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EXTINCTION DES CRISES POLITIQUE ET SOCIALE : La religion, arme fatale des politiciens…

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EXTINCTION DES CRISES POLITIQUE ET SOCIALE : La religion, arme fatale des politiciens…

De l’Église aux Chefs confrériques musulmans, politiciens et syndicalistes consultent les religieux pour régler leurs différends malgré les menaces de mort, les violences verbales et physiques, les tentatives d’assassinat ou d’agression de toutes sortes.

Pour les politiciens et les syndicalistes, tous les chemins mènent chez les religieux pour trouver une solution aux différends qu’ils rencontrent dans le pays. L’exemple le plus récent est celui d’Idrissa Seck, ancien Premier ministre. Après avoir été élargi de la prison ces derniers jours, sa première réaction a été de rendre visite aux différents chefs religieux notamment de Touba, Tivaouane, Ndiassane, à la famille Omarienne et au clergé. D’ailleurs, Thierno Mountaga Tall, guide spirituel de la famille omarienne a souligné lors de sa rencontre avec Idrissa Seck qu’il a demandé à plusieurs reprises au président de la République de le libérer. Et c’était le même cas de figure lorsque Abdourahim Agne, leader du Parti de la réforme avait été arrêté après sa déclaration au cours d’un meeting dans le département de Kaffrine.

Mais, l’homme le plus sollicité pour ces extinctions de crise était, sans aucun doute, Serigne Abdoul Aziz Sy " Dabbakh ". De son vivant, tous les chefs politiques et syndicaux défilaient à Tivaouane, capitale du Tidjanisme pour un mot du défunt Khalife. Et toujours à titre d’exemple, il y a les sermons des imams des mosquées. Ils profitent des khoutbas (sermons) des fêtes de korité, de tabaski ou de la prière du vendredi pour mettre le bémol sur les situations tendues que vit le pays.

L’Église n’a pas été en reste avec notamment Monseigneur Théodore Andrien Sarr, archevêque de Dakar ou Monseigneur Jacques Sarr. D’ailleurs, ce dernier avec Serigne Abdoul Aziz Sy " Junior ", a appelé la classe politique au calme lors d’un pacte Républicain animé par la Rencontre africaine des droits de l’homme (Raddho) suite aux nombreuses dérives survenues ces derniers temps dans le pays. Par ailleurs, les imams de mosquée se sont singularisés par leur appel au calme concernant la classe politique. Il s’agit de l’imam Tamsir Ndiour de la mosquée du quartier de Moussanté à Thiès et d’Assane Seck de l’Unité 24 des Parcelles Assainies. Celui-ci, dans ses différents sermons, souligne que " la mosquée dans une société a, comme fonction première d’être une institution d’éducation populaire. Et celui qui dirige cette institution, l’imam en question, doit s’occuper de l’éveil des consciences en traitant du quotidien des populations à travers des recommandations du Coran et de la Souna islamique ". Des sermons qui ne plaisent pas à certaines autorités. Et plus particulièrement Farba Senghor, alors ministre de la Solidarité nationale, qui avait déclaré que les " petits marabouts " parlaient trop et qu’ils devraient se taire.

Malgré ces appels au calme et à la raison, les différents chefs religieux sont victimes d’attaques et de menaces. Et la brouille la plus sérieuse entre les actuels tenants du pouvoir et l’Église est venue du " Cercle d’acier ". Ce mouvement jusqu’alors inconnu, s’est subitement illustré par des menaces à l’endroit du clergé catholique, précisément Monseigneur Théodore Andrien Sarr, Archevêque de Dakar durant la conférence épiscopale des évêques de la sous-région à Tambacounda. C’était suite à l’agression de Talla Sylla dans la nuit du 5 octobre 2003.

Entre Abdoulaye Wade et Tivaouane, pendant longtemps les gages d’amitié n’ont pu masquer une solide méfiance. Le premier, convaincu que la communauté Tidjane a voté contre lui en 2000, multiplie les gestes d’allégeance à Touba tandis que dans la famille Sy, on pense que le président se serait mis dans une posture de défiance vis-à-vis de leur confrérie.

Une approche rare du côté des syndicalistes

Chez les syndicalistes, l’approche des religieux dans leur crise est plutôt rare si elle n’est inexistante. C’est le sentiment des patrons Ibra Diouf Niokhobaye, secrétaire général de la Confédération démocratique des travailleurs du Sénégal (Cdts) et Mamadou Diouf, patron du syndicat unique et démocratique des enseignants du Sénégal (Sudes). Ils rapportent que les chefs religieux ne sont pas indifférents à leurs doléances, mais disent qu’ils prennent toujours du recul avant de s’engager. Pour le chef de file du Sudes, l’un des syndicats de l’enseignement du pays, les chefs religieux interviennent rarement à leurs crises sauf quand elles sont médiatisées. "Nous soumettons aux chefs religieux à chaque fois nos problèmes, mais ils ne se sentent pas concernés ", nous a-t-il affirmé. Et de poursuivre : " Mais à chaque fois que la crise est médiatisée, nous avons une réaction positive ".

Allant dans le même sens que son camarade, Ibra Diouf indique que les chefs religieux sont plus sensibles aux crises politiques que syndicales même s’ils interviennent de temps à temps : " Nous avons toujours fait appel aux chefs religieux à chaque fois que besoin est nécessaire pour l’extinction d’une crise sociale, mais leur réaction tarde toujours à nous parvenir ". Toutefois, le leader de la Confédération démocratique des travailleurs du Sénégal reconnaît le soutien sans faille des religieux par rapport à certaines revendications même si elles n’aboutissent pas. " À la fin de l’année 1993, nous avons fait le tour des différents chefs religieux et consulté le clergé lorsque le gouvernement, à l’époque, avait décidé de diminuer les salaires à la veille de la dévaluation du franc Cfa au mois de janvier 1994 ", renchérit notre interlocuteur. Il poursuit à ce propos que " tous les chefs religieux avaient été sensibles à notre revendication d’où leur soutien sans faille ".

Pour terminer, un syndicat de la santé avait sollicité tout récemment un chef religieux dans le but de mettre fin à une crise qui sévit dans ce secteur. A en croire nos deux syndicalistes, le seul religieux qu’ils ont senti à leurs côtés à chaque crise, a sans nul doute été Abdoul Aziz Sy " Dabbakh ". Et Mamadou Diouf du Sudes de dire que le Saint homme avait toujours une réaction positive s’il est consulté. " Feu Dabbakh était toujours à nos côtés en convoquant des réunions afin de trouver une solution ", estime le chef de file du syndicat des enseignants. Autre syndicaliste qui a salué l’œuvre du défunt guide de Tivaouane, c’est Ibra Diouf Niokhobaye de la Cdts. Pour lui, " Abdoul Aziz Sy avait l’habitude de prendre son bâton de pèlerin pour prodiguer des conseils aux différents acteurs pour la résolution d’une crise ".

 

Dabbakh, un médiateur irremplaçable

Feu Serigne Abdoul Aziz Sy "Dabbakh" était un homme de consensus et de dialogue, adopté par toutes les confréries, son absence est ressentie par tout le peuple sénégalais. Cet homme, doué d’un esprit hors pair, était un infatigable médiateur et il a toujours appelé les différents protagonistes à la raison. Selon Makhtar Kébé, son neveu et par ailleurs l’un des hommes qui lui est plus proche, Serigne Abdoul Aziz Sy n’attendait jamais qu’on le sollicite pour essayer de résoudre une crise. " Il prenait toujours l’initiative dès qu’il était au courant d’un quelconque problème ", souligne-t-il. Et de renchérir " d’où le nom Dabbakh (le gentil) ". À titre d’exemple, le vénéré marabout a haussé le ton à chaque fois que cela a été nécessaire pour le règlement de certaines crises sociales et politiques. On se souvient de son intervention au lendemain des élections législatives et présidentielles de 1988 pour que la classe politique revienne au calme alors que le pays traversait de durs moments.

N’a-t-il pas fait de même lors de la crise scolaire qui a conduit à une année blanche de l’école sénégalaise? Toujours selon Makhtar Kébé, Abdoul Aziz Sy, qui est un homme de bonne volonté, a fait une très belle intervention lors de la radiation des policiers en 1994 pour leur réinsertion. Au moment des crises qui opposent le gouvernement aux syndicats, le Saint homme a réussi à réunir les protagonistes autour d’une même table à la grande mosquée de Dakar afin de trouver une solution à leurs points de divergence.

Toujours comme médiateur, l’ancien Khalife général des Tidjanes a, lors de la grève de 1994, exhorté les étudiants qui s’étaient déplacés à Tivaoune, à la Zawiya El Hadj Malikh Sy, à reprendre les amphithéâtres pour sauver l’année scolaire. Aujourd’hui, avec les nombreuses tensions et l’intervention tardive des chefs religieux, le Sénégal est à la recherche d’un homme à la dimension de Serigne Abdoul Aziz Sy " Dabbakh " pour l’extinction des crises politiques et sociales.



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