EVASION RATEE AU TRIBUNAL DE DAKAR : Le judoka Tunisien, Anis Ben Khaled, tente de se faire la belle

Vingt quatre heures après avoir été écroué à la prison centrale de Rebeuss sous bonne escorte de la Brigade d’intervention polyvalente (Bip), du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (Gign) et  de la brigade nationale des fugitifs français, le judoka Tunisien, Anis Ben Khaled, a tenté de s’évader au tribunal de Dakar, hier. Il a été extrait pour être présenté à l’adjointe du procureur de la République. Il a finalement été rattrapé après une course-poursuite dans le quartier de Rebeuss.

Les policiers français avaient bien fait d’avertir leurs homologues sénégalais de ce que Anis Ben Khaled est un as des évasions qui fera tout pour se tailler si l’occasion se présente. Il en a fait la démonstration, hier. Incarcéré à la prison centrale de Rebeuss depuis avant-hier dans la soirée, le judoka a été extrait hier de sa cellule pour être présenté à l’adjointe du procureur de la République. Du fait de sa dangerosité, il a été escorté par les éléments légers d’intervention (Eli), le corps d’élite de l’administration pénitentiaire (à l’image de la Bip et du Gign). Après son audition par la parquetière, Anis a été escorté pour être conduit à la cave où il devait attendre le véhicule de l’administration pénitentiaire qui devait l’acheminer, avec d’autres détenus, à la prison de Rebeuss. Profitant d’un moment d’inattention de ses geôliers,  il les a bousculés, s’est payé un sprint digne d’un athlète qu’il est, et s’est retrouvé hors du tribunal. Il s’est alors engouffré dans une rue du quartier de Rebeuss, poursuivi qu’il est par les gardes pénitentiaires, les gendarmes en faction au tribunal et les policiers de la Brigade des affaires générales (Bag) de la Division des investigations criminelles (Dic) dont les locaux se trouvent au tribunal. Après une course-poursuite, il a finalement été rattrapé et ramené à la cave, sous bonne escorte, d’où il a pris départ pour la prison de Rebeuss.

En cavale depuis un an, Anis Ben Khaled était venu participer à la 32e édition des championnats d'Afrique de judo qui s’est tenue à Dakar du 14 au 17 avril 2011. Une participation qui a mis la puce à l’oreille de la brigade nationale des fugitifs français qui a envoyé des éléments au Sénégal pour le cueillir. C’est ainsi que Anis Ben Khaled a été arrêté dans la nuit du dimanche au lundi à l’aéroport Léopold Sédar Senghor alors qu’il s’apprêtait de prendre un vol pour Tunis.

Une demande d’extradition a été introduite par les autorités françaises. La chambre d’accusation va statuer sur son cas dans les prochains jours. Si elle donne son accord, il reviendra au président de la République, Me Abdoulaye Wade, de signer un ordre d’extradition.

Daouda MINE

Un as des évasions nommé Anis Ben Khaled

Avec une double nationalité (française et tunisienne),  Anis Ben Khaled est un mastodonte. Une force de la nature qui, bien qu’il aime la liberté, se met très souvent en marge de la loi.  Âgé de 31 ans et titulaire d'un diplôme d'ingénieur, il n’en est pas moins un judoka de haut niveau. Il a réussi la prouesse d’entrer dans le cercle restreint de l’élite du judo français, catégorie poids lourds. Mais en plus de ses qualités d’athlète, Anis est «fiché» par la police française comme un trafiquant de drogue et un as des évasions.

En effet, après avoir été condamné pour une histoire de stupéfiant dans sa plus tendre enfance, il avait décroché en un moment donné, ne se consacrant qu’à sa carrière de judoka. Mais en mai 2010, il a été repris fortuitement par la police. Les limiers étaient à la poursuite de braqueurs qui s’étaient attaqué à un supermarché et sont ainsi retrouvé dans l’appartement du judoka. La perquisition opérée avait permis de découvrir 76.000 euros (49.780.000 FCFA), un kilo de cocaïne et une trentaine de kilos de cannabis. Coïncdence : Anis venait d’arriver de la Tunisie. Placé en garde à vue, il a simulé un malaise, obligeant les policiers à le conduire à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil. Il en profite pour s’évader. Activement recherché, il est encore arrêté le même jour. Déféré au parquet, mis en examen (inculpé) et extrait pour être jugé, il s’est encore évadé au palais de justice de Créteil. Il sera arrêté plus tard dans un dojo. C’est ainsi qu’il est jugé, condamné et envoyé à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis où il devait purger sa peine. En prison, il simule un mal du pied et se fait conduire à l'hôpital d'Evry-Courcouronnes pour consultation. Comme s’il l’avait calculé d’avance, à son arrivée sous bonne escorte, le médecin a refusé de le consulter si on ne lui enlève pas ses menottes. Les gardiens s’exécutent pensant qu’il ne peut aller nulle part avec un pied qui lui fait mal. Erreur. Dès qu’ils lui ont enlevé ses entraves, il les a bousculés avant de disparaître. Il a ainsi réussi à franchir les frontières françaises et s’était, depuis lors, terré en Tunisie. Depuis lors, il était recherché par la brigade nationale des fugitifs français. Il a commis l’erreur de sortir de sa cache en venant participer au championnat d’Afrique de judo.