Deux agents d’Ama Sénégal, ex-filiale du Groupe Ama Rome, en grève de la faim depuis onze jours à Dakar, ont été évacués hier dans des structures sanitaires de la capitale, portant à dix-huit le nombre d’évacués. A ce jour, le collectif a connu ‘dix-huit évacuations de cas graves à travers les structures sanitaires de Dakar’, confirme d’ailleurs Babara Dieng, un des encadreurs des grévistes. La détermination des grévistes paraît sans équivoque. ‘Tant que nos revendications soumises à l’autorité de tutelle ne sont pas prises en compte, nous continuerons, quitte à en mourir’, promet M. Dieng.
Reçus hier par le ministre du Travail, Habib Sy, ses camarades exigent dans l'immédiat le paiement de six mois d'arriérés de salaires assorti du reversement des indemnités de licenciement dues et du règlement de soixante-dix mois de dommages et intérêts. Par conséquent, la proposition du ministre, qui consiste à la mise sur pied d’un comité de défense de l’intérêt des ex-travailleurs d’Ama, avec laquelle l’Etat va poursuivre les négociations, ne semble pas les convenir.
Pour Babara Dieng, l’urgence se situe dans le versement immédiat de leurs six mois d’arrières de salaires et le respect du protocole d’accord signé 2007 entre l’Etat et Ama International. A travers cet acte, l’Etat s’était engagé à verser le règlement des soixante-dix mois de dommages et d’intérêt. Car, dit-il, ’lesdits dommages sont d'autant plus justifiés qu'à la suite de la liquidation d'Ama, il y a bientôt trois ans, les travailleurs sont restés quinze mois sans salaire avant la notification survenue en octobre 2007’.
En outre, l’encadreur soutient que la grève ‘ne cessera pas tant que le cabinet chargé de la liquidation ne nous versera pas notre dû. Nous sommes au nombre de trois cent vingt-sept regroupant des garagistes, des ouvriers, des mécaniciens, des chauffeurs et notre devise, c’est l’argent ou la mort’, menace Babara Dieng qui précise : ‘Nous comptons en notre sein beaucoup de femmes.’
En attendant, les effets de cette grève de la faim commencent à se faire sentir quand on sait que dans le groupe figurent des cardiaques, des diabétiques et des hypertendus. Néanmoins, ils reçoivent régulièrement la visite d'un médecin qui a d’ailleurs exprimé ses inquiétudes par rapport à l'état de santé de certains d'entre eux. Venu s’enquérir de leur situation, Lamine Wagne de la Fédération internationale des cités menacées, après avoir suggéré aux grévistes de mettre sur terme à leur action en utilisant d’autres formes de lutte plus raisonnables, a profité de l’occasion pour inviter l’Etat à revoir sa position face à cette situation qui devient de plus en plus désolante. ‘C’est insoutenable de voir des gens sacrifier leur vie pour un droit légitime’, se lamente-t-il.
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