La grève déclenchée jeudi dernier à l’usine de fabrique de lait, Nestlé-Sénégal, n’a encore connu de dénouement. Et le personnel uni comme un seul homme a fini par paralyser tout le système de production. Il semble très déterminé à faire rétablir dans son droit un de leurs délégués syndicaux licencié par la Direction. Ainsi avec une valeur de production évaluée à 30 millions FCFA par jour, Nestlé-Sénégal aurait alors perdu pour les six jours qu’a duré le mouvement de grève quelque 180 millions de FCFA. Les travailleurs maintiennent leur décision de paralyser la production tant que la direction de l’usine ne reviendra pas sur sa mesure. En effet, des délégués renforcés par d’autres travailleurs font la sentinelle pour imposer à tous les travailleurs le respect du mot d’ordre. « Nous gardons le statu quo. Nous avions été hier (ndlr-lundi) à l’Inspection du travail qui a pris la décision après avoir entendu les différentes parties de rendre son verdict dans les quinze jours à venir. Mais nous maintenons notre position initiale qui consiste à tout paralyser. En attendant cette décision. Il y a une médiation des anciens travailleurs de l’usine et certaines bonnes volontés qui se concertent avec la direction. Nous, nous attendons », a déclaré Mor Ndiaye, délégué syndical à l’usine.
Auparavant, Mor Ndiaye avait expliqué les raisons de la grève en ces termes : « Ils veulent licencier un camarade délégué du personnel qui a fait 18 ans de carrière et autant d’années de syndicalisme. C’est quelqu’un qui a toujours tenu tête. Et nous avons constaté qu’il y a un chef d’équipe recruté sous contrat et dont la seule mission consiste à tout faire pour liquider notre camarade, Basile Preira », a souligné en substance notre interlocuteur. Par ailleurs, entre autres problèmes qui ont poussé le mouvement syndical à se radicaliser figure le rôle joué par le Directeur des Ressources humaines dans la vie de l’entreprise qui cherche à bafouer les acquis sociaux des travailleurs. « Ce directeur n’est que depuis quatre ans et il ne fait que bafouer nos acquis sociaux. Nous étions en négociation de plate-forme revendicative comportant neuf points. Par la suite, il y a eu un déficit de personnel qui les a fait instaurer un système de rotation sur les pauses que nous avions refusées. La direction a sauté sur l’occasion d’une demande d’explication que le chef d’équipe nommé tantôt avait envoyé à notre camarade pour attiser le feu en menaçant de le licencier pour réduire nos forces. Mais c’est sans compter avec la détermination de l’ensemble du personnel qui est soudé très solidairement. Pour briser le mouvement, la direction est passée à la vitesse supérieure. Une situation à laquelle nous nous opposons en paralysant tout le système de production. Ainsi, depuis six jours, rien ne fonctionne plus ici à Nestlé-Sénégal », a martelé Mor Ndiaye.
Pour sa part, le secrétaire général adjoint de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas), Mamadou Diop Castro, qui s’était rendu jeudi dernier sur les lieux pour engager une médiation entre les protagonistes, avait déclaré : « Je suis là au nom de mon secrétaire général empêché et au nom de tous les militants de notre mouvement syndical. Il s’agit pour nous de lutter contre l’arbitraire patronal au lendemain du lancement du manuel sur les droits des travailleurs sur la sécurité sociale. Nous pensons qu’il doit y avoir un nouveau style de gestion des relations sociales entre gouvernement, patronat et travailleurs. Il doit y avoir des concertations permanentes pour sauvegarder les droits des travailleurs et également pour défendre l’outil de travail. C’est pour cette raison que nous sommes contre la volonté du patronat de liquider le collège des délégués, de liquider le délégué du personnel, de l’ostracisme également qui les frappe dans les consultations et dans les discussions sur l’avenir de l’entreprise », a-t-il souligné avant de dire toute sa satisfaction sur la mobilisation des travailleurs qui ont fait bloc pour neutraliser la production. Toutefois, il est à noter qu’une tentative de recueillir la version de la Direction a été infructueuse. Monsieur Alvaro Labarka, Directeur général de l’usine a simplement refusé de se prononcer sur la situation.
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