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FORMATION - L’attrait de l’insertion rapide : Pour les riches et les meilleurs

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FORMATION - L’attrait de l’insertion rapide : Pour les riches et les meilleurs

 

A la fois établissements scolaires et entreprises à part entière, les écoles de commerce dakaroises sont très jeunes, très dynamiques mais aussi tres fragiles, tant la concurrence entre elles est forte. Elles ont su séduire un large public en développant des atouts forts, mais savent aussi dissimuler habilement leurs talons d’Achille. Ces gourous du marketing vous vendront leurs écoles avec talent. Alors avant de choisir, il est important d’ouvrir l’œil.

Les écoles de commerce enseignent aux jeunes bacheliers pêle-mêle les techniques du commerce et de la vente, du marketing et de la pub, la finance, ou bien encore la gestion des ressources humaines. Elles forment surtout des individus censés devenir demain des cadres d’entreprise polyvalents et rompus à toutes les disciplines du management. Leur succès tient en premier lieu à l’alternative qu’elles offrent au système de l’université. Les brochures distribuées en terminale aux futurs étudiants rappellent d’ailleurs que les études à la fac ont cette particularité «de ne pas préparer à des métiers précis, ni même à des professions ou carrières définies» et se caractérisent «par des études longues et difficiles (taux élevé d’échecs, nombre d’étudiants élevé en première année), une insécurité pédagogique et psychologique» et enfin, qu’elles offrent des «diplômes parfois peu rentables sur le marché du travail». Selon Abdou Diouf, de l’Institut supérieur de management (Ism), «les étudiants quittent massivement le public dès le secondaire ; c’est le même phénomène une fois dans le supérieur, mais en plus accentué». D’abord, «l’offre est très limitée, puisqu’il n’y a que deux universités au Sénégal», mais surtout les écoles de commerce offrent «une continuité de l’esprit du collège», ont «des enseignants et une administration accessibles». Boubacar Basse, directeur des études de Sup de Co, évoque aussi des «étudiants qui désaffectent l’université en raison de l’instabilité et des troubles qui secouent le public». En effet, dans ces écoles où le modèle entrepreneurial prime, point de grèves, ni d’années blanches.

ACTIVITES DE RECHERCHE INEXISTANTES

Second attrait, le contenu des études est explicitement tourné vers l’insertion professionnelle. A Sup de Co, on se targue que des professionnels de l’entreprise contribuent à l’élaboration des programmes et participent aux soutenances. Partout le discours est le même, la grande majorité des enseignants sont des professionnels. Autrement dit, des vacataires, qui, à côté de leur emploi, viennent à l’école quelques heures par semaine dispenser des cours, rémunérés forfaitairement. Pour Alexandre Coster, directeur pédagogique de Eticca, c’est une «question d’opérationnabilité», car «il existe une barrière entre le savoir et l’opérationnel». Conséquence, les profs’ permanents se contentent des miettes, comme les cours de comptabilité ou d’autres disciplines académiques. A l’Iam, on explique que ces derniers, encore relativement nombreux en premier cycle, pour enseigner les matières fondamentales, puis beaucoup moins au second cycle finissent par disparaître totalement des programmes de formation continue. Ce que l’on ne dit pas, c’est qu’il revient aussi moins cher aux écoles de procéder ainsi que d’embaucher des permanents, docteurs des universités. Revers de la médaille, tous ces établissements ont des activités de recherche très limitées voire inexistantes.

DES CURSUS ADAPTES

Ces institutions font par ailleurs jouer un avantage fort par rapport aux cursus universitaires, à savoir, la durée des études. Avec un taux d’échec et de redoublement faible, et des cursus diversifiés, elles séduisent des étudiants soucieux de ne pas s’éterniser sur les bancs de l’école. Si certaines proposent des Brevets de technicien supérieurs (Bts) qui se préparent en deux ans, elles préfèrent cependant valoriser des cursus un peu plus longs, en 3, 4 ou 5 ans. «Au-delà de l’aspect technique, la personnalité doit aussi être formée», nous explique M. Diouf. «Nous voulons développer des modules de développement personnel et de marketing de soi, à côté du savoir-faire. Les titulaires de Bts, très jeunes, n’ont pas toujours la maturité nécessaire pour s’épanouir.» Pourtant, qu’on ne s’y trompe pas, l’objectif est l’insertion professionnelle, et, jeunes ou pas, les étudiants sont propulsés en stage dans les entreprises dès la première année, et ce, dans la plupart des écoles. La durée du cursus dépend avant tout des stratégies individuelles. Les formations longues, en 4 ou 5 ans, plaisent surtout aux grandes entreprises et aux multinationales, car proches des standards des business school occidentales. Par contre, les diplômes Bac+3, souvent appelés Bachelor, même si certaines écoles les délivrent en 4 ans, et qui préparent aux middle-management, sont très appréciés dans l’environnement local. Les entreprises africaines, souvent des Pme, s’avèrent très demandeuses de diplômés jeunes et adaptables. Surtout, ces derniers font moins d’ombre à des patrons eux-mêmes rarement diplômés et qui cherchent des cadres intermédiaires plutôt que des ‘intellos’ pour les assister et apprendre le métier.

RECONNAISSANCE DES DIPLOMES

Evidemment, les taux d’insertion annoncés sont très élevés. Qu’en est-il en réalité, il est difficile de le savoir. En tout cas, les étudiants ne s’enfuient pas massivement du pays une fois leur diplôme en poche, et les sirènes de l’Europe et de l’Amérique du Nord ne semblent pas happer les jeunes élites manageriales sénégalaises : «lorsque des liens solides ont été tissés avec les entreprises, ils trouvent du travail au Sénégal», affirme Laetitia Neyret, directrice pédagogique de l’Iam. «Quand ils trouvent des positions ici, rémunérées à 300 mille Cfa par mois, pourquoi aller tenter l’aventure ?», renchérit M. Diouf. Même son de cloche à l’Eticca : «Nous les formons à une démarche et un esprit d’entrepreneur ici pour qu’ils entreprennent dans leur pays, et c’est ce qu’ils font.» C’est surtout pour la poursuite des études que les pays du Nord gardent un fort aura auprès de ces étudiants. Un problème que les écoles tentent toutefois de résoudre en développant les systèmes de co-diplomation avec des universités européennes ou nord américaines. Le système fonctionne bien et est très attractif, puisqu’il épargne aux étudiants les coûts extrêmement lourds d’expatriation, alors qu’«ils passent à côté des problèmes locaux quand ils partent étudier en Europe. Ils sont déconnectés», poursuit Mlle Neyret.

Mais le dispositif ne bénéficie cependant que rarement à l’ensemble des promotions et demeure souvent réservé aux meilleurs élèves. L’attractivité des diplômes co-signés réside en grande partie dans l’absence au niveau national d’un cadre d’évaluation et de contrôle des diplômes. Difficile de s’y retrouver en effet dans un environnement où chacun s’autoproclame Master ou Bachelor, Institut ou Haute école, sans avoir de comptes à rendre. M. Coster, dont l’école délivre un diplôme co-signé à tous ses étudiants, met en garde contre ceux qui «pensent pouvoir marcher avec leurs belles appellations». En effet, si beaucoup se montrent rassurants avec la garantie que fournit l’agrément du ministère de l’Education, ils ne se cachent pas non plus de courir après les partenariats divers et les appartenances à des réseaux, tels que le Ramege, le Réseau africain et malgache pour l’excellence en Gestion des entreprises, ou le Global business school network, initié par la Banque mondiale. C’est la seule façon pour les écoles de voir leurs diplômes reconnus hors des frontières.



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