Entre Dakarois et « Villageois »

Vous êtes-vous promené dans Dakar depuis le jour de la Tabaski ? Et quels constats ? Fluide circulation. Aussi, ville déserte. Jusqu’au petit matin de la fête où de malins voyageurs, visibles le long de la Nationale et aux gares routières de « Colobane » et « Pompiers », faisaient des pieds et des mains pour rejoindre leur patelin et pour aller ainsi fêter en famille, nul point de ralliement de passagers à la merci de ces décoratifs, « cars rapides » et autres « Ndiaga Ndiaye ». Pas moins d’une bousculade pour trouver une place dans un moyen de transport. La surenchère des transporteurs est tombée faute d’une faible demande.

Eh oui, Dakar conjugue avec son ambiance attristée des jours de « Magal » de Touba ou « Gamou » de Tivaouane. Et tant mieux, soupirent nombre de « Dakarois ». Ces derniers sont tout heureux de la « rentrée » des « Villageois » qui se la coulent douce dans leurs « hameaux » au moins toute une semaine durant. Eh oui, la fête de Tabaski est le moment choisi des grandes retrouvailles familiales et, il est connu que chacun, fut-il devenu chef de famille, aime à la célébrer sous le toit paternel.

Ainsi, des mois d’absence du royaume de l’enfance doivent forcément être suppléé par un retour de quelques jours aux terres des ancêtres. Aussi pour les fonctionnaires, acteurs de l’informel tout comme simples citoyens vivant à Dakar et rajoutant au magma humain, la fête se déroule sur plusieurs séquences. Pour les fonctionnaires, la trouvaille est de demander des jours de congé. Dans tout cela, c’est l’économie qui risque de trinquer, si ce n’est l’invite du président Wade au travail.

Mais pour plusieurs Dakarois, la « période morte » semble la plus bénie de l’année et charrie un bonheur infini avec des distances raccourcies, une défiguration de l’encombrement humain, la rupture des nausées provoquées par les transports, une dépollution partielle... Certains vont même jusqu’à formuler des vœux (c’est le moment avec l’année nouvelle et la fête religieuse) pour que ces « villageois » restent au country.

D’autres encore plus malins ne manquent pas de réfléchir à haute voix : « Et si Serigne Saliou demandait aux disciples Mourides de rester à Touba et de ne plus ressortir de la ville sainte ? » La réponse, toujours à haute voix d’un autre, coule de source : « Il serait alors un calvaire que de vivre à Touba. Pire que le piège dakarois ».

En tout cas, l’heure semble venue de réfléchir sur le désencombrement humain et même des espaces (avec tous ces chantiers ouverts et jamais terminés) de Dakar. Un visa pour filtrer les entrées à partir de Diamniadio, émettent certains.

Non ! L’encombrement de Dakar passera par l’érection de pôles de développement dans les contrées les plus reculées. Seules des entités viables permettront de retenir les autochtones dans leurs terres. Autrement, l’informel et des secteurs micro (bes) auront encore de beaux jours à Dakar.

En tout cas, la fin de la récréation sera bientôt sifflée et, rebonjour les dégâts.

Le dimanche sonnera le retour des derniers retardataires. Alors, le lundi : attention. Surtout que d’autres travaux s’annoncent au point de Hann. Bifurcations, détours, rallonge des distances... sont au rendez-vous. Ne pas se départir de son sang-froid au volant.