L’inquiétude grandit dans le milieu pastoral. Entre la réduction drastique de la biomasse, le tarissement des mares et des bassins de rétention, le tout doublé de la pénurie d’aliments de bétail, les problèmes ne cessent de s’aggraver. Désespérés, les paysans de la région du centre en appellent à la célérité de l’Etat pour éviter une calamité au sein du cheptel avant l’hivernage.
"Notre cheptel est menacé ! L’herbe commence à être invisible dans une bonne partie de la localité." Ainsi, répond M. Oumar Ka, Président du conseil rural de Gassane. Au volant de son véhicule de fonction flambant neuf, le président de la Communauté rurale de Gassane a exprimé l’angoisse des éleveurs dont le sommeil est perturbé. En effet, les effets de la sécheresse se profilent, les sols sont presque nus, craquelant par ci par là, les vents chauds et secs accompagnent l’immense cheptel à la recherche de points d’eau et d’herbe. Les feux de brousse ont décimé 40.000 hectares de biomasse.
Et le piétinement opéré par les animaux a accentué la dégradation des ressources végétales dans les zones d’accueil des transhumants massés au sud du département de Linguère, dans les communautés rurales de Gassane et Thiel notamment dans le Ranch de Dolly et ses abords immédiats. M.KA, un des plus gros producteurs du département de Linguère poursuit :" Il s’y ajoute le problème récurrent de l’eau. Les mares et les bassins de rétention n’ont plus d’eau et les forages sont insuffisants pour faire face à la forte demande en eau pour abreuver tous nos animaux."
La pénurie du concentrés d’aliments de bétail et des graines de coton ne facilite pas non plus les choses. C’est pourquoi le Président du conseil rural de Gassane tire la sonnette d’alarme :" Les autorités doivent faire vite avant qu’une catastrophe ne se produise. D’ailleurs, le Premier Ministre avait promis de mettre à notre disposition des milliers de tonnes de concentrés et de coton. Nous attendons avec impatience cette aide."
Lors de son passage à Linguère, M. Macky Sall, tête de liste de la Coalition Sopi avait annoncé le lancement de l’Opération Sauvegarde du Bétail dont la dotation serait de 1500 tonnes. En attendant, les producteurs se bousculent dans les rares magasins qui ont encore un stock de coton ou de concentré d’aliment de bétail. Les spéculateurs font monter les prix. Le sac de concentré de 40 kg est vendu à 7000Fcfa et celui de coton atteint 9000 Fcfa, selon les localités qui pratiquent des prix variables du fait du surcoût consécutif au transport rendu très difficile à cause de la dégradation des routes principales d’accès aux centres de Linguère et Dahra et de l’impraticabilité des pistes reliant les villages et leurs troupeaux à ces deux communes abritant les magasins d’approvisionnement.
Au détail, le kilogramme de concentré et de coton est à 200Fcfa dans la commune de Linguère. Il urge d’intervenir afin de préserver cette ressource, qui constitue plus des deux tiers de éléments nutritifs du cheptel national et dont le coût est estimé à des centaines de milliards de francs.
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