Le paysage syndical enseignant du Sénégal est-il en passe de connaître l’avènement d’un énième regroupement corporatiste ? Tout porte à le croire d’autant que les enseignants et formateurs des établissements techniques et de la formation professionnelle, réunis en Collectif, ont décidé de se mobiliser pour prendre eux-mêmes en charge non seulement la défense de leurs propres intérêts matériels, moraux et syndicaux, mais encore la promotion de leur environnement professionnel.
Pour les compagnons d’Ibrahima Hann, le chargé de communication de ladite structure, les 16 regroupements unitaires qui se partagent l’Intersyndicale enseignante au Sénégal, en dépit de leur bonne volonté, n’ont jamais pris en charge de manière adéquate les préoccupation s du sous secteur de l’enseignement technique et la formation professionnelle. Un sous secteur d’ailleurs si stratégique pour le développement économique du pays qu’il fut institué deuxième priorité de l’éducation nationale, après l’enseignement élémentaire, dans la phase II du Programme décennal de l’enseignement et de la formation (Pdef), et le département de tutelle érigé en ministère de pleine souveraineté. Pour le Collectif des formateurs et enseignants, une telle incapacité des syndicats classiques à promouvoir la défense des intérêts de l’Etpf et de ses agents résulterait de leur difficulté à maîtriser les réalités et les spécificités de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Un enseignement dont les apprentissages se déroulent aujourd’hui au Sénégal dans des établissements, des centres de formation et des conditions d’étude en décalage total avec les normes universellement admises pour la performance et la compétition. Matériel obsolète, lycées industriels dénudés, centres de formation désuets, ateliers sous-équipés, supports pédagogiques trop onéreux, débauchage des formateurs par les entreprises plus valorisantes du secteur privé. A dire vrai, pour le Collectif des enseignants des établissements techniques, l’absence totale d’attractivité est en train de fragiliser davantage l’Enseignement technique et la formation professionnelle au Sénégal.
Plus grave encore, les enseignants et les formateurs dudit secteur, livrés à eux-mêmes par une politique gouvernementale qui cherche encore sa stratégie d’enseignement technique et de formation professionnelle, ne bénéficient ni de formation continuée ni de recyclage pour être au diapason de l’évolution technologique, de la mondialisation des savoirs et des pouvoirs. Conséquence : les enseignants et les formateurs du secteur se retrouvent souvent dépassés par leurs propres élèves et apprenants. Lesquels naviguent aisément dans le cyberespace, à la recherche de savoirs et de savoir faire, grâce à l’outil informatique et/ou numérique alors même que les professeurs n’ont qu’un contact limité avec l’outil en question.
Conscients de tous ces handicaps et soucieux de prendre en charge la défense de leurs propres intérêts, 90 formateurs et enseignants des établissements techniques et de la formation professionnelle, venus de toutes les régions du Sénégal, ont décidé à Kaffrine de se mobiliser pour inculquer la culture de l’excellence dans l’ETPF, en promouvant l’approche par compétence et l’adéquation école-entreprise. Pour y arriver cependant, il importe d’apporter des solutions structurelles aux dysfonctionnements et carences qui affectent constamment l’Enseignement technique et la formation professionnelle au Sénégal. Toutes choses que le Collectif des formateurs et enseignants de l’ETPF a opté de prendre en charge par l’entremise d’un nouveau syndicat qui sera porté sur les fonts baptismaux incessamment, après la tenue de son assemblée générale constitutive.
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