Filière d'émigration en Espagne : Les mises en garde d'un modou-modou

Les Rufisquois d’Espagne n’ont pas mis du temps pour réagir face au phénomène d’émigration clandestine qui voit la vieille ville se dépeupler de ses bras valides. Un modou-modou ayant fait 10 ans en Espagne qualifie l'aventure de suicidaire.

‘Il faut arrêter les pirogues de jeunes qui partent de nos côtes ; il y a un grand risque dans ce voyage et une désillusion à la fin’, déclare Abdou Mawa Ndiaye, ancien étudiant de l’Ecole nationale des travailleurs sociaux spécialisés. Ce jeune qui est parti de Dangou, un quartier de Rufisque intervient, avec bon nombre de ses amis émigrés Rufisquois, pour ramener de leurs illusions les jeunes restés au pays. A ceux qui parlent de la ‘complicité’ du gouvernement Espagnol, Abdou Mawa rétorque le caractère non fondé de cette information. ‘Ce n’est pas vrai. L’accueil que fait la Croix rouge, c'est uniquement pour des besoins humanitaires et de secours’. Pour lui, la raison du déploiement d'agents de la Croix rouge espagnole est, simplement, liée au fait que certains des aventuriers présentent certaines pathologies à l'arrivée. ‘Beaucoup de ces voyageurs arrivent avec des hypothermies et autres douleurs musculaires’, selon Abdou Mawa. Qui renseigne, par ailleurs, que ‘la Croix rouge, en relation avec l’Etat espagnol, effectue le recensement et le rapport médical avant que tous ces candidats ne soient acheminés aux centres d’accueil des immigrés clandestins’.

Ces centres sont considérés comme des ‘prisons’ puisqu’ils y sont internés durant 40 jours maximum, le temps de connaître leur nationalité pour immédiatement après procéder à l’expulsion, ou commettre un avocat d’office avant de procéder à l’expulsion. ‘Du fait qu’il n’y a pas d’accords de rapatriement entre les Etats, il est impossible de réaliser les expulsions. On leur remet une décision leur fixant un délai de 15 jours pour sortir du pays’, précise-t-il. Ainsi, ‘les immigrés restent enfermés, sans papiers, sans travail coupés de solidarité de leurs frères Sénégalais ou simplement des services sociaux, Ong et de l’église’, raconte cet ancien scout.

Poursuivant son témoignage, cet enfant de Rufisque qui s’occupe maintenant des cas sociaux des émigrés régulièrement installés en Espagne souligne qu’il n y a pas de boulot actuellement au pays de Franco. ‘Même les ceux qui ont des papiers triment pour trouver du travail’ déclare Mawa.

Pour Mawa et ses amis, il faut arrêter le fléau. Ils invitent le gouvernement à négocier le rapatriement et chercher les voies et moyens de relancer la coopération dans ce domaine afin de permettre à nos compatriotes d'obtenir des quotas d’accès sur les différentes formes d’entrée. ‘L’hôtellerie et l’agriculture en ont besoin’ dit Mawa.

Les émigrés Rufisquois pensent qu’il est même temps de négocier d’autres programmes pour retenir les jeunes ou au moins les préparer pour l’immigration. ‘Arrêtons les discours idéologiques si on n'est pas capable d’offrir du travail aux jeunes sénégalais’, lancent-ils.