Le phénomène du ‘Baay fallisme’ qui était l’apanage des zones rurales, gagne les villes. Ainsi, de nombreux jeunes garçons et filles ont suivi la voix spirituelle, tracée par Cheikh Ibrahima Fall, qui était le serviteur de Serigne Touba, pour vivre leur spiritualité. Mais dans une société sénégalaise trop normative, les ‘Baay fall’ et les ‘Yaay fall’ font l’objet de critiques.
La communauté mouride n’est pas un corps homogène. Loin s’en faut. Les ‘Baay fall’ ou disciples de Cheikh Ibrahima Fall, le serviteur de Serigne Touba, réclament une certaine différence, tout en restant des mourides à part entière. L’histoire spirituelle entre les deux hommes se perpétue aujourd’hui jusque chez leurs descendants. Ainsi chez les marabouts Mbacké Mbacké, on trouve souvent des ‘Baay fall’ et des ‘Yaay fall’ dévouant entièrement aux tâches domestiques, comme le faisait Mame Cheikh Ibra Fall pour Serigne Bamba.
Mais leurs pratiques cultuelles, comme le fait de ne pas sacrifier aux cinq prières quotidiennes ou de ne pas observer le jeûne du mois béni de Ramadan, les différencient des autres mourides. En milieu mouride, le ‘Baay fall’ peut aussi se distinguer de par son accoutrement en habit d’Arlequin ou patchworks avec des mélanges de tissus, mais aussi par ses dreadlocks qui font penser à la philosophie du rasta. Mais cette façon de s’habiller est entrée dans la mode au point que l’habit ne fait plus le moine. Les vrais ‘Baay fall’ marchent pieds nus et font la manche en tenant par devers eux une calebasse et un gros pilon pour récolter de quoi se nourrir et amener à leur guide. De nos jours, cette pratique est galvaudée. Et des personnes qui ne sont ‘Baay fall’ que de nom, écument les artères des capitales urbaines et sont devenues des professionnels de la mendicité à leur propre compte. Autant de pratiques décriées par la société sénégalaise qui n’admet pas qu’un adulte ne puisse pas travailler pour se prendre en charge.
Interrogés sur le sujet, certains ‘vrais Baay fall’ rencontrés furtivement, au détour d’une rue, au grand Magal de Touba, disent faire le dos rond par rapport à ces critiques. Aïda Fall, une jeune fille trouvée dans son joli boubou ample en noir et blanc avec des amulettes tout autour du coup, les cheveux couverts d’un foulard au couleur de la nuit, n’est pas peu fière de suivre ‘la voie’ de ses parents qui sont des adeptes de Mame Cheikh Ibra Fall de génération en génération. Elle vient de Ndande Fall, localité d’origine de Mame Cheikh Ibra Fall, dans le département Kébémer. ‘Pour moi, il n’y a pas de différence entre mouride et ‘Baay fall’. C’est la même chose. D’ailleurs, si les ‘Baay fall’ s’habillent en noir et blanc, c’est pour signifier que Mame Bamba et Cheikh Ibra étaient unis’, répond-elle avec de gros gestes des bras. Aïda Fall déclare qu’elle s’est rendue au Magal pour faire acte d’’allégeance à nouveau’ au fondateur du mouridisme et son guide. Elle se dit convaincue que le ‘Baay fallisme’ est la voie la plus rapide pour accéder à Dieu’. D’où l’engouement des jeunes, dira-t-elle.
Interrogée sur la pratique courante de la mendicité chez les ‘Baay fall’ et qui est très décriée par certaines populations, notre interlocutrice répond que ‘c’est pour rendre humbles les gens qui le pratiquent’. Par rapport aux nombreuses critiques contre les ‘Baay fall’ et les ‘Yaay fall’, Aïda Fall se résigne et dit ’laisser leurs auteurs avec Dieu’.
Khady Bèye, une autre ’Yaay fall’, a été trouvée au quartier ‘Nari Baye Fall’ de Mbacké, au domicile du khalife général des ‘Baay fall’, en train de distribuer de l’eau fraîche aux fidèles. Une manière pour elle de jouer sa partition dans le Magal. Elle espère ainsi une récompense de son guide dans l’au-delà. Pour elle, ‘les mourides et les ‘Baay fall’ sont des parents. Ils sont mélangés et ne peuvent plus être séparés. C’est à la jeune génération de raffermir ces liens’. Khady Bèye ne voit aucun inconvénient dans la mendicité des ‘Baay fall’ qu’elle trouve totalement ‘licite’. Pour elle, ceux qui critiquent sont des ignorants, ‘mais s’ils savaient, ils allaient nous rejoindre’.
Un avis que partage Seydou Thiaw, un jeune habitant la Médina devenu ‘Baay fall’ depuis huit ans. ‘Ceux qui critiquent ne savent pas. Moi-même, j’entends n’importe quoi lorsque je mendie dans les maisons, mais cela ne me détournera jamais de mon choix de vie’, dit-il. ‘Avant que je ne prête allégeance à mon marabout, je fumais, je buvais de l’alcool, j’étais un rat des boîtes de nuit. Aujourd’hui, j’ai tourné le dos à cela grâce à mon marabout. Parce que mon objectif est d’avoir demain, dans l’au-delà, la reconnaissance de mon marabout, que je n’attends ni de mon père, ni de ma mère’, soutient-il. Selon lui, ‘il y a de faux ‘Baay fall’ qui ne le sont que de nom’, parce que, pour lui, le vrai ‘Baay fall’ suppose un renoncement aux choses matérielles. ‘Le vrai ‘Baay fall’ est celui qui est constamment au service de son marabout et non à son propre compte’, tranche-t-il en conclusion.
9 Commentaires
Yaye Fall
En Janvier, 2011 (07:19 AM)Goss Bi
En Janvier, 2011 (07:25 AM)Kalamou
En Janvier, 2011 (09:53 AM)Element Cheikh Ibra
En Juin, 2022 (23:43 PM)Beuzzz
En Janvier, 2011 (10:20 AM)QUI PEUT NOUS DIRE CE QUE CHEIKH IBRA FALL A APPORTE A LA RELIGION MUSULMANE???????????
Element Cheikh Ibra
En Juin, 2022 (23:43 PM)Mourida
En Janvier, 2011 (11:00 AM)Tétou
En Janvier, 2011 (13:52 PM)Bro
En Janvier, 2011 (15:54 PM)Lawakh
En Janvier, 2011 (16:36 PM)Baye
En Janvier, 2011 (18:47 PM)Participer à la Discussion