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Grèves de la faim et chiffons rouges secouent le front social

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Grèves de la faim et chiffons rouges secouent le front social

Dakar, 1-er mai (APS) - Divers acteurs sociaux et politiciens sénégalais se disent affectés, ces dernières années, par le recours à la souffrance extrême pour porter des revendications sociales, une tendance qui change les mœurs sénégalaises.

Après des péripéties faites de sacrifices en France dès 1793 et aux Etats-Unis en 1886, il a été consacré le 1-er mai 1890 la fête du travail ou fête des travailleurs. Elle est commémorée à cette date, en jour chômé dans la plupart des pays.

Loin de la fête, l’esprit du monde du travail — travailleurs, employeurs et pouvoirs publics — n’est pas encore à la fête. Pour les uns et les autres, ce jour est aussi agité que les autres jours de l’an, à cause de l’idéal de sacrifice qui l’a instauré.

A l’occasion de cette fête du travail, des centrales syndicales ont décidé, comme en 2009, de boycotter la traditionnelle cérémonie de remise des Cahiers de doléances au président de la République et aux gouverneurs qui le représentent en régions.

Les syndicalistes classiques continuent de se plaindre et de se battre contre l’empilement au fil des ans des revendications des travailleurs, pour cause de non application d’accords conclus avec le gouvernement ou les employeurs du secteur privé.

‘’L’union régionale n’a pas jugé utile de déposer encore un cahier de doléances du fait que les anciens n’ont pas fait l’objet d’une discussion tripartite entre l’autorité, les employeurs et les responsables syndicaux’’, se justifie un syndicaliste en région.

Au-delà du mémorial du jour de la lutte des travailleurs, les défilés à pied sont encore de mise pour combattre l’immobilisme, montrer du muscle et, à l’occasion, se mesurer à la centrale adverse — faute d’élections de représentativité syndicale au Sénégal.

Sur le front social sénégalais, ce décor ressemble cependant à une relique du passé époussetée tous les ans afin de perpétuer la mémoire du sacrifice des pionniers pour le progrès social.

Toutefois, le renouveau syndical ou revendicatif se fait violent, plus que jamais. Après avoir débordé sur leurs flancs les tenants des vieux syndicats, des nouveaux protestataires, qui bénéficient d’une complicité politco-médiatique, se font alerte.

L’opinion publique sénégalaise est assez souvent prise en otage par le drame exprimé bruyamment par divers travailleurs, en colère avec leurs employeurs ou des liquidateurs commis pour la mise à mort d’entreprises.

Assez fréquemment, la controverse surgit des coulisses des cabinets d’experts chargés de la liquidation des droits sociaux des travailleurs des entreprises en difficulté, s’accompagnant de drame pour le personnel et les familles.

Toutefois, la manière de porter les revendications sociales fait débat. Depuis plus d’une décennie, la grève de la faim était le recours (ultime) pour des travailleurs licenciés, qui s’estiment lésés dans leurs droits ou victimes de la puissance publique ou de ses protégés dans le secteur privé.

Déjà sous le gouvernement socialiste, le leader syndical Mademba Sock et ses camarades jadis licenciés de la SENELEC ont longtemps incarné ce renouveau dans la méthode de revendiquer dans l’espace syndical.

A leur tour, des diplômés de l’enseignement supérieur ou de la formation professionnelle ont récupéré l’arme des travailleurs pour forcer les portes de l’emploi salarié. Lesquelles étaient verrouillées par ‘’la non garantie de l’emploi pour les sortants’’.

Ces dernières années, plusieurs travailleurs en difficulté se sont fait entendre de la sorte dans les secteurs du nettoiement (d’ex-éboueurs de Dakar), de l’hôtellerie (Hôtel Indépendance), du transport (SOTRAC) et des pêches (AFRICAMER).

La peur (de la mort) au ventre, de nombreux groupes de citoyens sénégalais et d’éminentes personnalités nationales ont rué dans les brancards après avoir enchaîné les moments de compassion causée par la multiplication de la grève de la faim qui commence à se rendre banal.

Avec l’arme fatale, des grévistes se retrouvent malgré tout avec plus ou moins de bonheur. Au pire des cas, ils se font martyrs ou ils deviennent héros, le cas contraire. L’élan de compassion bouscule la hiérarchie et arrive à apaiser la tension, par le biais de ‘’promesses fermes’’.

Cette façon de faire traumatise plus d’un. Pour ne pas en arriver à ce point, une trouvaille japonaise est promue. Le port du brassard rouge qui est vite entré dans les mœurs sénégalaises. Il a été lancé par le président Abdoulaye Wade comme palliatif à la grève de la faim ou celle dite ‘’sauvage’’.

S’inspirant d’un modèle à succès au Japon, Me Wade avait importé le port du brassard pour annihiler les effets d’un arrêt prolongé du travail pour fait de grève. Cet acte est pris pour l’ennemi de la production ou des prestations sans en garantir le succès pour les grévistes.

Le brassard rouge (parfois un chiffon quelconque) est brandi bien au-delà du monde des syndicats de travailleurs et d’étudiants, au point d’irriter les autorités qui l’ont initié. La récurrence des mouvements sociaux et l’exubérance de la revendication sont passées par là.

A grand renfort de médias, les petites gens des villes, banlieues et campagnes ont repris cette arme de la démonstration colorée pour réclamer des services sociaux de base : eau, électricité, téléphone, bitume, salles de classe, cases de santé et affection de personnel de service.



SAB/SG


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