique. Cet accord est donc l’expression d’une volonté de mettre ensemble les efforts nécessaires pour combattre la maltraitance et améliorer les conditions de vie des enfants.
Pour Cheikh Hamidou Kane, l’Unicef est un partenaire privilégié du Parrer. ‘Ce partenariat nous permettra de renforcer les actions déjà entamées, de les consolider et de les inscrire dans la durabilité’, fait-il savoir. Non sans se réjouir de ce que l’Unicef dispose d’une expertise dans les domaines de la communication, de la santé, de l’éducation etc, mais aussi de ressources financières importantes qu’il alloue aux secteurs de sa compétence à l’intérieur du pays où il a des bureaux.
Durant les trois années précédentes, le Parrer, grâce au financement des Japonais à travers la Banque mondiale, a entrepris une série d’actions parmi lesquelles la réalisation de diagnostics sur la situation de la mendicité dans plus de deux cent villages des régions de Kolda, Kaolack, Thiès et Ziguinchor, l’élaboration de profils des daaras en fonction du niveau de respect ou de violation des droits de l’enfant dans des quartiers urbains et périurbains de Dakar, Mbour, Thiès, Rufisque, mais aussi la diffusion d’un argumentaire islamique contre la mendicité et la maltraitance des enfants, développée par l’Unicef et le ministère de la Petite Enfance, entre autres. Ces actions choisies comme illustration parmi tant d’autres ont permis, selon le Pca du Parrer, l’identification de 1129 familles à risques, de 5160 enfants talibés et de 759 écoles coraniques bénéficiaires du projet dans les zones pourvoyeuses des quatre régions précitées. Ces actions ont également facilité la mise en place progressive de microprojets pour ces familles, la réalisation de plus de 400 séances de sensibilisation dans les communautés pourvoyeuses d’enfants mendiants à Kolda, Kaolack, Ziguinchor et Thiès et enfin la mise en place de 146 comités de protection de l’enfant dans autant de communautés pourvoyeuses d’enfants mendiants.
19 Commentaires
Baye Diarra
En Octobre, 2011 (06:01 AM)Julo
En Octobre, 2011 (06:17 AM)Janus
En Octobre, 2011 (06:53 AM)Janus
En Octobre, 2011 (07:02 AM)La décision historique du gouvernement de faire appliquer effectivement les lois de la République sur la mendicité en général et, par cette voie, de mettre fin à l’exploitation féodale des enfants astreints quotidiennement à la servitude par la mendicité, est à saluer. Toute autre attitude n’est que pire complicité avec un système esclavagiste d’exploitation des enfants issus des milieux de la paysannerie pauvre de certaines régions du Sénégal.
Octobre 2011 : QU'A-T-ON FAIT DE CETTE LOI ???????????
Janus
En Octobre, 2011 (07:04 AM)La vérité est que le marché de l’aumône est lucratif ! Il est très rentable avec des enjeux énormes sur les plans financiers et matériels. Il est alimenté par une offre informelle et ostentatoire. Ceux ou celles qui justifient la mendicité, oublient de considérer le martyre des enfants à qui certains prétendus éducateurs obligent de rapporter quotidiennement une certaine somme d’argent sous peine d’être battus. Ce rapport de violence et d’instrumentalisation de l’enfant pour obtenir par la force de l’argent n’est prescrit par aucun livre saint.
Non et mille fois non ! Plus jamais ça !
Au nom de l’islam et de toutes les religions, nous ne devons plus accepter d’être des complices ou des pourvoyeurs d’intrants d’aumônes qui constituent un supplice pour les enfants. On peut apprendre le Coran sans mendier ! On peut adorer Dieu sans mendier, ni souffrir quotidiennement dans sa chair et être meurtri dans sa tête. Comment comprendre et accepter qu’en 2010, des milliers d’enfants soient, tous les jours, contraints de mendier et de rapporter par la force une certaine somme d’argent ?
Janus
En Octobre, 2011 (07:17 AM)Is
En Octobre, 2011 (07:55 AM)Que vous rapellent les phrases suivantes "Ce jour-la THIERNO l'avait encore battu ce pendant SAMBA DIALLO savait son verset simplement sa langue lui avait fourche" JE VOUS LAISSE le soin de deviner ce que je veux dire
Passager
En Octobre, 2011 (10:56 AM)Kolda Infos Enfants
En Octobre, 2011 (11:56 AM)A
En Octobre, 2011 (12:06 PM)Aventure Ambigue
En Octobre, 2011 (13:07 PM)Kali
En Octobre, 2011 (13:08 PM)Diop
En Octobre, 2011 (13:28 PM)Samba Diallo
En Octobre, 2011 (13:29 PM)sommes tous concernés par ce fléau qui gangrénne notre societé
il n'y a pas de tete lucide entre deux termes d'1 meme choix ,ce qu'il y a, c'est une nature etrange de n'etre pas deux...........
Ngagne_
En Octobre, 2011 (14:01 PM)Au Sénégal, mendier est un métier et non une nécessité.
Le combat doit être mené par tous à commencer par les marabouts. Si le phénomène persiste c'est à cause des marabouts. Ils ne font rien pour empêcher les talibés d'aller mendier.
Les parents de ces gosses sont aussi fautifs. Lorsqu'on ne peut ni nourrir, ni assurer une éducation à son enfant, on ne doit pas en faire. Nous sommes au 21ème siècle.
Si de tels parents vont au paradis, tout le monde ira au paradis inchallah.
Peuls,
En Octobre, 2011 (15:36 PM)@tonton Cheich
En Octobre, 2011 (18:50 PM)Oui pour apprendre le coran et non aux conditions inhumaines dans lesquelles vivent les talibés
Sweetmbourguedj
En Octobre, 2011 (15:02 PM)Etonné
En Octobre, 2011 (18:08 PM)Participer à la Discussion