Gran Canaria, 19 sept (APS) - Les vagues d'immigrés clandestins sénégalais continuent d'arriver aux Iles Canaries, notamment à Ténérife où deux pirogues ont atteint la terre ferme mardi, tandis qu'une autre a été localisée en haute mer par la sécurité espagnole, a appris de sources sûres l'envoyé spécial de l'Agence de presse sénégalaise.
Parmi les clandestins qui, à l'arrivée, affichent un abattement révélateur des conditions très difficiles de leur odyssée, on note beaucoup de mineurs que l'on définit ici comme des personnes âgées de 17 ans au plus. A ce propos, on estime, selon diverses sources, qu'il y a un millier de mineurs sénégalais parmi l'ensemble des clandestins arrivés en terre espagnole.
Ils sont seuls ou accompagnés de leurs parents et comme a pu le voir l'envoyé spécial de l'APS, il y a à Ténérife un centre de rétention où résident 85 mineurs dont l'âge est compris entre 12 et 17 ans. A Grand Canaria, située à une demi-heure d'avion de là ou à une heure et demie de ferry, le centre de rétention contient 50 mineurs.
Dans le centre de rétention de Ténérife, deux Rufisquoises ont certifié avoir fait la traversée avec une compatriote de Ouakam accompagnée de sa fille. Pire, un homme a été vu avec son fils de sept ans. A la question de savoir pourquoi il agit de la sorte en entraînant dans cette aventure son jeune garçon, il a répondu le plus naturellement du monde : ‘'dama bëg mu tekki'' (je veux qu'il devienne quelqu'un de fortuné).
Ces paroles ne sont pas loin de celles tenues par les autres Sénégalais - jeunes hommes, jeunes femmes ou mineurs - déclarent à qui veut les entendre qu'''il faut nous laisser travailler, car nous avons fait le serment de nous en sortir ou bien de mourir'' (bayi leen nu nu ligey dano miras sunu bopp).
Une détermination qui n'a d'égale que la tragédie qui caractérise le séjour en terre espagnole des clandestins sénégalais parmi lesquels on compte plusieurs décès. A ce sujet, une controverse existe en Espagne entre les autorités et les Sénégalais régulièrement établis dans le pays.
En effet, selon l'association des Sénégalais de Las Palmas, réunie lundi en présence de la presse sénégalaise, il y aurait 2000 disparus ou noyés chez leurs compatriotes depuis le début des arrivées par pirogue. Pour leur part, les autorités canariennes citées par le quotidien Le Monde du 1-er septembre, font état de 590 corps d'immigrés clandestins repêchés dans la mer.
S'il est difficile d'établir la véracité de telles informations, il reste constant, selon le président de l'association des Sénégalais de Ténérife, El Hadj Ngaïdo, que des éléments de la Guardia civile sont tombés en mer, la semaine dernière, sur deux pirogues vides de leurs occupants. L'une d'elles n'avait pas de moteur.
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