FANTA MBACKE KOUYATE, ARTISTE-CHANTEUSE : «On peut retrouver la paix en Casamance à travers la culture et le sport»

Mme Kouyaté, qu’est-ce qui vous a poussé à faire de la musique ?

Je suis Sénégalaise d’origine guinéenne. Je  fais de la musique traditionnelle et moderne. Je suis née dans la musique. Avant de commencer la musique, j’ai été une grande danseuse. J’ai été prise par le président Sékou Touré quand j’avais 7 ans. J’ai grandi avec lui au palais, à Conakry. Ma maman était une chanteuse. Mon papa jouait le balafon. C’est pourquoi dans mon clip Mamaya, j’ai joué le balafon que j’ai hérité de lui. J’ai formé une association des femmes artistes pour l’intégration africaine.

Vous êtes venus au Sénégal dans quel cadre ?

Je suis là pour la paix en Afrique et dans le monde, dans le cadre d’un festival. J’ai fait deux éditions au Sénégal au sortir desquelles j’ai été décorée par l’ex-ministre de la Culture, Mame Biram Diouf, avec un trophée qui a été créé par notre association. Et j’ai organisé le même festival destiné à la paix en Guinée Conakry. Mais je veux que cette quatrième édition se passe en Casamance, parce que notre président, Abdoulaye Wade, s’est toujours battu pour le retour de la paix dans le sud du pays. Je me suis, moi-même, toujours battue pour que la paix revienne dans cette région empoisonnée par la guerre depuis des dizaines d’années. Je suis convaincue qu’avec la culture et même le sport, la paix peut revenir. Vous avez vu que tous les Casamançais sont contents de la récente victoire de l’équipe de football de cette région, le Casa sports. Nous allons organiser des concerts et des soirées au cours desquels nous allons lancer le message de paix. Nous devons contribuer à la paix. Car si les habitants sont contents, je pense qu’il n’y aura plus de violences.

Comme nous en avons l’habitude, je vais essayer de faire venir tous les artistes. Je profite de cette occasion pour lancer un appel à tous les artistes sénégalais et à ceux de la sous-région. Je prépare une tournée aux Etats-Unis pour rencontrer l’association des Mandingues aux Etats-Unis qui ont besoin de cette soirée de paix car les Américains aiment beaucoup la culture africaine. J’ai découvert ce pays grâce à Youssou Ndour. Pour la première fois, on a fait ensemble 24 Etats. Aussi, je collabore toujours avec des artistes comme Baba Maal. J’ai fait un duo avec feu Fodé Kouyaté à l’occasion de son anniversaire que beaucoup de gens ont apprécié. Nous devons nous donner la main, nous artistes.

C’est quoi Mamaya ?

Mamaya est un mot mandingue qui désigne la paix, l’entente qui a été créée par mon grand-père pour demander à tout le monde de se retrouver. Il y a tout dedans. Le jour du festival, tous les participants porteront des tenues traditionnelles.

À quand remonte votre premier festival ?

La première édition s’est déroulée en 2006 et notre première en Guinée a eu lieu l’année dernière.

Envisagez-vous de vous produire en duo avec des artistes comme Youssou Ndour, Thione Seck… ?

Oui ! J’ai toujours travaillé avec eux. Ça me fait toujours un grand plaisir de travailler avec eux car Youssou apprécie beaucoup la musique mandingue. Dès mes premiers jours au Sénégal, il m’a appelée et m’a dit qu’il veut qu’on travaille ensemble. Il aime beaucoup la musique mandingue. Et ce festival qu’on est en train d’organiser pour la paix est encouragé par le Premier ministre. Il m’a offert un million de nos francs. On a adressé des lettres d’invitation aux autorités et à de grands artistes. On attend leur réaction pour qu’on puisse mener à bien cette manifestation.

Beaucoup d’habitants du sud ne comprennent pas le mandingue, comment comptez-vous faire passer votre message ?

Même s’ils ne comprennent pas cette langue, ils comprennent le français et on va faire des interventions en français. On va également former un groupe qui va entrer dans les maisons pour leur expliquer l’objectif de cette rencontre.

Est-ce que vous envisagez d’inviter les artistes autochtones et ceux qui sont implantés en Casamance ?

On invite tout le monde, toutes les bonnes volontés à contribuer à l’atteinte de l’objectif de cette manifestation, des artistes comme Djéliba Kouyaté et l’orchestre Ucas Band de Sédhiou. Le festival est prévu durant la première semaine du mois de novembre, si possible. Parce que c’est la période du Fesman. Mais on est en train de voir si la date sera changée. Je suis en train de préparer deux singles à cet effet. Je suis certaine qu’ils vont cartonner.

Leur sortie est prévue quand ?

Je veux qu’ils sortent au plus tard avant le festival qui sera une tournée de trois jours.

Avez-vous un message en direction des populations du sud pour l’éradication de la mendicité ?

Oui, absolument. Je suis d’accord avec le gouvernement dans sa lutte contre la mendicité, car la plupart des enfants qui mendient sont des petits bandits et ils ont une mauvaise éducation. Un jour, j’étais chez moi en train de dormir ; un jeune mendiant s’est introduit dans la maison et a volé mon téléphone portable qui était branché au salon. La bonne était partie dans la cuisine pour lui trouver quelque chose à manger, il en a profité pour voler. Ce sont des choses qui découragent car je trouve que la plupart d’entre eux ne sont pas bien éduqués. À travers ma musique, je me suis toujours battue pour aider les enfants. Car lorsqu’il y a conflit, ils sont toujours les premières victimes. J’ai chanté un titre avec Plan international et on a même tourné un clip sur la vie des enfants mendiants.

Avez-vous invité les cadres de la Casamance ?

Oui. On leur a envoyé des invitations. Nous voulons que tous les ministres originaires de la Casamance nous donnent un coup de main pour encourager ce qu’on est en train d’entreprendre.

Vous n’avez pas encore reçu de réponse ?

Non.

Et vous avez le soutien du président de la République ?

Le président, on lui a envoyé une lettre, on attend sa réaction. Je crois qu’il ne va pas nous laisser seuls dans ce combat pour le retour de la paix en Casamance. Il va réagir, j’en suis convaincue car il y va de l’intérêt de tout le monde. La paix étant la base de tout.

Des artistes comme Youssou Ndour, Thione Seck sont-ils conviés ?

En tout cas, on est là pour inviter tout le monde qui s’active pour le retour de la paix. On a invité beaucoup d’entre eux comme Titi et Fatou Laobé. Et même des artistes de la sous-région, Yayi Kanouté du Mali, Mawa Traoré de Côte d’Ivoire, Mory Djély de la Guinée.

Votre dernier mot ?

Je remercie tout le monde. J’appelle tout le monde pour contribuer au retour de la paix en Casamance, en Afrique et dans le monde. C’est pourquoi notre association s’active à réconcilier toutes les ethnies le jour de cette grande manifestation. En tant que griots, nous devons toujours prendre une part active dans la lutte contre les violences en Afrique et partout dans le monde. Rien ne vaut la paix et mon cri du cœur est et reste : paix en Casamance, partout en Afrique et dans le monde.