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GROSSESSES PRECOCES, PROSTITUTION, VIOLENCE, PAUVRETE ET DROGUE : La face hideuse de la banlieue dakaroise

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GROSSESSES PRECOCES, PROSTITUTION, VIOLENCE, PAUVRETE ET DROGUE : La face hideuse de la banlieue dakaroise

Aujourd'hui, la banlieue souffre de plusieurs maux qui ont pour noms : les grossesses précoces, la prostitution, la pauvreté, la drogue et la violence. Cette constellation de dysfonctionnements rythment le quotidien des banlieusards qui finissent par s'y habituer. Beaucoup de jeunes filles ont abandonné l'école à cause de ces grossesses précoces. Les jeunes se livrent à une violence aveugle conduisant à des morts d'homme. Voyage dans un univers à multiples facettes.
 
Nous sommes en plein cœur de Thiaroye Guinaw-Rails, une zone qui porte toujours les traces des inondations. Dans cette localité, sévit une pauvreté sans précédent. La plupart des maisons sont abandonnées à cause des eaux de pluie. Dans les quartiers comme Thiaroye Guinaw-Rails, Gounass, Yeumbeul, les grossesses précoces atteignent des proportions insoupçonnées. Dans ce coin de la banlieue, beaucoup de jeunes filles âgées de 16 à 17 ans tombent enceintes. Une situation qui les oblige à abandonner très tôt l'école. Ces grossesses sont parfois causées par de jeunes garçons de la même tranche d'âge qui finissent par fuir leurs responsabilités.
Cependant, de nombreux cas de viols y sont notés. Un chef d'établissement que nous avons rencontré se laisse aller à des confidences : "Beaucoup de mes élèves sont tombées enceintes. Au niveau de Thiaroye Guinaw-Rails, sévit une pauvreté extrême. Les parents n'ont pas le temps d'éduquer leurs enfants. Ils passent tout leur temps à courrir derrière la dépense quotidienne", confie ce directeur d'une école élémentaire, située au cœur de Thiaroye Guinaw-Rails. Et notre interlocuteur de poursuivre : "Aujourd'hui, les jeunes filles sont précoces. Malheureusement, la sexualité est un sujet tabou dans les ménages. Tout récemment, nous avons noté une absence répétée d'une jeune fille du CM2. Elle tombe souvent malade. C'est après consultation que nous avons su qu'elle était enceinte de l'œuvre d'un jeune garçon habitant le même quartier. Nous ne pouvons plus garder cette fille à l'école.
C'était une jeunne fille très brillante en classe. Ces jeunes filles n'ont aucune notion des méthodes de prévention. Il est grand temps que l'on commence à introduire l'éducation sexuelle à l'école tout en privilégiant la sensibilisation à bas âge". Notre randonnée nous a menés jusqu'au quartier de Yeumbeul où les maisons construites en baraque, renseignent beaucoup sur le degré de précarité qui sévit dans la localité. Au niveau de la localité, notre guide nous met en rapport avec beaucoup de filles-mères qui ont accepté de nous parler à cœur ouvert. "C'est mon petit copain qui m'a mise dans cette situation.
Je lui disais de se munir de protection pour les rapports, mais il disait tout le temps qu'il n'y a aucun risque. Aujourd'hui, c'est une situation que je regrette car j'ai été renvoyée de l'école. En plus de cela, j'ai eu beaucoup de complications durant mon accouchement. Et j'ai même failli perdre mon bébé. Au debut, il refusait la paternité de mon enfant mais finalement, il a fini par accepter", note N. G. Aujourd'hui âgée de 16 ans, elle ne cache pas ses remords. Elle jure la main sur le cœur qu'on ne l'y prendra plus

Médina Gounass, temple de la précarité et du chanvre indien !

La seule évocation du quartier de Médina Gounass renvoie à une réalité faite de mal-vivre. Tous les esprits se souviennent des inondations qui ont miné cette localité pendant 19 années. Le spectacle est ahurissant. Des maisons abandonnées, complètement sous les eaux, des montagnes d'ordures, des rues étroites, forment le décor de cette localité de Gounass. Au cœur de cette localité, sévit une pauvreté réelle. Les chefs de famille peinent à nourrir leurs prégénitures. Un jeune que nous avons trouvé sur place, ne s'emballe pas de scrupules pour étaler sa détresse et celle de ses parents: "Aujourd'hui, nos parents ne parviennent plus à nourrir leur nombreuse famille.
Étranglés par la spirale inflationniste, ils font de multiples acrobaties pour remplir nos ventres. Ce qui n'est pas évident", lâche-t-il ajustant sa casquette en véritable "boy-town". La dureté de son quotidien semble ternir son visage. Le regard hagard, il scrute l'avenir avec anxiété. Soudain, le volubile jeune homme peine à sortir des mots de sa bouche. Des souvenirs s'enchevêtrent dans sa frêle tête. Il rumine sa peine. Ne pouvant plus se retenir, il déclare : "Nous sommes au fond du gouffre. Nous sommes des retraités avant d'avoir été des travailleurs". Se faisant, il fait le procès des gouvernants : "Ceux qui nous dirigent n'ont pas de solution à nos problèmes.
Même le Projet d'emploi pour les jeunes de la banlieue fait partie des nombreuses trouvailles de l'alternance pour engranger les voix de la banlueue". Dans cette localité où beaucoup de maisons sont abandonnées, les gens cohabitent avec les ordures et les mauvaises odeurs. "Nos maris n'ont pas assez de moyens pour nous nourrir. Mon propre mari exerce la profession de maçon. Il peut rester des mois sans avoir de travail. Je suis obligée de vendre du poisson en compagnie de ma co-épouse pour aider notre mari. Nous vendons jusqu'à 11 heures pour venir préparer le repas pour les enfants. Chez moi, nous parvenons difficilement à assurer les deux repas", explique Ndèye Mbaye. Dans la maison de Ndèye Mbaye, toutes les filles exercent le métier de domestiques pour venir en aide à leurs parents.
Aujourd'hui, beaucoup de familles dans la localité, vivent dans des conditions difficiles sans aucune assistance. "Sincèrement, je parviens difficilement à subvenir aux besoins de ma famille. Je suis à la retraite et j'ai deux épouses et des enfants en charge. Ce sont mes épouses qui m'aident dans la dépense quotidienne. Parfois, je me réveille sans un sou mais à midi, elles donnent à manger. Mes deux épouses sont très braves, elles tiennent toutes les deux un petit commerce. J'ai aussi trois filles qui travaillent comme bonnes. Aujourd'hui, nous gardons une partie du repas de midi que nous réchauffons le soir pour le dîner" renseigne un père de famille. Outre cette précarité avérée, il s'y développe un important réseau de drogue.

Refuge des trafiquants de drogue

Cette localité est le refuge des trafiquants de chanvres indien et des consommateurs de drogue qui passent tout leur temps à fumer dans les maisons abandonnées. Aux abords de la route, à quelques encablures du garage des cars rapides en partance pour Pikine et les Parcelles Assainies, ce sont les coxeurs qui se livrent au trafic de chanvre indien. Parfois la police procède à des arrestations. Malgré la pression execercée par les forces de l'ordre, les jeunes n'en ont cure. Des jeunes devant une maison abandonnée, en train de fumer des joints de chanvre indien en toute quiétude, attirent notre attention. Les gens qui passent ne constituent pas un souci pour eux. Ils s'adonnent à leur passion. S'en fout la police ! "À longueur de journée, les jeunes passent tout leur temps à fumer du chanvre indien.
Ce sont les maisons abandonnées qui leur servent de refuge. Maintenant, les trafiquants utilisent les jeunes talibés pour faire écouler leurs marchandises. Ces jeunes talibés ne savent pas les choses qu'on leur fait transporter", avance Pape Dièye. Dans cet univers, les jeunes n'ont que la drogue et le thé pour noyer la misère qui les secoue. "Ici, les jeunes n'ont aucune activité à faire. Ils passent tout leur temps à boire du thé et fumer du chanvre indien. Beaucoup de jeunes sont devenus fous à cause de la drogue qu'ils utilisent au quotidien", affirme un dirigeant d'une association sportive de la localité. Ces vendeurs de chanvre usent de la naïveté des talibés pour leur faire faire de sales boulots. "Parfois les adultes nous envoient remettre des colis à des gens. Ils nous demandent de mettre les colis dans nos pots. En retour, ils nous donnent de l'argent et de la nourriture.


Ce sont des gens gentils qui nous offrent le petit déjeûner tous les jours. C'est la vendeuse de petit dejeûner qui nous a dit de ne plus accepter de transporter ces colis qui contiennent du Yamba. Un jour, un de nos amis a été pris par de grandes personnes qui lui ont dit de leur montrer la personne qui l'envoie. Depuis ce jour, nous avons déserté les lieux car la dame est venue dire tout celà à notre marabout qui nous a formellement interdit de voir ces gars-là", témoigne un talibé. Cette affirmation du talibé est corroborée par les ptopos d'une gargotière : "Ici, tout le monde vient pour acheter du petit dejeûner. Parmi mes clients figurent beaucoup de coxeurs. Ces coxeurs se livrent au trafic de chanvre indien. Beaucoup d'entre eux se confiaient en moi. À chaque fois, je leur conseille de cesser ces activités pour trouver un permis de conduire pour devenir des conducteurs. Beaucoup d'entre eux sont aujourd'hui en prison.
Concernant les talibés, je suis personnellement partie voir leur marabout pour les sauver car ils ne savent pas ce qu'ils transportent", souligne la vendeuse. Aujourd'hui dans la localité, les points de vente de "Fondé" (bouillie de mil) et de "Thièré" (couscous), poussent comme des champignons. Le soir, les habitants du quartier se ruent sur "mère fondé" ou "mère thièré" pour acheter de quoi se mettre sous la dent en guise de dîner. Tous ces facteurs montrent comment la crise est en train de gagner du terrain en banlieue. Parfois, ils se ruent vers les "tangana" qui sont en nombre impressionnant au niveau de la localité. Ce qui est frappant dans cette zone, c'est le fait que malgré la pauvreté, les gens essaient tant bien que mal de vivre heureux et dans la dignité.

"Marché boubess", zone de violence et de prostitution !

Dans le quartier de "marché boubess", il ne se passe pas un seul jour sans que l'on ne signale pas un cas d'agression, une bataille rangée. C'est une localité où la prostitution a atteint des proportions insoupçonnées. Ici au niveau du quartier de "marché boubess", la plupart des jeunes sont au chômage et passent tout leur temps à boire du thé. Sous l'ombre d'un arbre, un groupe de jeunes tranquillement asssis autour d'une théière, sirotent tranquillement leur tasse de thé. Ici les discussions tournent autour des combats de lutte. Presque tous ces jeunes, ont une cigarrette à la bouche. La vulgarité des propos tenus de part et d'autre, renseigne sur l'etat d'esprit qui prévaut. "Comme vous le voyez, nous sommes sans emploi. Le matin, nous faisons du thé sous l'arbre que nous surnommons keurgui. Le soir, à 18 heures, nous partons à la plage pour les entraînements. Nous voulons tous devenir des lutteurs. Il y a beaucoup d'agressions au niveau du quartier mais nous ne sommes pour rien dans ces histoires", souligne Badou, le meneur du groupe.
La violence est présente parce que les parties de baby-foot se terminent parfois par des batailles rangées qui peuvent conduire à mort d'homme. "Ici, les jeunes n'ont rien à faire. Parfois, ils se livrent à des parties de baby-foot qui se terminent par des batailles rangées. La fois passée, un jeune a été poignardé par un autre. Ils se livraient à une partie de baby-foot. Ils jouent jusqu'à tard de la nuit", avance Siré Ly. La prostitution a atteint une proportion insoupçonnée car beaucoup de jeunes filles évoluent dans la clandestinité.
"Au niveau du quartier, certaines filles se prostituent dans la clandestinité. Ce sont ces mêmes filles qui payent les factures d'électricité et d'eau chez elles. Elles assurent même la dépense quotidienne à la maison. Parmi mes copines, nombreuses sont celles qui se livrer à la prostitution. Et pourtant, les parents préfèrent fermer les yeux comme de si rien n'était", avance une jeune fille qui habite le quartier. Malgré le forum tenu dans la banlieue en vue de trouver des emplois pour les jeunes, ces maux continuent toujours de sévir dans la localité. 



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