EXIGENCE - Une semaine après les évènements tragiques : Les étudiants réclament indemnisation et assistance psychologique

Les étudiants, à l’unanimité, exigent l’indemnisation par le Coud de leurs camarades qui ont eu à subir des pertes. Mais, pour certains, le préjudice subi est plutôt moral. Ainsi, ils réclament la mise en place d’une cellule d’assistance psychologique et leur intégration dans la future structure qui se chargera de cette question, pour plus de transparence.

Même après le retrait des forces de l’ordre du campus social, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) tarde encore à retrouver son animation et son effervescence habituelles. Au Pavillon G, le plus touché par les évènements de vendredi dernier, à la place des allées et venues incessantes des étudiants, les bruits des outils des maçons et autres artisans bourdonnent aux oreilles. Au Pavillon N, également, les travaux de reconstruction des chambres endommagées s’exécutent, parfois, devant le regard hagard des étudiants, désespérés et venus s’enquérir de l’état d’avancement des opérations. La plupart ont, tout simplement, hâte de retrouver leurs chambres. Abdoulaye Faye, étudiant à la Faculté des Lettres et Sciences humaines fait partie de ce lot d’étudiants «sans domicile fixe». «Il faut faire vite. Car, certains n’ont pas où passer la nuit», demande-t-il.

En plus de la peur de passer la nuit à la belle étoile, les étudiants sont préoccupés par la lancinante question des biens qu’ils ont perdus, soit calcinés par les feux qui s’étaient propagés dans les pavillons, ou «dérobés par les forces de l’ordre», lors des affrontements avec ces derniers. Dans leur discours, un seul mot revient avec acuité : l’indemnisation de tous les étudiants à la hauteur de leurs estimations.

Pape Faye, inscrit en deuxième année au département de Géographie et qui déambule, tranquillement, dans les couloirs du quatrième étage du Pavillon G, palier le plus touché par les feux, soutient : «J’ai perdu mon ordinateur ce jour-là. Je l’avais acheté avec mes propres moyens. Sous les ordres de l’Etat, les forces de l’ordre nous ont envahis et détruit tous nos biens. L’Etat est dans l’obligation d’indemniser tous les étudiants qui ont eu à perdre leurs biens.» Comme à l’avenant, ce point de vue de M. Faye est épousé par Matar Mané, qui a été extrait de force, en compagnie de 12 autres camarades, de sa chambre. «Ils (les policiers) sont venus et nous ont tabassés et pris nos portables, qui se trouvaient sur la table avant de nous acheminer dans la voiture pour passer la nuit à la police Centrale. Avec tout ça, l’Etat ne peut pas nous indemniser, car nous avons été humiliés. L’indemnisation ne sera que matérielle», déplore-t-il. Il poursuit, il y a des étudiants, qui ont vu leurs thèses de 3e cycle, ou leurs mémoires de maîtrises, ou leurs diplômes disparaître. «Comment peut-on indemniser ces gens-là ? Le préjudice subi est plutôt moral.»

Ainsi, certains suggèrent la mise en place de cellule d’assistance psychologique. «Avec les violences qu’ils ont vécues, ce jour-là, les étudiants blessés doivent être suivis psychologiquement. Car, ils ont été traumatisés par les évènements. Ensuite, l’indemnisation peut suivre», propose Jean-Claude Diaby.

A côté de cette tranche d’étudiants, qui demandent une indemnisation, d’autres aussi déplorent que certains veuillent profiter de cette situation pour se faire de l’argent. «Il y a, malheureusement, des gens de mauvaise foi, qui veulent en profiter, en déclarant avoir perdu de l’argent. On ne peut pas prouver la disparition de ces biens immatériels», dénonce M. Diaby. Ainsi, la proposition la mieux indiquée, de l’avis de certains étudiants, est le recensement des chambres brûlées ou défoncées. Ils réclament, en outre, pour la transparence dans les futures opérations d’indemnisation, leur intégration éventuelle dans la cellule qui se chargera d’examiner cette épineuse question.

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