NETTALI.NET- Dans son édition du mardi 3 février, le quotidien dakarois Le Populaire écrit à sa une qu’entre Touba et le pouvoir du président Abdoulaye Wade, « le climat se détériore ». En réalité, le journal faisait simplement allusion à la décision de l’Etat du Sénégal de réduire de 25% le quota de riz qu’il a toujours octroyé à la communauté mouride dans le cadre de la célébration du grand Magal de Touba. Et Serigne Bass ibn Serigne Abdou Khadre Mbacké qui coordonne le comité d’organisation du grand Magal de Touba ne s’est pas fait prier pour rappeler au ministre Awa Ndiaye que la communauté mouride ne comptait pas sur le soutien de l’Etat pour réussir son Magal. C’est qu’entre le pouvoir de Wade et certains dignitaires mourides qui se chargent notamment de l’organisation du Magal, le temps du désamour pointe de plus en plus à l’horizon.
L’on se rappelle en effet qu’après le rappel à Dieu du vénéré Serigne Saliou Mbacké, une polémique s’était installée entre certains marabouts mourides et les tenants du pouvoir. Polémique due notamment à l’utilisation de l’argent des grands chantiers de Touba lancés par feu Serigne Saliou Mbacké. D’ailleurs, les travaux de Touba ont connu une période de blocage après le disparition du cinquième khalife de Serigne Touba. Et c’est finalement l’actuel khalife Serigne Bara qui est monté au créneau pour débloquer près d’un milliard de francs Cfa pour que les chantiers puissent redémarrer.
En outre, Serigne Bass ibn Serigne Abdou Khadre qui gère également les chantiers de Touba avait fait une sortie dans la presse pour faire le bilan de l’argent dépensé dans ses travaux. Et il avait laissé entendre que l’argent donné par Abdoulaye Wade dans les travaux de Touba avait été « emprunté » par le même Wade. Rien d’étonnant que ce jeune marabout, homme de confiance de Serigne Bara fait remarquer au gouvernement que la communauté mouride ne compte pas exclusivement sur son aide pour célébrer le Magal qui draine des milliers de fidèles.
Il s’y ajoute qu’avant le coordonnateur du comité d’organisation du Magal de Touba, c’est Serigne Bassirou Abdou Khoudoss qui faisait remarquer à une délégation du ministère de l’Intérieur que l’essentiel des services de l’Etat n’avaient pas respecté les engagements pris dans le cadre du Magal. A l’exception notable de la Senelec. Et il a fallu que le khalife de Touba s’en ouvre au chef de l’Etat pour que les choses avancent. D’ailleurs, reçu par Serigne Bara, le ministre de l’Economie et des Finances avait pris l’engagement de débloquer, dans la semaine, l’argent nécessaire pour un bon Magal.
Tout cela montre les difficultés réelles que l’Etat rencontre dans la gestion de ses relations avec Touba. S’il est vrai qu’à Touba, l’on peut facilement comprendre les difficultés financières qui tiennent l’Etat à la gorge, il y aura toujours des marabouts mourides pour y trouver un manque de respect.
En fait, il s’agit bien de l’effet boomerang de la façon dont Abdoulaye Wade s’est toujours comporté à l’endroit de la communauté mouride, toujours choyée, à la grande frustration des autres familles religieuses du Sénégal. Et si entre El Hadji Bara et Wade, l’on peut toujours penser que les relations sont des plus normales, il n’en est pas de même des autres marabouts, plus jeunes, qui souffrent avoir pris le pouvoir depuis l’intronisation de Serigne Bara comme sixième khalife de la communauté mouride.
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