FETE DU TRAVAIL: Sous le signe de l’Unité syndicale

L’intersyndicale qui avait l’habitude de célébrer le 1er mai sous la bannière de chacune de ses composantes, a commémoré cette année la fête internationale du Travail dans l’unité. Face à l’obligation de l’unification du mouvement syndical, les quatre centrales Cnts, Csa, Uts, Udts ne semblent pas avoir raté le train de l’histoire. En effet sur le plan africain, les organisations régionales que sont l’organisation régionale africaine, la fédération –Confédération internationale des syndicats libres (Oraf-Cisl) et l’Organisation démocratique syndicale des travailleurs africains (Odesta), des organisations auxquelles elles sont affiliées, ont décidé de fusionner au mois de novembre prochain pour mettre en place une organisation continentale.

Les travailleurs sénégalais ont célébré hier, comme à l’accoutumée à travers tout le pays, le 1er mai, fête internationale du travail. A l’occasion il a fait une grande révélation. En effet, dans la perspective de mise en place d’une organisation syndicale africaine, quatre centrales syndicales (Csa, Cnts, Uts, et Udts) ont déjà posé les jalons pour sceller le même pacte d’unité avec le mouvement syndical africain dont l’unification est prévue en novembre prochain. En prélude à cette unification, effet, pour célébrer la fête du 1er mai, les militants des quatre principales centrales syndicales sénégalaises se sont donné rendez-vous au Triangle Sud de la Rts.

C’est à 10 heures précises que la procession des travailleurs membres du cartel s’est ébranlée sous la conduite de leurs leaders que sont Mamadou Diouf de la Csa, Mody Guiro de la Cnts, Ibrahima Sylla de l’Uts et Alioune Sow de l’Udts. Encadrés par les forces de l’ordre, les travailleurs drapés dans différentes tenues, ont pris la direction de l’Allée Papa Guèye Fall. Il y avait une longue file de milliers participants qui brandissaient pancartes et banderoles pour dénoncer les conditions indécentes de travail et la chereté de la vie. Ils ont exigé le règlement de la situation de la Socosac dont les ex-employés sollicitent la rencontre avec le président de la République pour examiner les décisions de justice à l’origine du blocage de leur usine depuis 1996. Selon un des ex-chefs d’équipe de la Socosac, les travailleurs courent derrière plus de 20 mois de salaire impayés et le non-versement des cotisations à l’Ipres. Tous pères de familles en chômage dont certains ont perdu la vie suite à ces conditions de vie intenables.

Les 175 travailleurs de l’usine Transplast de Samir Bourgi eux ont dénoncé avec véhémence le fait qu’après 17 ans de procédure, les décisions de justice rendues par les cours et les tribunaux ne sont toujours pas appliquées. Autant de sujets reflétés sur les slogans et pancartes qui décoraient le long trajet du défilé. Toutes choses qui attestaient que la classe ouvrière vit des conditions exécrables dans les entreprises sénégalaises. Au rond-point de Sandaga, le leader du Pit, Amath Dansokho, qui participe chaque année à la marche, s’est retiré du cortége salué par les applaudissements.

C’est sous les coups de 11 heures 30 que la longue procession, après avoir battu le macadam à travers les artères de Dakar notamment par les avenues Lamine Guèye et l’Avenue Léopold Sédar Senghor, sont parvenus devant les grilles du palais présidentiel. Par la voix d’un porte-parole improvisé, une longue litanie y a été prononcée dénonçant la cherté de la vie, la précarité dans le monde du travail et bien d’autres revendications. Après une peitite pause, le cortège a pris la direction de la place de l’indépendance étape finale qui sera marquée par un meeting.

Les cahiers de doléances toujours en souffrance

Ce sera l’occasion pour Mamadou Diouf secrétaire général de la Csa de déclarer que le défilé de cette année a été placé sous le signe de l’unité du combat syndical. « Nous avons décidé de conjuguer ensemble nos efforts pour faire face au gouvernement et lui envoyer un signal fort pour qu’il comprenne qu’il est temps d’ouvrir des négociations sérieuses autour des cahiers de doléances des travailleurs » a –t- il martelé. Et de poursuivre que par rapport aux cahiers de doléances les travailleurs attendent des mesures concrètes en direction du monde du travail et non des négociations qu’on engage chaque année au mois d’avril à l’approche du 1er mai et de les remettre au tiroir après. Selon le leader syndical de la Csa : « le gouvernement doit s’engager dans la voie de résolution de nos problèmes ou bien nous allons lui imposer un puissant instrument de lutte pour lui imposer les négociations autour des revendications déposées l’année dernière ». Poussant la réflexion au-delà de cette journée, M. Diouf trouve qu’il y’a des questions plus lancinantes dont celles du pouvoir d’achat qui intéresse les salariés et l’ensemble de la population sénégalaise non salariée. C’est le cas des coupures intempestives d’électricité, le fonctionnement des entreprises et la dégradation des moyens dans les ménages tout comme l’épineuse équation de la crise scolaire dont il est urgent que le Chef de l’Etat prenne ses responsabilités pour débloquer la situation et sauver l’année en cours. Ibrahima Sylla de l’Union des Travailleurs du Sénégal (Uts) a, quant à lui, magnifié l’esprit de dépassement qui a animé les organisations syndicales pour amorcer une unité d’action qui peut déboucher dans l’avenir sur une unité organisationnelle. « Aujourd’hui, cette unité permet de donner un signal fort à nos partenaires sociaux qui sont le gouvernement et les employeurs pour une prise en charge complète de nos préoccupations confinées dans nos plates-formes revendicatives », a soutenu le dirigeant de l’Uts.

Mody Guiro de la Cnts s’est lui réjoui de l’unification internationale du mouvement syndical depuis novembre 2006 à Viennes. Avant d’ajouter : « nous allons vers la fusion régionale en Afrique entre l’Oraf et l’Odesta en novembre prochain ».

REACTION…REACTION….

MADIA DIOP, ANCIEN SECRETAIRE GENERAL DE LA CNTS

C’EST LE DEBUT DE LA CONVERGENCE ACTIVE

C’est un grand pas en avant. Il y a quelques années, il était difficile de réaliser l’unité d’action de quelques syndicats. Aujourd’hui en raison des difficultés et de l’avancée de la crise économique nationale et internationale, les travailleurs ont compris qu’il ne sert à rien de se disperser. Il faut réaliser l’unité la plus large pour vaincre les résistances du capital à lâcher les revendications des travailleurs.

De 1er mai en 1er mai, la classe ouvrière a réalisé qu’il faut abandonner les subtilités pour vaincre les résistances du patronat. Cette fête du 1er mai 2007 démontre que tout est possible. Quand les travailleurs s’unissent ; en tout cas, c’est un début de commencement. La classe ouvrière vaincra.